Les journalistes dans le viseur des mafias

Les journalistes, cibles des mafias
Nombre de journalistes tués dans le monde en 2017 et 2018 par des groupes mafieux Tous droits réservés Alain BOMMENEL
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Par AFP
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Les journalistes sont souvent les cibles de la pieuvre mafieuse à travers le monde, ce qui les contraint notamment à se protéger et à collaborer entre eux, décrit l'ONG Reporters sans Frontières dans un rapport publié jeudi.

Sur les années 2017 et 2018, plus de 30 journalistes ont été tués par des organisations secrètes aux ramifications souvent internationales. "La pieuvre a étendu ses ramifications autour de la planète plus vite que toutes les multinationales réunies", souligne l'auteur du rapport, le journaliste d'investigation Frédéric Ploquin.

RSF dénombre également au moins cinq tentatives d’assassinats de journalistes dont les commanditaires et les exécutants étaient issus des rangs de la mafia, "sans compter les nombreuses agressions, menaces et destructions de médias". A leur domicile, à leur travail ou via les réseaux sociaux, des journalistes se voient exhortés à choisir entre "se taire ou mourir".

Au Mexique, au Brésil et à la frontière colombienne, au moins 10 journalistes ont été tués par la mafia depuis le début de l'année. En Inde, le journaliste Sandeep Sharma, qui enquêtait sur la "mafia du sable", est mort écrasé par un camion-benne.

L’Europe n’a pas été épargnée, avec entre autres les assassinats des journalistes d’investigation Daphne Caruana Galizia, tuée en 2017 dans l’explosion de sa voiture à Malte, et du jeune Jan Kuciak, tué avec sa compagne en février 2018 en Slovaquie. Tous deux s’intéressaient à la mafia italienne et à certaines de ses opérations financières impliquant businessmen et hommes politiques.

En Italie, pour la seule année 2017, 196 journalistes ont bénéficié de mesures de protection et une dizaine, à l’image de Roberto Saviano ou de Paolo Borrometi, vivent sous escorte policière permanente.

Dans les Pouilles (sud), la journaliste Marilù Mastrogiovanni, qui enquête sur l’organisation mafieuse Sacra Corona Unita, reçoit continuellement des menaces et vit sous protection. "Il n’y a pas assez de policiers pour combattre la mafia et encore moins pour défendre les journalistes", regrette Mme Mastrogiovanni.

En Namibie, John Grobler traque la main du crime organisé derrière l’extraction des ressources primaires. "N’oublions jamais que nous leur faisons plus peur qu’ils ne nous effraient", rappelle le journaliste indépendant.

Face aux menaces, certains journalistes mettent un terme à leurs enquêtes, d'autres choisissent de déménager, de s'exiler ou encore de mettre en commun leurs informations, notamment avec des collègues étrangers, dans le cadre de consortiums internationaux de journalistes d'investigation.

"Les journalistes qui enquêtent sur des sujets aussi dangereux que la mafia se retrouvent bien souvent seuls et démunis face aux représailles", souligne dans un communiqué Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. "Les Etats doivent tout mettre en oeuvre pour leur apporter le soutien et la protection adéquats, et non faire la sourde oreille aux demandes de protection".

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