La pointe du Grouin, écrin de nature menacé par le tourisme de masse

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Par AFP
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Ligne de départ de la Route du Rhum, l'éperon rocheux de la pointe du Grouin offre un panorama exceptionnel sur la baie du Mont Saint-Michel. Face à l'afflux des touristes, ce site va être réaménagé pour préserver son environnement.

Dimanche, ils seront encore des dizaines de milliers à escalader ce promontoire de rochers gris, sur une mer aux reflets turquoises, qui marque le point de départ de la course.

Deuxième site naturel le plus visité de Bretagne, la pointe, située sur la commune de Cancale (Ille-et-Vilaine), attire 600.000 visiteurs chaque année. D'un côté, la vue s'attarde sur la lointaine silhouette du Mont Saint-Michel puis les côtes du Cotentin avec les plages de Jullouville et Granville (Manche).

De l'autre côté, la mer court à perte de vue avant une succession de pointes rocheuses jusqu'au Cap Fréhel (Côtes-d'Armor).

"C'est le genre de site sur lequel il faut sans arrêt faire des compromis entre la fréquentation touristique et la préservation du site", souligne Lætitia Heuzé, chargée d'animation à la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

La lande littorale accueille en effet de nombreux passereaux, comme la fauvette pitchou, un oiseau de 13 cm protégé. Et à quelques encablures de là, la réserve ornithologique de l'île des Landes est le refuge de centaines de cormorans huppés et de quelques dizaines de tadornes de Belon, des canards marins.

Or, la pointe est truffée d'infrastructures touristiques: un hôtel construit en 1936, une brasserie, un magasin de souvenirs et un camping datant des années 1970. Ainsi qu'un sémaphore qui accueille expositions culturelles et réservistes de la Marine nationale.

- "Tout bagnole" -

Plus d'un millier de véhicules fréquentent le site chaque jour, le long d'une petite route qui le parcourt presque de bout en bout.

"La pointe du Grouin pourrait être plus accueillante pour la faune", euphémise Sébastien Gervaise, de la LPO, tout en saluant les efforts pour préserver le site mis en œuvre par le conseil départemental.

Ce dernier a prévu d'investir 2 millions d'euros dans un projet de réaménagement, censé permettre "une réappropriation par la nature" de "ce joyau du paysage", selon les mots du conseiller départemental (PS) Marc Hervé, fils de l'ancien ministre Edmond Hervé.

L'essentiel du projet vise à déplacer un parking de quelques centaines de mètres pour redonner son caractère naturel à l'extrémité de la pointe. Les travaux pourraient débuter en 2020 pour une livraison prévue en 2022.

"La frustration, c'est de constater que les visiteurs font un simple aller-retour jusqu'à la pointe sans profiter des paysages alentours", explique Thibaut Gaborit, responsable du service patrimoine naturel au département.

Selon une étude de fréquentation, plus de 85% des visiteurs viennent en voiture et restent seulement 10 minutes sur place.

"On apprécie le recul du parking. Cela permet de gagner un peu d'espace naturel", remarque Gérard Prodhomme, membre de l'association de défense de l'environnement Bretagne Vivante. Mais M. Prodhomme regrette le manque persistant de "cheminements doux" pour rejoindre le site. "On reste dans le tout bagnole", remarque-t-il.

La voie verte censée relier le Mont Saint-Michel à Saint-Malo est ainsi toujours inachevée.

Et sur place, force est de constater que le projet de réaménagement ne fait pas l'unanimité. Ainsi Jean-Michel Simon, né en 1941 dans l'hôtel de la pointe du Grouin, est vent debout contre le département.

Propriétaire de la brasserie et d'une partie de la route, le septuagénaire ne veut pas abandonner son parking privatif, visé par le projet. "J'irai en justice, je ne me laisserai pas manger tout cru", lâche-t-il.

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Le conseil départemental, lui, n'exclut pas une expropriation si les discussions n'aboutissent pas.

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