Madagascar: une présidentielle test pour consolider la démocratie

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Les Malgaches sont appelés aux urnes mercredi pour le premier tour de la présidentielle, où trois anciens chefs de l'Etat font figure de favori, un scrutin test pour cette île extrêmement pauvre coutumière des crises post-électorales.

Depuis l'indépendance de la Grande Ile en 1960, rares sont les élections qui n'ont provoqué "ni contestations radicales ni violences post-électorales", note l'Observateur malgache de la vie publique (Sefafi).

"L'enjeu de l'élection cette année est de consolider la paix" après les crises politico-militaires sanglantes de 2002 et 2009 et les tensions du printemps dernier autour de lois électorales contestées, explique à l'AFP Sahondra Rabenarivo, membre de cette association.

Mercredi, 36 candidats sont en lice pour la magistrature suprême. Parmi eux, figurent quatre anciens présidents, plusieurs ex-Premiers ministres, deux pasteurs ou encore un chanteur très populaire.

Une profusion de candidats qui témoigne, selon le Sefafi, de "la faiblesse des partis politiques" dans cette démocratie fragile.

Mais la bataille se joue avant tout entre trois hommes, tous anciens présidents - Marc Ravalomanana (2002-2009), Andry Rajoelina (2009-2014) et Hery Rajaonarimampianina (2014-septembre 2018) -, selon les observateurs et un sondage interdit de parution à Madagascar fin septembre.

M. Rajaonarimampianina semble cependant avoir perdu récemment du terrain, avec la défection de plusieurs députés et d'un de ses anciens conseillers.

Dans l'un des pays les plus pauvres au monde, la priorité des électeurs se résume à l'accès à l'eau et l'électricité, la lutte contre le chômage et la lutte contre l'insécurité.

"On attend le branchement à l'électricité et on veut de l'eau potable dans nos maisons", explique Marie Raholiharilala, qui casse toujours, à 60 ans, des pierres de granit dans une carrière sur les hauteurs d'Antananarivo.

"Le peuple malgache souffre au-delà de ses forces. En quarante-huit ans, j'ai vu ce pays s'enfoncer d'année en année", s'indigne le père Pedro, qui travaille aux côtés des plus démunis dans la capitale.

"La pauvreté n'est pas tombée du ciel, elle a été créée par les politiciens de ce pays" qui possède d'énormes "ressources minières", lance-t-il lors d'un entretien à l'AFP.

En campagne, les candidats à la présidentielle partagent tous la même vision à long terme: le développement de Madagascar. Mais ils "promettent monts et merveilles (...) sans dire comment", regrette Mme Rabenarivo.

- Distribution de machines à coudre -

Dans la capitale Antananarivo, sur les panneaux d'affichage électoraux en bois, rares sont les affiches des candidats outsiders.

Elles ont été déchirées et les petits candidats n'ont pas les moyens d'en recoller quasi quotidiennement, contrairement aux trois favoris.

Ces trois là écrasent la concurrence en matière de visibilité et de moyens déployés: des hélicoptères pour sillonner le pays aux infrastructures routières déplorables, des chaînes de télévision qui diffusent les spots de campagne de leurs candidats, des SMS envoyés aux électeurs...

La directrice de Transparency International Initiative Madagascar (TIMM), Ketakandriana Rafitoson, se dit "écoeurée" par les distributions de cadeaux pour acheter les électeurs: des tee-shirts et des casquettes bien sûr, mais aussi du carrelage, du parquet ou encore des machines à coudre.

- "Risques de dérapage" -

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La présidentielle doit aussi permettre de "régler, par la voie des urnes, les comptes de 2009" entre les deux frères ennemis Ravalomanana et Rajoelina, interdits de se présenter en 2013, explique Mme Rabenarivo.

Après des semaines de violences sanglantes en 2009, le président Ravalomanana avait cédé le pouvoir à l'armée qui l'avait confié au tout jeune Rajoelina, maire de la capitale.

Mais en début de cette année, les deux rivaux ont fait cause commune contre le régime Rajaonarimampianina, accusé de vouloir faire taire l'opposition.

Les manifestations ont fait deux morts et la fronde populaire qui a duré plusieurs semaines a débouché sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, mettant fin à l'instabilité.

Aujourd'hui, les principaux acteurs de cette crise se retrouvent en compétition pour la présidentielle.

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La campagne a été calme, mais "les risques de dérapages" existent, préviennent les observateurs.

"Il est très important que le résultat soit crédible (...) et que le troisième accepte" de ne pas être qualifié pour le second tour le 19 décembre, souligne Mme Rabenarivo.

Une vingtaine de candidats ont par ailleurs dénoncé de nombreuses irrégularités, selon eux, sur les listes électorales et appelé en vain à un report de l'élection. Les favoris se sont tus sur le sujet, mais pourraient l'exploiter en cas de défaite, préviennent les observateurs.

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