Le président chinois au Panama, enjeu stratégique en Amérique Latine

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Le président chinois Xi Jinping a conclu lundi soir une visite officielle d'un peu moins de 24 heures au Panama, autrefois chasse gardée des États-Unis et aujourd'hui pièce essentielle dans la stratégie de Pékin pour étendre son influence en Amérique Latine.

À peine engrangée une trêve commerciale avec le président américain Donald Trump au G20 de Buenos Aires, M. Xi a effectué la première visite officielle d'un président chinois dans le pays centraméricain, dont le canal transocéanique voit passer 5% du commerce maritime mondial. Le président chinois a quitté Panama lundi soir pour le Portugal, dernière étape d'une tournée commencée le 27 novembre en Espagne.

Le président panaméen Juan Carlos Varela, qui a rompu l'année dernière avec Taïwan pour établir des relations diplomatiques avec Pékin, a assisté avec le chef de l'État chinois a la signature d'une vingtaine d'accords bilatéraux en matière diplomatique, commerciale, d'infrastructures, de tourisme, de coopération pour le développement, et de commerce maritime.

"En seulement un an et demi, les relations bilatérales ont connu un fort essor", s'est félicité le président Xi, pour qui le Panama et la Chine ont engagé une "coopération pour construire en commun la +Nouvelle route de la soie+".

L'initiative de la "Nouvelle route de la soie", une stratégie d'investissements chinois à l'étranger, étendue cette année à l'Amérique latine, est considérée par beaucoup d'analystes comme visant à l'expansion de l'influence de Pékin au niveau mondial.

"Nous soutenons cette initiative en reconnaissant la nécessité d'un monde plus connecté dans lequel notre pays (...) jouera un rôle de premier plan", a répondu le président panaméen.

"Le Panama unit deux océans et votre visite consolide notre pays comme à la fois le bras commercial et la porte d'entrée de la Chine en Amérique Latine", a-t-il dit à son invité.

Autorités et entreprises panaméennes se félicitent du souhait de la Chine de faire du Panama sa plateforme logistique pour développer son commerce, ses investissements et sa diplomatie en Amérique Latine.

Les atouts du Panama dans cette stratégie sont sa stabilité politique, sa position géographique, son canal, ses infrastructures portuaires et aéroportuaires, son économie dollarisée et un système financier en croissance annuelle de 5%, fort d'une centaine de banques.

Tout cela "est très attractif" pour "la Chine comme pour d'autres puissances", se félicite Severo Sousa, président du Conseil national de l'entreprise privée (Conep).

- "Pas mère Teresa"-

La Chine est d'ores et déjà le deuxième client du Canal de Panama, derrière les États-Unis. Elle est en outre le principal fournisseur de marchandises distribuées en Amérique Latine depuis la zone franche de Colon, au débouché du canal sur la côte atlantique.

La Chine négocie un traité de libre échange avec le Panama, qui espère bien engranger des millions de dollars d'investissements de Pékin en infrastructures. Déjà, des entreprises chinoises ont remporté de juteux marchés.

"Les Chinois ne sont pas mère Teresa, ni la Chine une société philantropique. C'est un pays qui a une stratégie et ses objectifs propres. Elle vient au Panama car c'est important pour son initiative de +Nouvelle route de la soie+", relève l'économiste Francisco Bustamante.

"Ce que veulent les Chinois est bien clair: ils veulent profiter de la position géographique (du Panama) pour leur expansion et leur développement dans la région", a répété à l'AFP l'économiste, qui a travaillé pour la Banque interaméricaine de développement (BID).

Selon des experts, le Panama, accusé d'être un paradis fiscal, pourrait de son côté trouver en Pékin un nouvel allié.

Xi Jinping était arrivé du sommet du G20 de Buenos Aires, à l'issue duquel il avait obtenu de son homologue américain une suspension de nouvelles taxes à l'importation. Cependant, cette trêve prendra fin dans 90 jours si aucun accord n'est trouvé entre Pékin et Washington.

Le président chinois est également reçu en grande pompe quelques semaines après que le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a mis en garde le Panama contre les visées de Pékin dans la région, considérée il y a encore peu comme l'arrière-cour des États-Unis.

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"Une forte présence de la Chine au Panama réaffirme devant le monde entier l'ascension de la Chine dans la hiérarchie globale, au détriment des États-Unis", juge Carlos Guevara Mann, professeur de relations internationales à l'Université de Floride au Panama.

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