"Je veux que mon fils soit Américain", répètent les femmes enceintes de la caravane de migrants

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Elle marche lentement, parfois presqu'en titubant sur l’asphalte brûlant de cette route du sud du Mexique. Marisol Hernandez, enceinte, ressent des vertiges, mais reste déterminée à ce que son fils naisse aux États-Unis, ignorant les menaces du président américain Donald Trump de suspendre par décret le droit du sol qui stipule que tout enfant né sur le territoire américain a la nationalité américaine.

Cette migrante de 23 ans travaillait dans un magasin de vêtements au Honduras, lorsque des "membres d'un gang" ont abattu son mari, il y a deux mois, devant chez eux, alors qu'il revenait d'un chantier où il travaillait comme maçon. "Il avait refusé de pratiquer comme eux l'extorsion", se souvient-elle.

Le lendemain, elle a reçu à son tour des menaces et a décidé de rejoindre ceux voulant fuir la violence et la pauvreté de son pays pour gagner les Etats-Unis.

Au cours des deux dernières semaines, elle a dormi par terre, parfois dehors, et a marché environ 10 heures par jour, sans pouvoir monter sur un camion comme certains migrants ont pu le faire pour s'épargner des efforts.

Sur une route abrupte à Las Arenas, Marisol raconte qu'elle a laissé deux enfants avec sa grand-mère "parce que je peux à peine les nourrir" dit-elle.

Elle voudrait que son troisième fils "soit Américain" et rêve qu'il décroche un diplôme, "qu'il parle anglais, qu'il apprenne l'informatique".

Ainsi, il serait loin des "parasites", comme elle appelle les membres des gangs criminels qui recrutent sous la menace, parfois même des enfants.

Mais devant la difficulté du voyage, Marisol songe parfois à renoncer.

"Je crois que ni moi ni l'enfant ne supporterons" ce périple jusqu'aux États-Unis, confie-t-elle.

Vendredi dernier, lors d'un vote à main levée, la majorité des migrants ont décidé de se rendre à Mexico pour demander un permis de transiter au Mexique sur leur route vers les Etats-Unis.

Elle ne veut pas rester au Mexique, malgré l'offre du président mexicain Enrique Peña Nieto proposant aux migrants une couverture médicale, de l'éducation pour leurs enfants et du travail à condition qu'ils déposent des demandes d'asile dans les Etats du Chiapas et de Oaxaca, au sud du pays.

"Ce serait la même chose que de vivre au Honduras!" réagit-elle avant de rejoindre la caravane qui s'est arrêtée quelques instants à un poste de contrôle policier.

- Une quarantaine de femmes enceintes -

L'ONU estime qu'environ 7.000 migrants pour la plupart du Honduras se déplacent dans cette caravane mais les coordinateurs estiment qu'ils ne sont plus maintenant qu'environ 4.000.

Selon des médecins bénévoles, il y a une quarantaine de femmes enceintes dans la caravane, indique Marisol.

"Elles ne s'approchent pas, elles se méfient, elles pensent que nous allons les livrer aux autorités migratoires", relate Julio Mendoza, 33 ans, médecin bénévole à Huixtla.

À côté d'un garage, au bord de la route, Delmer Roxana Martinez, une Salvadorienne de 29 ans, attend son mari qu'elle a perdu sur le long trajet.

"Aidez-la, elle est enceinte! Il lui faut passer un coup de fil pour retrouver son mari", lance un migrant.

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Au Salvador, elle a laissé derrière elle une fille de 9 ans. Elle espère que l'enfant qu'elle porte naîtra aux États-Unis.

Stephanie Guadalupe Sanchez rêve aussi d'une autre vie pour son enfant à naître.

"Je veux un bon travail et un avenir pour mon fils", confie cette adolescente de 15 ans, enceinte de sept mois. "Si nous vivons là-bas aux États-Unis, j'aurais une vie meilleure" assure-t-elle, avant de rejoindre en marchant péniblement la place centrale où elle passera la nuit.

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