Brésil: des défis pour le PT de Lula avant de diriger l'opposition

Lula et Fernando Haddad, le 27 septembre 2012 à Sao Paulo.
Lula et Fernando Haddad, le 27 septembre 2012 à Sao Paulo. Tous droits réservés Yasuyoshi CHIBA
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Le Parti des Travailleurs de l'ex-président Lula entend, après son revers à la présidentielle, prendre la tête de l'opposition à Jair Bolsonaro, mais il devra redorer son image sérieusement écornée et définir sa position vis-à-vis de son chef emprisonné.

Discrédité par les scandales de corruption qui ont éclaboussé presque toute la classe politique, le PT a été sèchement battu dans les urnes par un ancien militaire admirateur de la dictature (1964-1985), contre laquelle Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et sa formation ont forgé leur identité.

"Il y a eu un travail de discrédit du PT très fort à travers des fausses informations (...), le sentiment anti-PT s'est développé, comme l'anticommunisme à son époque", déclare à l'AFP l'ancien chef de la diplomatie de Lula, Celso Amorim.

Jair Bolsonaro ne s'est pas gêné pour exploiter à fond la colère de millions de Brésiliens contre la gauche qui a gouverné le pays de 2003 à 2016. Surfant sur la vague des dirigeants populistes et nationalistes qui se sont imposés lors de récents scrutins à travers la planète, il a battu dimanche Fernando Haddad, le dauphin de Lula (55% a 45%).

Mais les dérapages racistes, misogynes et homophobes du futur président, qui entrera en fonctions le 1er janvier, pourraient aussi fédérer des millions de Brésiliens indignés par ses prises de position ou issus des minorités et de la société civile.

"Je pense que cela représente une grande opportunité pour le PT et les autres partis qui voudront se placer du bon côté de la lutte, en défendant des causes historiquement associées aux droits fondamentaux et individuels", estime César Zucco, politologue de la fondation Getulio Vargas.

- Prendre ses distances avec Lula? -

Avec 56 députés, le PT est le premier groupe à la Chambre des députés. Il pourra également compter sur ses six sénateurs pour conduire l'opposition dans un des Parlement les plus fragmentés et conservateurs depuis le retour de la démocratie au Brésil en 1985.

"L'effet Bolsonaro" a permis à sa formation, le Parti social libéral (PSL), de devenir la deuxième force politique de la chambre basse avec 52 députés. Mais le futur chef d'Etat devra nouer des alliances pour tenter de gouverner.

Parmi ses chantiers prioritaires, le PT devra gérer le cas de Lula, qui purge depuis avril une peine de plus de 12 ans de prison pour corruption passive et blanchiment d'argent.

Prendre ses distances ou pas? Le PT, qui clame l'innocence de son leader, a dépensé beaucoup d'énergie et de crédibilité politique à essayer de faire libérer Lula ces derniers mois.

"Il n'y a pas une clameur généralisée pour demander la libération de Lula et si ça doit être sa principale bataille, le PT se tire une balle dans le pied", assure M. Zucco.

Ce parti, qui peut s'appuyer sur un socle de 30% de l'électorat, devra attirer d'autres formations pour réussir ce qu'il a raté à la présidentielle: un front commun contre Bolsonaro.

Pour l'heure cela semble mal parti: "Le PT a fait élire Bolsonaro", a accusé mercredi Ciro Gomes, candidat de centre-gauche arrivé troisième au premier tour de la présidentielle.

Selon Ricardo Musse, professeur de sociologie à l'université de Sao Paulo et fin connaisseur du PT, cette formation n'est pas en mesure de prendre ses distances avec Lula et de trouver de nouveaux soutiens.

"Le +lulisme+ est plus fort que le PT. Le parti a le soutien des travailleurs, des mouvements sociaux, mais Lula a celui de la masse désorganisée de la société, des plus pauvres", juge Ricardo Musse.

C'est précisément dans les régions pauvres du Nordeste que Haddad a obtenu 20,2 millions de voix sur 47.

"Le PT n'est pas un parti homogène (...). Il (Haddad) va devoir composer avec un courant qui voudra prendre ses distances avec Lula, un autre qui va conduire l'opposition politique -et ce sera la position de Haddad- et un troisième qui va porter la résistance sociale avec des actions dans la rue", résume M. Musse.

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