Un centre hongkongais annule la venue d'un écrivain chinois dissident

Une librairie de Hong Kong, le 3 juin 2014
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Un centre artistique hongkongais a annulé la participation de l'écrivain chinois en exil Ma Jian à deux conférences dans le cadre d'un festival littéraire local, aggravant les craintes d'un contrôle toujours plus étroit de Pékin sur la ville.

En vertu du principe "Un pays, deux systèmes" qui avait présidé à sa rétrocession par la Grande-Bretagne en 1997, Hong Kong jouit sur le papier de droits, dont la liberté d'expression, inconnus dans le reste de la Chine.

Mais nombreux sont ceux qui perçoivent une emprise de plus en plus marquée du gouvernement central chinois sur les affaires hongkongaises, et un recul des libertés.

Ma Jian, qui vit à Londres, est l'auteur de livres sombres et satiriques sur la vie chinoise interdits en Chine continentale.

Il devait cette semaine venir faire la promotion de son dernier roman, dont le titre "China Dream" ironise sur l'ambition du président chinois Xi Jinping de restaurer la grandeur de son pays, et qui est décrit par sa maison d'édition britannique Penguin comme "une satire cinglante du totalitarisme".

- Parent pauvre -

L'écrivain a annoncé jeudi sur Twitter que sa participation à deux événements du 18e Salon littéraire international de Hong Kong (2 au 11 novembre) avait été annulée par le Centre artistique Tai Kwun, où se déroule la manifestation.

"On vient de me dire que mes deux événements prévus cette semaine au Salon littéraire international de Hong Kong ne peuvent plus avoir lieu à Tai Kwun, où se déroulent tous les autres événements. Un autre lieu devra être trouvé", a expliqué l'écrivain de 65 ans, auteur notamment de "Nouilles chinoises" et "Beijing Coma", traduits en français chez Flammarion.

Alors que la culture est de longue date le parent pauvre de l'exceptionnel essor hongkongais, l'exécutif local a affirmé l'ambition de transformer la ville en centre artistique de renommée mondiale.

L'inauguration cette année en plein coeur de Hong Kong du centre culturel de Tai Kwun - fruit de la rénovation pour plusieurs millions de dollars d'un complexe historique qui abritait pendant la colonisation britannique un commissariat et une prison - participe de cette volonté.

Dans un communiqué, le directeur du Centre culturel de Tai Kwun Timothy Calnin a dit que le centre avait déprogrammé Ma Jian parce qu'il ne voulait pas "devenir une plateforme servant à la promotion des intérêts politiques d'un individu".

Le Salon littéraire, qui compare sur son site internet Ma Jian à George Orwell, Jonathan Swift et Alexandre Soljenitsyne, a confirmé que le centre de Tai Kwun lui avait demandé de trouver un autre lieu.

- "Autocensure" -

"Nous ne spéculons pas sur les raisons de ce changement et nous nous concentrons sur notre mission qui est que tous nos auteurs puissent être entendus", a déclaré dans un communiqué la directrice du festival Phillipa Milne.

"Il y a une tendance claire selon laquelle ceux qui discutent de façon pacifique d'idées politiques sensibles, ou même offrent une plateforme pour débattre de ces sujets, sont de plus en plus sous pression", a déclaré Patrick Poon, spécialiste de la Chine au sein d'Amnesty International.

L'écrivain Jason Ng, président de l'association PEN Hong Kong a déploré dans la déprogrammation "un acte au moins d'autocensure", et une illustration du recul des libertés locales.

Il y a moins d'une semaine, une exposition très attendue des oeuvres du caricaturiste chinois Badiucao, avait été annulée, les organisateurs faisant état de "menaces des autorités chinoises".

Cet artiste né à Shanghai mais basé en Australie et dont l'identité réelle est inconnue s'est forgé une réputation à l'étranger pour ses oeuvres critiquant également le régime chinois.

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Les autorités hongkongaises ont par ailleurs été vivement critiquées en octobre pour avoir refusé de renouveler le visa de travail d'un journaliste britannique du Financial Times. Il avait animé en août la conférence du dirigeant du Parti national, minuscule formation indépendantiste, au Club des correspondants étrangers (FCC).

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