Avec Bolsonaro, le Brésil change de cap

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Par Euronews
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Un président d'extrême droite au Brésil : la jeune démocratie renoue avec ses vieux démons. Jair Bolsonaro triomphe avec plus de 55% des voix à l'issue d'une campagne très polarisée. Il devra reconstruire un pays profondément fracturé.

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C'est le nouveau visage du Brésil. Avec l'élection d'un premier président d'extrême droite, c'est un virage radical que s'apprête à prendre le pays.

Jair Bolsonaro prend les commandes d'un Brésil miné par la violence, le chômage et la corruption. Il promet de respecter la démocratie mais dans la rue, les Brésiliens sont divisés. Un mélange d'espoir et de peur pour les quelques 200 millions d'habitants.

"Il a toujours tenu un discours plutôt dangereux, mais nous espérons que ce n'était qu'une rhétorique, et que nos institutions sont suffisamment fortes, la société aussi. Au fond, je ne crois pas vraiment qu'il y ait une menace pour la démocratie" souligne ce Brésilien.

"Je pense qu'il était préférable d'élire Bolsonaro parce que 12 ans de Parti des travailleurs dans le pays , c'est assez" explique un autre électeur.

"J_e ne veux même pas parler. Je ne sais pas ce qui arrivera aux pauvres, ainsi qu'à la santé et à l'éducation, vous voyez ? Je ne sais même pas quoi dire_" dit une femme.

Gouverner "pour la majorité, pas pour la minorité"

La liste est longue des Brésiliens qui ont de quoi être inquiets de l'avenir après les déclarations agressives du candidat Bolsonaro qui avait dit vouloir gouverner "pour la majorité, pas pour la minorité".

Les plus optimistes pensent que cet admirateur de la dictature militaire (1964-85) abandonnera sa rhétorique au vitriol une fois au pouvoir. Mais d'autres le voient gouverner d'une manière très idéologique et faire prendre un virage vertigineux au Brésil.

Réactions internationales

Le nouveau président sera sous la surveillance de la communauté internationale. Il a déjà reçu lundi de l'Union européenne, qui lui a demandé de "consolider la démocratie", le signal qu'il serait sous le radar. A Paris, le président Emmanuel Macron lui a aussi rappelé la nécessité du "respect" des "principes démocratiques".

Mais à Rome, Matteo Salvini, patron de l'extrême droite italienne et homme fort du gouvernement, s'est félicité qu'"au Brésil aussi les citoyens ont chassé la gauche!". Steeve Bannon, ex-conseiller de la Maison blanche, s'est réjoui de l'arrivée au pouvoir d'un "leader populiste nationaliste".

Le président américain Donald Trump avait téléphoné à Bolsonaro, qui l'admire, dès dimanche soir pour le féliciter, ce qu'a fait lundi le président russe Vladimir Poutine dans un communiqué. Lundi, Trump a souhaité dans un tweet "un rapprochement dans les domaines commercial et militaire" avec Brasilia.

Comment mettre en œuvre sa politique ?

Bolsonaro aura-t-il les moyens de mettre en oeuvre sa politique? "Il sera face au Congrès le plus fragmenté de l'Histoire", relève Gaspard Estrada, specialiste de l'Amérique latine à Sciences Po.

Le futur président "sera tenté de prendre des mesures très dures, sans passer par le Parlement", où il aura beaucoup de mal à former une majorité, dit M. Estrada, qui "craint des dérapages dès le début de son mandat".

La Bourse de Sao Paulo a accueilli favorablement, mais sans euphorie, l'élection du candidat. fraîchement converti à l'ultra-libéralisme. Il entend s'attaquer au modèle économique du pays.

Jair Bolsonarao prendra ses fonctions le 1er janvier. sans aucune expérience du pouvoir.

Une fois installé, l'ancien capitaine nostalgique de la dictature aura aussi fort à faire pour recoller les morceaux d'un pays qui s'est fracturé profondément.

avec AFP

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