Et soudain, un Tupolev russe au-dessus du navire-amiral de l'Otan

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Dans un ronronnement sourd, le quadrimoteur frappé d'une étoile rouge effectue un passage en rase-motte, déchaînant les hurlements d'un US Marine. Geste de défiance? Fureter en quête d'informations? La Russie s'invite dans les grandes manoeuvres militaires de l'Otan.

L'équipage multinational de l'USS Mount Whitney, navire-amiral de l'exercice Trident Juncture 18, venait de prendre une photo de groupe sur le pont, au large de la Norvège, quand le Tupolev TU-142, construit du temps de l'Union soviétique, s'est présenté par tribord.

"C'est un avion de patrouille maritime à long rayon d'action", explique le Marine électrisé par cet épisode. "Ce n'est pas la première fois qu'on en voit un, mais c'est la première fois qu'on le voit à l'œil nu".

Depuis le début de Trident Juncture le 25 octobre en Norvège, le Kremlin a cherché à montrer son mécontentement car ces manoeuvres, les plus vastes que l'Alliance atlantique ait conduites depuis la fin de la Guerre froide, se tiennent dans ce qu'il considère comme son arrière-cour.

La Russie, qui y voit un exercice "antirusse", avait prévenu: il y aurait "une riposte". Avec la visite impromptue de ce TU-142, une longue carlingue grise ponctuée d'un canon à l'arrière, elle manifeste sa présence.

"Ils nous ont à l'œil, et on les a à l'œil", explique le colonel Garth Manger, un Royal Marine britannique chargé des questions opérationnelles à bord de l'USS Mount Whitney.

Lui aussi héritage de la Guerre froide, le navire est le troisième bâtiment le plus vieux de l'US Navy. En près de cinq décennies d'existence, il a bien sûr été considérablement modernisé. Dans le hall d'honneur, Donald Trump et Mike Pence sont venus garnir une longue série de portraits.

Doté aujourd'hui du nec plus ultra en matière d'équipements de télécommunications, l'USS Mount Whitney est le navire-amiral de Trident Juncture, ce qui le rend peut-être particulièrement intéressant aux yeux des Russes.

Selon le ministère russe de la Défense, ce sont en fait deux Tupolev TU-142 qui ont effectué "un vol planifié" de plus de 12 heures.

"Tous les vols des avions de l'aviation maritime de la Flotte russe sont effectués strictement en conformité avec les règles internationales de l'utilisation de l'espace aérien et ne violent jamais les frontières des autres États", a souligné le ministère russe de la Défense, cité samedi soir par l'agence RIA Novosti.

De la Suède à la Turquie en passant par les pays baltes, plusieurs États se sont cependant plaints de violation de leur espace aérien par la Russie ces dernières années.

- Où sont les missiles? -

Concernant Trident Juncture, Moscou avait déjà marqué le coup en disant projeter cette semaine des tests de missiles dans les eaux internationales de la mer de Norvège, dans une zone et à des dates chevauchant largement celles de l'exercice de l'Otan.

"Nous n'avons pas vu quoi que ce soit qui ressemble à un test de missile ou bien des navires ou aéronefs susceptibles d'attester la tenue de tels tests", confie Robert Aguilar, le capitaine de l'USS Mount Whitney.

Le message aux navigants (Notam), notification officielle des agences gouvernementales invitant le trafic aérien à éviter une zone pour raisons de sécurité, laissait entrevoir des tirs russes entre les 1er et 3 novembre.

Mais rien ne s'est produit, confortant dans leurs convictions les militaires occidentaux qui confiaient en privé voir en ces projets "une provocation".

A bord de l'USS Mount Whitney, les officiers supérieurs se veulent flegmatiques, reprenant fidèlement la ligne officielle adoptée par l'Otan et affirmant qu'ils n'ont en rien changé leurs plans initiaux.

"Nous sommes en mer, tout le monde a le droit d'être ici. Nous sommes dans des eaux internationales, dans un espace aérien international", assène l'amiral britannique Guy Robinson, numéro deux de la task force maritime.

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"Évidemment, on suit de près. Mais tout ce qu'on voit au cours de cet exercice, c'est qu'ils se comportent de manière professionnelle et sans poser de danger", précise-t-il.

A ses côtés, le rugueux général Jason Bohm, chef du corps expéditionnaire des Marines américains engagé dans les manoeuvres, affiche la même sérénité: "le principal problème qu'on ait eu pendant l'exercice, c'est la météo".

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