Des dizaines de milliers de manifestants à Turin contre la liaison avec Lyon

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Par AFP
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Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Turin contre le projet de liaison ferroviaire avec Lyon, qui représente selon eux un "gaspillage d'argent public" alors que l'Italie a besoin d'argent pour les écoles ou le système de santé.

Les organisateurs ont fait état d'une "marée" de 70.000 personnes, "le plus grand rassemblement" de l'histoire du mouvement. Il n'a pas été possible d'obtenir une estimation des forces de l'ordre, qui n'en fournissent jamais en Italie.

Le cortège a défilé dans une ambiance bon enfant, mêlant retraités, jeunes et familles avec enfants et de grands drapeaux "No Tav" ("Non à la LGV - ligne à grande vitesse), avec un train barré d'une croix rouge, volaient au vent.

"Contre le gaspillage", "Oui à de petites infrastructures utiles, non à de grandes infrastructures inutiles", "Tav sponsorisé par l'Union industrielle - Mafia du ciment", "Non au Tav. Oui à la sauvegarde du territoire et de l'environnement. 30 ans de résistance" proclamaient les pancartes.

Le projet Lyon-Turin, dont l'élément central est un tunnel de 57,5 km devant être construit dans les Alpes italiennes et françaises, est contesté depuis ses débuts, en particulier par des associations de défense de l'environnement.

Mais le message essentiel porté par les manifestants samedi était la dénonciation du "gaspillage d'argent public" et la revendication d'une autre société.

Le coût du seul tunnel est estimé au bas mot à 8,6 milliards d'euros.

"Il y a des choses plus importantes sur lesquels investir comme les hôpitaux, les écoles, les routes", a déclaré à l'AFP Maurizio Alfero, 60 ans, en expliquant en expliquant avoir récemment obtenu un rendez-vous médical pour septembre 2019 dans l'hôpital de sa ville, faute de place avant.

"Il suffirait déjà d'utiliser la ligne (ferroviaire) existante, qui est sous-exploitée", a-t-il ajouté.

Domenico Larobina, un Turinois de 31 ans, préfèrerait lui qu'on "investisse dans des infrastructures pour un développement humain, afin d'améliorer la qualité de vie des gens, et non les profits".

"Ils ne pensent qu'à remplir leurs poches, nous voulons un avenir différent qui garantisse un vrai système sanitaire et la création de vrais postes de travail", a souligné pour sa part Dana Lauriola, une des leaders du Mouvement No Tav.

Le 10 novembre, entre 30.000 et 40.000 partisans du projet avaient donné de" la voix dans cette même ville de Turin, la première manifestation d'ampleur des pro-LGV. Le monde entrepreneurial était présent en masse, estimant cette infrastructure vitale, pour l'Italie, deuxième pays manufacturier d'Europe.

- Gouvernement divisé -

Le gouvernement italien est lui-même divisé sur la question: la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini soutient le projet, tandis que le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) y est hostile.

La maire de Turin, Chiara Appendino (M5S), n'a pas participé au rassemblement mais a réaffirmé samedi soir son opposition à ce projet qui représente selon elle "un modèle de développement du passé".

Rome a commandé une analyse coûts-bénéfices dont le gouvernement attend les résultats avant de se prononcer.

La ministre française des Transports, Elisabeth Borne, a réaffirmé fin novembre le soutien de la France au Lyon-Turin qui doit permettre "un transport de marchandises plus efficace et plus respectueux de l'environnement".

L'objectif est d'accélérer les liaisons passagers en mettant Turin à 2h de Lyon, contre plus de 4h actuellement, et de transférer le fret vers le rail, alors que les routes sont engorgées de camions.

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"Il faut qu'on soit conscient que (...) si on n'a pas de décision au début de l'année 2019, les travaux seront arrêtés", a déclaré Mme Borne.

Le chantier, sur lequel travaillent au total quelque 800 personnes, est déjà bien entamé.

Si le tunnel doit faire 57,5 km, l'ensemble des galeries le composant doivent s'étendre sur 162 km: "Pour le moment, nous avons creusé 25 km, soit 15%", a expliqué à l'AFP Piergiuseppe Gilli, directeur de la construction à la société franco-italienne Telt.

Pour défendre ce projet "important pour l'Europe dans son ensemble", la Commission européenne tente de manier en même temps la carotte et la bâton.

Bruxelles a ainsi décidé de porter sa participation aux grandes infrastructures européennes de 40% à 50% dans le prochain budget 2021-2027.

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Mais dans le même temps, elle n'exclut pas de demander à Rome de rembourser sa contribution de cette année si "l'argent attribué n'est pas raisonnablement dépensé dans le cadre de l'accord de subvention".

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