Après Idleb, Moscou et Ankara mobilisés pour une solution durable en Syrie

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Par AFP
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Un récent accord négocié par la Russie et la Turquie sur le sort du bastion rebelle d'Idleb a permis de revitaliser les efforts diplomatiques en vue d'une solution durable du conflit syrien, mais l'espoir d'un règlement politique reste lointain.

Ces derniers jours, rencontres et visites diplomatiques se sont multipliées. Istanbul a ainsi accueilli samedi un sommet réunissant les dirigeants de Turquie, de Russie, de France et d'Allemagne.

La veille, Moscou avait reçu le chef d'une opposition syrienne affaiblie, Nasr Hariri, qui cherche à établir "le dialogue". Pendant ce temps, l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura a présenté au Conseil de sécurité, réuni à New York, les résultats d'un récent déplacement à Damas.

A l'origine de cette effervescence: l'accord dévoilé mi-septembre par la Russie et la Turquie, pour une "zone démilitarisée" aux abords d'Idleb, dans le nord-ouest syrien, qui a permis d'éviter une offensive du régime contre l'ultime grand bastion insurgé du pays.

L'initiative venait illustrer le rôle incontournable de Moscou, allié indéfectible de Damas, et d'Ankara, parrain traditionnel des rebelles, dans la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.

Les deux puissances, devenues les maîtres du jeu, ont éclipsé de fait les négociations infructueuses que l'ONU parraine depuis plusieurs années entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition.

"Il y a un lien direct entre l'accord d'Idleb et le processus politique", reconnaît Yehia al-Aridi, une figure de l'opposition en exil, notant la "frénésie diplomatique" des derniers jours. "L'accord d'Idleb a ouvert la voie".

- "Accord tacite" -

Dans un pays morcelé, où les puissances internationales et régionales soutiennent une multitude de forces, "l'option diplomatique semble inévitable", estime Julien Théron, spécialiste du conflit syrien.

"Personne ne peut réellement ni stabiliser ni reconstruire le pays sans le concours, ou au moins l'accord tacite, des autres", explique cet enseignant à Sciences Po Paris.

Car même si le pouvoir d'Assad contrôle près des deux-tiers du pays, de vastes pans du territoire lui échappent toujours.

Outre Idleb, où la Turquie soutient une nébuleuse de groupes rebelles, tout le nord-est, soit près de 30% du territoire syrien, est dominé par les Kurdes, une minorité soutenue par les Occidentaux, notamment les Etats-Unis, qui disposent dans le secteur de forces au sol.

Vendredi à Istanbul, les dirigeants de Turquie, de Russie, de France et d'Allemagne ont appelé à oeuvrer pour une "solution politique" en Syrie.

Ils ont aussi réclamé plus d'efforts pour mettre rapidement sur pied un comité constitutionnel sur lequel planche l'ONU, pour jeter les fondements d'une transition politique.

A ce jour, les rounds de négociation successifs, organisés sous l'égide des Nations unies, ont échoué à mettre fin à la guerre qui a fait plus de 360.000 morts, avec souvent comme principale pierre d'achoppement le sort du président Assad.

De fait, les efforts de l'ONU sont éclipsés par les diplomaties parallèles de la Russie, de la Turquie et de l'Iran --autre allié du régime--, qui supervisent le processus de paix d'Astana initié en janvier 2017.

Mais, ces jours-ci, toutes les tensions se cristallisent autour du comité constitutionnel, dont la formation piétine en raison des réserves exprimées par Damas.

L'idée de ce comité était apparue en janvier 2018, lors d'un "Congrès du dialogue national syrien" organisé par la Russie. M. de Mistura avait été chargé de concrétiser le projet.

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- "Gel du conflit" -

L'émissaire spécial de l'ONU, qui doit quitter ses fonctions fin novembre, oeuvre désormais à la composition du comité devant comprendre 150 personnes: 50 choisies par le régime, 50 par l'opposition et 50 par les Nations unies.

Or, le gouvernement syrien refuse que l'ONU joue un rôle "pour identifier ou choisir" les personnes qui composeraient cette troisième liste, a annoncé vendredi M. de Mistura devant le Conseil de sécurité.

De manière générale, Damas considère que le comité doit "discuter" de la constitution actuelle, tandis que l'opposition espère une nouvelle loi fondamentale.

Aron Lund, expert du think-tank The Century Foundation, minimise toutefois l'importance de ce débat, jugeant que la clé du casse-tête syrien est ailleurs.

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Dans une Syrie morcelée, il pronostique plutôt des "ententes provisoires sur la façon de gérer les différends, d'éviter la violence, de relancer le commerce".

Il explique que si les "divisions" imposées par les puissances étrangères se maintiennent, "on peut s'attendre à un gel du conflit" qui apportera une "stabilité" relative.

Sur le long terme, il relève néanmoins que le pouvoir d'Assad n'a jamais caché sa détermination à reconquérir toutes les régions qui lui échappent.

"Je ne pense pas qu'il y ait de grandes chances pour un règlement politique qui réintègre ces zones sans violence", dit M. Lund.

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