L'Ukraine se dote d'une Église indépendante de la tutelle religieuse russe

L'Ukraine se dote d'une Église indépendante de la tutelle religieuse russe
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

L'Ukraine s'est dotée samedi d'une Eglise orthodoxe indépendante de Moscou, décision historique et symbole supplémentaire du divorce entre les deux voisins après plusieurs années d'une crise sans précédent dans leurs relations.

Un concile d'ecclésiastiques orthodoxes réuni dans une cathédrale du XIe siècle à Kiev en présence du président pro-occidental Petro Porochenko a acté la création de cette nouvelle Eglise et élu son primat, mettant fin à 332 ans de tutelle religieuse russe sur l'Ukraine.

"Ce jour sacré entrera dans l'histoire comme celui de la création d'une Eglise autocéphale (indépendante, ndlr) unie en Ukraine. Jour de notre indépendance définitive de la Russie", a déclaré M. Porochenko devant plusieurs milliers de partisans réunis dès le matin devant la cathédrale malgré le froid hivernal.

"Gloire!", ont scandé les manifestants dont certains ont pleuré et se sont embrassés à cette annonce, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Le concile a rassemblé essentiellement deux formations orthodoxes dissidentes qui ont ainsi fusionné: le Patriarcat de Kiev, autoproclamé en 1992 et qui compte le plus grand nombre de fidèles selon les sondages, ainsi que la minuscule Église dite autocéphale.

La troisième branche, loyale au Patriarcat de Moscou, qui a perdu une partie de ses fidèles depuis le début de la crise avec la Russie en 2014 mais dispose toujours du plus grand nombre de paroisses en Ukraine, a rejeté le concile comme "illégal" et a interdit à son clergé d'y participer.

Deux de ses évêques (sur un total de plus de 80) et "plusieurs autres" de ses représentants de moins haut niveau ont cependant bravé cette interdiction, a indiqué à l'AFP une source proche de cette confession.

Les responsables ukrainiens esèrent que "la majorité" des fidèles de l'Eglise loyale à la Russie rejoindront à terme la nouvelle formation.

"Les portes de notre Eglise sont ouvertes à tous. Nous appelons tout le monde à s'unir et à rejoindre cette Eglise", a pour sa part invité le jeune chef de la nouvelle Eglise, la métropolite Iepifani, après son élection.

Ce jeune ecclésiastique de 39 ans, jusqu'alors peu connu du public, est considéré comme un proche du Patriarche de Kiev, Filaret, excommunié par Moscou avant d'être réhabilité en octobre par le Patriarcat de Constantinople, qui fait office de figure d'autorité dans le monde orthodoxe.

Elu lors d'un vote à deux tours, Mgr Iepifani doit encore recevoir le 6 janvier du Patriarcat de Constantinople un décret officiel confirmant le statut indépendant de son Eglise.

- Colère de Moscou -

L'Eglise orthodoxe russe a pour sa part assuré que la décision du concile "ne représente absolument rien", dénonçant sa tenue comme "non-canonique".

Ce "concile de réunification" visait à mettre en application la décision historique de Constantinople qui a donné l'autorisation en octobre à l'Ukraine de disposer de sa propre Église.

La décision de Constantinople a suscité l'ire de l'Église russe, qui a dénoncé un "schisme" et rompu ses liens avec Constantinople.

La création d'une Eglise indépendante constitue une nouvelle épisode d'un divorce politique, culturel et social entre Kiev et Moscou intervenant à la cinquième année d'une crise sans précédent entre ceux ex-républiques soviétiques.

Cette crise a commencé en 2014 avec l'arrivée au pouvoir à Kiev de nouvelles autorités pro-occidentales, suivie un mois plus tard par l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée, puis par l'éclatement d'un sanglant conflit dans l'est séparatiste prorusse du pays, qui a fait plus de 10.000 morts.

Fin novembre, la situation s'est encore dégradée d'un cran lorsque la Russie a intercepté manu militari trois navires de guerre ukrainiens au large de la Crimée, première confrontation militaire ouverte entre les deux voisins.

PUBLICITÉ

La branche fidèle à la Russie accuse Kiev de faire pression sur son clergé et ses fidèles pour les forcer à se rallier à la nouvelle formation, alors que la police a récemment perquisitionné plusieurs églises du Patriarcat de Moscou.

Les autorités ukrainiennes assurent pour leur part que chaque paroisse sera libre de choisir de rejoindre ou non la nouvelle Eglise.

"Je garantis que le pouvoir respectera le choix de ceux qui décideront de rester" fidèles au Patriarcat de Moscou et "protégera" ceux qui décideront de l'abandonner, a réitéré samedi M. Porochenko, qui a fait de l'indépendance religieuse de l'Ukraine l'un des éléments clé de sa campagne électorale pour la présidentielle du 31 mars prochain.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Pologne : Donald Tusk a rencontré son homologue ukrainien pour mettre fin au conflit céréalier

Poutine qualifie l’idée d’attaquer l’OTAN d’"absurde"

Un parti séparatiste d'extrême droite en tête des sondages électoraux en Belgique