Athlétisme: Alexandra Tavernier, galères de championne

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L'une des meilleures spécialistes mondiales du marteau obligée d'organiser une cagnotte en ligne pour s'entraîner près de chez elle: le cas d'Alexandra Tavernier illustre jusqu'à la caricature le parcours du combattant emprunté par certains sportifs de haut niveau français.

"On peut être vice-championne d'Europe et ne pas avoir de structures pour s'entraîner: bienvenue dans le monde de l'athlétisme." C'est par ce coup de gueule lancé juste après la médaille d'argent glanée à Berlin en août 2018 que la lanceuse de 24 ans avait souhaité tirer la sonnette d'alarme et faire découvrir au grand public l'envers du décor pas toujours rose du sport tricolore.

Les difficultés de l'athlète d'Annecy sont symptomatiques de la course d'obstacles menée par certains champions pour rester compétitifs, à l'heure où le mouvement sportif français se débat avec une baisse des crédits à six ans des JO de Paris-2024.

On aurait pu croire Alexandra Tavernier, 3e des Mondiaux en 2015, épargnée par les soucis matériels. Mais la détentrice du record de France (74,78 m) a dû batailler ferme cette année pour obtenir des conditions d'entraînement dignes de son statut. Juste avant le rendez-vous continental, la spécialiste du marteau, installée à Pluzunet (Côtes d'Armor), se voyait refuser l'accès au stade de Lannion, situé près de son domicile, pour des raisons de sécurité. Résultat: 200 km aller-retour par jour pour rejoindre Landerneau (Finistère) afin d'y trouver une aire de lancer. Une situation intenable sur la durée.

- Financement participatif -

Boostée par sa deuxième place aux "Europe", Tavernier a donc pris les choses en main et lancé un financement participatif sur internet pour la construction d'une cage de marteau à Ploumilliau (Côtes d'Armor) d'un coût minimum de 15.000 euros. Un pari réussi (plus de 8.000 euros récoltés depuis fin septembre) avec l'aide de l'équipementier Dima, et en toile de fond la volonté de "sensibiliser" sur les chausse-trappes rencontrés sur le chemin de la haute performance.

"Le but n'était pas de faire le procès de Lannion mais de montrer aux gens que ce n'est pas parce qu'on est un sportif de haut niveau que l'on a accès à tout et que l'on est des privilégiés, a expliqué Tavernier à l'AFP lors d'un mini-stage de pré-saison organisé à Marseille par la Fédération française d'athlétisme (FFA). On est dans une période très difficile. On a une réduction de budget, de personnel, tout cela crée des problèmes. La cagnotte a fait réagir énormément de monde, 180 personnes y ont investi. Les gens se rendent compte que si l'Etat ne nous aide pas, personne ne peut."

"Malheureusement, je ne suis pas née dans le bon pays pour les lancers. J'aurais été polonaise ou issue d'un autre pays de l'Est, j'aurais pu prendre ma retraite", a-t-elle ajouté, précisant toutefois avoir "assez d'argent et de contrats pour pouvoir vivre de (s)on sport."

- "Inquiète pour la jeune génération" -

Si du côté de la FFA, on regrette de ne pas été prévenu plus tôt des déboires de Tavernier, histoire de s'éviter une mauvaise publicité, la Française affirme l'avoir fait bien en amont, sans vouloir toutefois "remettre en cause la Fédération."

Comme un symbole, le combat de Tavernier intervient au moment où le sport tricolore s'inquiète d'une baisse de crédits dans le budget 2019. La lanceuse a d'ailleurs signé, avec 400 autres champions français, une lettre ouverte diffusée mi-octobre appelant à sauvegarder l'engagement de l'Etat.

"Si tous les sportifs se disent qu'on va dans le mur, c'est qu'il y a une bonne raison, a-t-elle déclaré. C'est pour les jeunes que je m'inquiète le plus. Ils veulent faire Paris-2024. Ils se donnent les moyens mais si on ne les aide pas, il n'y aura pas ce petit truc qui fera la différence. On va tuer et dégoûter les jeunes générations."

La FFA se targue elle de jouer les bons élèves après avoir lancé un programme de "professionnalisation", qui concerne 60 athlètes et leur encadrement (1 million d'euros en 2018), et un plan "Génération athlé 2024" qui a pour objectif d'accompagner des jeunes jusqu'à l'échéance olympique dans la capitale française. Une politique "citée en exemple" par le ministère des Sports et le CNOSF (Comité national olympique et sportif français), selon André Giraud, le président de la FFA.

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