"Gilets jaunes" : un mouvement social inédit?

"Gilets jaunes" : un mouvement social inédit?
Par Julien Pavy
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Qui sont réellement les "gilets jaunes" ? Éléments de réponse avec Manuel Cervera-Marzal, sociologue et docteur en sciences-politiques.

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Lancé par une pétition, puis relayé par les réseaux sociaux, le mouvement des "gilets jaunes" s'est organisé en dehors de toute structure syndicale et politique ce qui en fait un mouvement social inédit par sa forme. Qui sont réellement les "gilets jaunes" ? Éléments de réponse avec Manuel Cervera-Marzal, sociologue et docteur en sciences-politiques :

"Les premières informations qui nous parviennent grâce à des sociologues sur le terrain montrent qu'on est face à un mouvement dont la composition sociologique est extrêmement hétéroclite. Cela dit, on peut tout de même donner des informations générales qui sont que ce mouvement est plutôt de classe intermédiaire ou de classe populaire. Le deuxième élément important, c'est que ce sont en grande majorité des personnes qui vivent dans le rural ou le périurbain qui avaient déjà été touchées par la mesure récente restreignant la vitesse à 80km/h, et qui donc se retrouvent à nouveau touchées par la hausse à venir de la taxe sur le gazole. Le profil est donc plutôt en bas de la société française. Il y a bien sûr aussi des automobilistes, même si en fait, on se rend compte, avec deux trois semaines de recul maintenant, que s'agrègent au mouvement des personnes qui n'ont pas forcément de voitures, mais qui se sentent concernées par les revendications."

À l'origine, un cri de colère contre la hausse des taxes sur le carburant, le mouvement fédère désormais ceux qui dénoncent la précarité et le creusement des inégalités sociales :

"Il faut regarder jour par jour. Il y a une évolution du mouvement qui, au départ, était sur un ras le bol général contre l'impôt ce qui a fait dire à beaucoup de commentateurs qu'il s'agissait d'un mouvement poujadiste ou d'un mouvement marqué à droite. Mais, plus on regarde les plateformes de revendication, les messages qui sont portés par certains porte-parole autoproclamés, plus on voit que la revendication est passée d'un ras le bol fiscal contre l'impôt en général à une dénonciation de l'injustice fiscale, c'est à dire le fait qu'on allège les impôts sur les plus grandes fortunes et les entreprises, et, dans le même temps, on augmente la pression fiscale sur les classes moyennes et les classes populaires. Il me semble que c'est cela qui est majoritairement dénoncé aujourd'hui par les gilets jaunes."

Ras le bol fiscal, inégalités sociales... Des revendications exprimées également dans d'autres pays d'Europe. Le mouvement peut-il faire tâche d'huile ?

"On a vu des gilets jaunes ces derniers jours aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, en Allemagne. Ce qui est certain, c'est que ça circule beaucoup par les images. Il y a une focalisation en permanence des chaînes d'information en continu. Ces images-là on les retrouve ensuite sur les réseaux sociaux, on sait bien qu'il n'y a pas de frontières nationales, les images circulent rapidement, ça fait tâche d'huile, alors de là à embraser entièrement nos pays voisins c'est plus compliqué, mais oui, il y a des épiphénomènes et quelques mouvements de solidarité au-delà de l'hexagone."

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