Brésil: des gays et des Noirs pour Bolsonaro malgré ses dérapages

Brésil: des gays et des Noirs pour Bolsonaro malgré ses dérapages
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A contre-courant du mouvement qui s'est dressé contre Jair Bolsonaro, des homosexuels de droite et des femmes noires espèrent que l'ex-capitaine de l'armée sera élu président et affirment qu'il n'est ni misogyne, ni homophobe.

Le grand favori de la présidentielle s'est illustré par des propos violents contre sa communauté, mais ce n'est pas un problème pour David Trabuco, maquilleur gay qui va voter pour le candidat d'extrême droite dimanche au 2e tour.

"Je ne perçois pas chez Bolsonaro toute cette méchanceté qu'on lui prête. Je crois que les gens ne sont pas habitués à voir une personne à poigne comme lui, quelqu'un de fort et décidé", affirme le jeune homme de 26 ans.

Ses amis ont beau l'avertir que les violences homophobes, déjà très fréquentes au Brésil, pourraient augmenter encore en cas d'élection de Jair Bolsonaro, David Trabuco se dit plus préoccupé par l'insécurité en général.

"Ce qui me fait le plus peur, c'est de ne pas pouvoir sortir dans la rue avec mon portable à la main", explique-t-il.

C'est pourquoi il se dit séduit par la méthode forte prônée par le candidat d'extrême droite, qui promet de libéraliser le port d'arme pour que les "gens bien" puissent se défendre ou se faire justice eux-mêmes.

"Je ne m'inquiète pas de savoir si Bolsonaro accepte ou non mon orientation sexuelle. Ce qui me préoccupe, c'est aussi la santé et l'éducation", ajoute-t-il.

Il y a un an, David Trabuco a dû quitter Sao Paulo pour Brasilia quand sa mère adoptive a appris qu'il était homosexuel.

David s'est prostitué, a sombré dans la drogue mais a trouvé un sens à sa vie après avoir été accueilli par une de ces églises évangéliques du mouvement néo-pentecôtiste qui pour la plupart soutiennent ouvertement Jair Bolsonaro.

Depuis, il a coupé ses longs cheveux blonds et cessé de porter des vêtements féminins.

- Discours anticorruption -

Thiago Geraldo, chômeur de 29 ans, se présente pour sa part comme un "gay de droite". Il pense que seul un "gouvernement fort" pourra l'aider à retrouver un emploi en remettant le Brésil sur les rails.

Dimanche dernier, sur la célèbre plage de Copacabana à Rio de Janeiro, Thiago était aux côtés de milliers de militants pro-Bolsonaro, arborant un débardeur à l'effigie du candidat d'extrême droite.

Pour lui, la libéralisation du port d'armes peut résoudre les problèmes d'insécurité: "si une personne bien intentionnée est armée, elle pourra me protéger".

Mais ce qui le séduit le plus chez Jair Bolsonaro, c'est sa promesse de lutter de façon impitoyable contre la corruption.

Thiago s'identifie surtout avec la façon énergique dont le candidat d'extrême droite s'attaque à la gauche, notamment au Parti des Travailleurs (PT), formation de Fernando Haddad, l'adversaire de Bolsonaro au second tour.

Pourtant, il rappelle, non sans regret, avoir déjà voté pour le chef historique du PT, l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, en prison depuis avril pour corruption.

- "Marre d'être volés" -

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Priscila Santos fait elle aussi partie, en tant que femme noire, des catégories de Brésiliens stigmatisées par Jair Bolsonaro.

Mais elle partage avec Thiago cette haine contre le parti de gauche qui a gouverné le Brésil de 2003 à 2016.

Cette assistante administrative âgée de 30 ans ne se sent pas touchée par les déclarations racistes et misogynes qui ont émaillé le discours de Jair Bolsonaro.

"Ma situation en tant que femme noire est la même que celle de mon voisin blanc ou d'un gay: on en a marre d'être volés et de payer des impôts sans voir les résultats", affirme cette mère de trois enfants.

"Je n'ai jamais vu la moindre proposition de Bolsonaro qui menace mes droits", souligne-t-elle.

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Elle est également en phase avec la ligne dure de l'ex-capitaine en matière de lutte contre l'insécurité.

"Il faut faire peur aux voleurs pour qu'ils sachent qu'ils risquent d'être pris à leur propre jeu", déclare cette jeune femme qui s'est fait voler son téléphone portable trois fois depuis le début de l'année.

"Vont-ils continuer à voler tranquillement s'ils savent que les gens peuvent-être armés?", s'interroge-t-elle.

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