Route du Rhum: Francis Joyon, le grand maître du jeu

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Un sexagénaire à la barre d'un bateau vieillissant qui coiffe pour 7 minutes le plus brillant des marins nouvelle génération, comment est-ce possible ? Francis Joyon est tout simplement un phénomène de la mer, qui a su tirer son épingle du jeu au moment opportun sur un bateau qui fait corps avec lui.

A 62 ans, Joyon (Idec Sport) a remporté dimanche à sa 7e participation, la prestigieuse Route du Rhum après avoir chassé pendant 7 jours le jeune leader de 35 ans, François Gabart (Macif) pour le croquer dans les deux dernières heures et passer la ligne avec 7 minutes d'avance.

"Chapeau, Monsieur Joyon ! Francis Joyon, c'est un phénomène, un extra-terrestre. Il n'a quasiment pas d'équipe, il fait tout tranquille, +excusez moi de vous demander pardon+. Il est hors-normes, ce bonhomme", pose d'abord en préambule Michel Desjoyeaux, vainqueur lui aussi de la Route du Rhum mais en 2002.

"Il a imprimé le rythme qu'il se sentait capable de tenir. François (Gabart) s'est fait ramener. Francis (Joyon) ne s'est pas laissé faire", poursuit le double vainqueur du Vendée Globe.

Parti le 4 novembre de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) avec quatre rivaux dont trois étaient à bord de bateaux surpuissants capables de voler - ceux de Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Gabart - Joyon ne faisait clairement pas partie des favoris.

- Pour le plaisir -

Mais dès le départ, il s'est mis en mode +warrior+, comme le raconte à l'AFP Gwnénolé Gahinet, en charge du routage pour le grand bonhomme.

"Au début de la course, il a tenu un rythme hallucinant. Et après on s'est habitué ! On a pris l'habitude de le voir à 110% ! C'est vraiment quelqu'un qui a un mental exceptionnel, il sait que des choses improbables deviennent probables", souligne Gahinet.

Effectivement, personne n'aurait misé sur une victoire de Joyon tant Gabart tenait la barre. Mais le marin de 35 ans a subi des dommages importants sur son bateau en raison de la tempête des premiers jours et le vétéran Joyon l'a vite compris.

"Les soucis techniques de Macif ont été largement nécessaires pour être au coude-à-coude à l'arrivée mais il y a vraiment quelque chose d'assez puissant dans la façon dont Francis a abordé cette course. Il était dans un état d'esprit où il n'a plus rien à prouver, il fait ça pour le plaisir, pour la beauté du sport. Et cette envie d'accrocher enfin cette victoire joue beaucoup", relève Gahinet, qui met en avant aussi la "grande maturité du marin et du bateau".

Tout s'est joué sur les derniers mètres, quand Joyon et Gabart sont bord à bord dans une lutte au contact, un cas de figure que pratique très peu Joyon, lui plutôt homme de records.

"Le point d'orgue est là. C'est lui qui tire son épingle du jeu", dit Desjoyeaux.

- Opportuniste -

Toujours chasseur à 2 heures de l’arrivée Joyon joue la tactique et se place devant Gabart, dans son axe, pour aller sur la ligne d'arrivée. Le maxi-trimaran Macif s'est retrouvé bloqué par la position du bateau de Idec, et là, Joyon a poussé son rival exactement là où il le voulait, jusqu'au banc de sable pour devenir le maître de la course.

"Francis a bien tenu le coup, il a réussi à ne pas s'affoler, il a bien manié son bateau. Dans ce genre de bataille-là, il faut avoir les nerfs solides. C'est une part de chance mais une chance qu'on sait saisir. Francis est un opportuniste de bon aloi, quand les choses se sont bien présentées, il n'a pas laissé passer l'affaire", analyse Jean-Yves Bernot, routeur de Gabart après avoir été celui de Joyon durant de longues années.

Bernot qui connait bien les deux marins, leur reconnait à tous deux un style bien particulier: "Francis voit venir les choses, il est expérimenté, il ne s'affole jamais, même dans les pires situations, c'est remarquable, il a toujours beaucoup de recul. François, lui, attaque. Il est remarquable d'intelligence et de ténacité".

Bien qu'homme de records au palmarès impressionnant, Joyon a malgré tout surpris tout le monde sur cette Route du Rhum.

"Il m'a beaucoup impressionné. Il était tout le temps lucide, réactif, tout le temps prêt à manoeuvrer, quand nous on s'interrogeait sur le fait qu'il ait suffisamment d’énergie", confie Gahinet ravi du symbole de cette victoire.

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"Dans un monde de la course au large où les équipes sont de plus en plus sophistiquées, là c'est le sens marin qui a été le plus important. Comme quoi, on peut faire de belles choses avec peu de moyens".

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