Fichage ethnique au PSG: "Cela n'aurait jamais dû se passer", dit Jean-Claude Blanc à l'AFP

Fichage ethnique au PSG: "Cela n'aurait jamais dû se passer", dit Jean-Claude Blanc à l'AFP
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

"Cela n'aurait jamais dû se passer au sein du PSG", a regretté jeudi dans un entretien à l'AFP le directeur général délégué du Paris SG Jean-Claude Blanc, après les révélations des Football Leaks sur un fichage ethnique de jeunes joueurs scrutés par le club entre 2013 et 2018.

Q: Quelle a été votre réaction concernant ce fichage au sein du PSG?

R: "C'est à l'encontre de l'image, des valeurs, de l'éthique que porte le club depuis longtemps. C'est pour ça que le sentiment qu'on a aujourd'hui, c'est un sentiment de trahison. Trahison du travail magnifique fait au quotidien par toutes les équipes du club, tous les salariés, trahison du travail fait par la fondation au quotidien, trahison parce qu'il y a un sujet sur lequel on pensait ne pas être attaquable, bien que nous soyons beaucoup attaqués en ce moment, s'il y a un sujet qui nous tient à cœur c'est bien celui des luttes contre toute forme de discrimination. (...) C'est pour cela que découvrir, il y a un mois (quand le PSG a été sollicité par les journalistes des Football Leaks, NDLR) que des fiches mentionnaient l'origine ethnique de joueurs observés par une petite cellule, cela nous a choqué et c'est absolument intolérable pour nous."

Q: Qu'en pense votre président, Nasser Al-Khelaifi?

R: "Je le tiens au courant depuis le début de l'enquête interne il y a un mois, sur ce sujet extrêmement grave, qui nous touche. Il est choqué également. (...) L'ADN du club est d'aller chercher les talents quelles que soient leur origine, leur religion, leur couleur de peau. Si vous allez voir la formation, les équipes du PSG, je crois qu'on est assez inattaquable là-dessus. Maintenant, qu'une initiative personnelle, au sein d'une cellule de recrutement en charge de trouver des talents en dehors de l'Ile-de-France, a intégré dans ses paramètres pour codifier les enfants un paramètre tout a fait inacceptable, c'est illégal. Nous avons immédiatement déclenché une enquête."

Q: Etes-vous déçu par cet ancien collaborateur, Marc Westerloppe, mis en cause dans ce fichage?

R: "Quand on découvre que des collaborateurs ont pu cautionner, réfléchir, industrialiser cette vision tordue liée à l'origine des joueurs, on a un sentiment d'échec dans le recrutement, dans le contrôle. L'alerte a fonctionné sur des propos déplacés, extrêmement ambigus tenus en réunion il y a trois ans par le responsable de cette cellule de recrutement (Marc Westerloppe, NDLR). Elle n'a pas fonctionné pour le fichage mentionnant de façon industrielle ces paramètres pour codifier les jeunes. On doit faire plus, nous ne sommes pas exempts de responsabilités parce que ça s'est passé au sein du club. Malgré nos convictions et ce qu'on pense faire de bien, c'est la démonstration qu'il faut faire plus en matière d'éducation, de rigueur dans le recrutement des collaborateurs, pour que cela ne se reproduise plus."

Q: Il avait été convoqué à un examen préalable à un licenciement à la suite de ces propos "ambigus" en mars 2014, n'aurait-il pas fallu se séparer de lui à ce moment?

R: "On peut vous accuser de beaucoup de choses mais vous avez le droit de vous défendre. Il s'est défendu, bien défendu, il a parlé de son passé, des jeunes qu'ils avaient recrutés dans les clubs où il était, il était choqué dans ses réactions et nous a confirmé par écrit qu'en aucun cas il n'avait tenu ces propos. Nous n'avions pas assez d'éléments sur ces faits-là pour aller jusqu'au licenciement de M. Westerloppe. Nous lui avons fait un rappel sur l'absence totale d'ambigüité qu'il devait avoir dans ses propos et j'ai tenu personnellement à organiser une réunion rapide avec les responsables de la formation pour rappeler les critères de recrutement, uniquement sur le talent, pour les jeunes au PSG."

Q: Est-il possible que la direction du club ait pu ignorer l'existence de ces fiches pendant si longtemps?

R: "Le PSG est une équipe de 700 salariés. Le recrutement pour les jeunes en Ile-de-France ou en dehors de l'Ile-de-France, c'est vraiment du ressort de la direction sportive et des équipes de la direction sportive (chapeautée à l'époque par Olivier Létang, depuis devenu président de Rennes, NDLR). Ce n'est pas le rôle de la direction générale d'aller contrôler ce que différentes cellules de recrutement intègrent dans leur fiche d'observation. C'est peut-être un défaut d'alerte, mais à aucun moment ces fiches, avec ces critères absolument insupportables n'ont été mises à jour. (...) En tout cas, cela n'aurait jamais dû se passer au sein du PSG."

Propos recueillis par Corentin DAUTREPPE.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Grand Chelem de Judo de Tbilissi : un podium dominé par des légendes du judo

Grand Chelem de Judo de Tbilissi : un podium dominé par la Géorgie

La Géorgie remporte l'or lors de la première journée du Grand Chelem de Judo à Tbilissi