Heather Nauert, une ascension fulgurante de Fox News à l'ONU

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La nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Heather Nauert, ex-journaliste de Fox News, la chaîne préférée de Donald Trump, n'avait aucune expérience politique avant d'être bombardée l'an dernier porte-parole de la diplomatie américaine, un poste où elle laisse un bilan mitigé.

Si son nom circulait depuis des mois pour remplacer, à l'avenir, la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders, son apparition parmi les candidats à ce poste stratégique de la politique étrangère américaine a été une surprise au même titre que la démission de l'ambassadrice sortante, Nikki Haley.

"La seule expérience de Nauert dans ce domaine jusqu'ici a été d'être la porte-parole de l'administration", a raillé sur Twitter Anjali Dayal, spécialiste de l'ONU à l'université de Fordham à New York, lorsque son nom a commencé à circuler. "On ne sait pas vraiment quelle sera sa capacité à tisser des relations indépendantes avec des responsables des Nations unies ou à gérer les relations aussi complexes qu'importantes entre les Etats-Unis et l'ONU", a-t-elle ajouté.

Mais Donald Trump ne tarit pas d'éloges. "Elle est excellente", "elle nous soutient depuis longtemps", disait-il début novembre.

Diplômée en journalisme de la Columbia University, cette élégante femme blonde de 48 ans a fait ses armes à la télévision sur la chaîne ABC et surtout à Fox News avant de quitter New York pour la capitale fédérale. Elle va donc retrouver la ville où siège l'ONU et où elle continuait de faire la navette depuis Washington pour rejoindre son mari et ses deux enfants.

Ses débuts au département d'Etat américain, un ministère tentaculaire dont dépendent 70.000 diplomates, fonctionnaires et contractuels, ont été difficiles. Arrivée en avril 2017 et rapidement considérée comme une protégée de la Maison Blanche, elle peine à s'imposer dans le premier cercle du secrétaire d'Etat de l'époque, Rex Tillerson.

- Quelques gaffes -

Ce dernier fuit les médias, rompt avec la tradition qui veut que les correspondants diplomatiques puissent tous l'accompagner dans ses déplacements à l'étranger, et complique donc la tâche d'une porte-parole elle-même tenue à l'écart des voyages et des réunions-clés.

D'autant que cette tâche n'est déjà pas facile: faire la promotion, avec un intérêt mondial décuplé par l'élection-surprise de Donald Trump, de la politique étrangère d'un président qui a proclamé vouloir mettre "l'Amérique d'abord", rompre avec plusieurs traités et organisations multilatérales et malmener nombre d'alliés de Washington.

Depuis le pupitre de la salle de presse, bien qu'à l'aise face aux caméras, elle peine souvent à apporter des réponses de fond aux journalistes lors de briefings devenus plus rares qu'auparavant. "Difficile de faire ce travail correctement quand on n'est pas au courant des décisions", relevait récemment un diplomate américain, tandis que d'autres critiquaient en privé sa mauvaise maîtrise des dossiers.

Le limogeage de Rex Tillerson en mars et son remplacement par Mike Pompeo marquent un tournant pour Heather Nauert, que l'on disait au bord de la démission. Le nouveau chef de la diplomatie américaine l'associe davantage, l'embarque dans ses tournées et elle obtient, pendant quelques mois, un titre de sous-secrétaire d'Etat par intérim.

Malgré quelques gaffes, comme lorsqu'elle cite le Débarquement en Normandie pour chasser les nazis de France durant la Seconde Guerre mondiale comme exemple des "relations fortes" entre les Etats-Unis et l'Allemagne, l'ex-journaliste gagne en assurance et apprend à manier la langue de bois propre à sa fonction.

Cela suffira-t-il toutefois à faire face au feu roulant de questions des sénateurs démocrates lors de sa future audition de confirmation comme ambassadrice? Puis, si elle surmonte cet écueil, à discuter d'égale à égal avec les ambassadeurs de Chine et de Russie, alors qu'un climat de guerre froide semble s'être abattu sur le Conseil de sécurité?

Reste à savoir si Heather Nauert décrochera le rang de ministre et participera, comme Nikki Haley, aux réunions du cabinet Trump. Ces dernières semaines, Mike Pompeo et le conseiller présidentiel à la sécurité nationale John Bolton semblaient pousser en coulisses pour une personnalité à l'autonomie limitée pour garder la main.

"Elle sera là pour lire des discours qu'on lui aura préparé", grince un diplomate américain.

Et ce alors même que, d'après Donald Trump, Nikki Haley avait redonné du lustre à un poste devenu "beaucoup plus glamour".

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