En désaccord avec Trump, le chef du Pentagone claque la porte

En désaccord avec Trump, le chef du Pentagone claque la porte
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Le chef du Pentagone Jim Mattis a brutalement annoncé jeudi sa démission du gouvernement de Donald Trump, affichant son désaccord avec la nouvelle stratégie de la Maison Blanche marquée par le retrait des troupes de Syrie et la préparation d'un désengagement partiel d'Afghanistan.

La démission de Jim Mattis, homme respecté sur la scène internationale qui incarnait une forme de stabilité au sein d'une administration traversée de secousses, est un camouflet pour le tempétueux président des Etats-Unis, qui apparaît de plus en plus isolé.

Dans un courrier adressé au locataire de la Maison Blanche, cet ex-général des Marines de 68 ans, qui entretenait des relations difficiles avec M. Trump depuis plusieurs mois, insiste sur la nécessité pour les Etats-Unis de "traiter les alliés avec respect".

Ce faisant, il marque implicitement son désaccord avec un président qui a pris pour cible un à un au cours des derniers mois les dirigeants des principales puissances occidentales.

"Je pense que me retirer est la bonne chose à faire", ajoute-t-il dans ce courrier qui a fait l'effet d'un véritable coup de tonnerre à Washington.

- Retrait "important" d'Afghanistan -

Dans sa lettre, le ministre démissionnaire n'évoque pas directement le dossier syrien, si ce n'est pour citer la coalition internationale contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) comme exemple de l'utilité des alliances.

Mais il sait que son départ sera interprété comme la marque de son clair désaccord avec M. Trump, qui a annoncé mercredi le départ le plus rapide possible des quelque 2.000 soldats américains stationnés en Syrie.

D'autant que l'administration Trump prépare également un retrait "important" des troupes stationnées en Afghanistan a indiqué jeudi soir à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un responsable américain. Or, Jim Mattis avait plaidé et obtenu l'an dernier une augmentation des troupes.

Le Wall Street Journal et le New York Times évoquent le départ de la moitié des 14.000 militaires américains engagés sur le sol afghan dans ce conflit vieux de 17 ans lancé après les attentats du 11-Septembre 2001.

A l'unisson, des élus des deux bords politiques ont exprimé leur déception, voire leur inquiétude.

"C'est un jour très triste pour notre pays", a lancé Nancy Pelosi, cheffe des démocrates à la Chambre des représentants. En écho, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a déploré le départ de l'un des "rares symboles de force et de stabilité" au sein de l'équipe au pouvoir.

Dans un communiqué cinglant, le républicain Marco Rubio a jugé, à la lecture de la missive, que les Etats-Unis s'engageaient vers "une série de graves erreurs politiques" qui pourraient abîmer durablement leurs alliances.

Sur Twitter, Donald Trump n'a pas parlé de démission, indiquant simplement que Jim Mattis quitterait ses fonctions fin février et qu'il nommerait un successeur prochainement.

- Poutine se réjouit -

Martelant que les Etats-Unis n'avaient pas vocation à être le "gendarme du Moyen-Orient", Donald Trump a défendu jeudi avec force le retrait de Syrie, une décision prise contre l'avis de plusieurs membres de son administration.

Si des questions restent en suspens sur le devenir des frappes aériennes américaines contre l'EI, sur la politique de Washington vis-à-vis de l'Iran dans la région ou encore sur une décision qui laisse le champ libre à la Russie, le président républicain peut se targuer de tenir une vieille promesse.

"Il est temps que d'autres se battent enfin", a-t-il lancé sur Twitter, estimant que l'Amérique n'avait "RIEN" obtenu d'autre que la perte de vies précieuses et de milliers de milliards de dollars, et invitant "la Russie, l'Iran, la Syrie et beaucoup d'autres" à prendre le relais contre l'EI -- dont il avait clamé la veille la défaite.

PUBLICITÉ

Son homologue russe Vladimir Poutine, à la manoeuvre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad, a salué une décision "juste". "Donald a raison", "nous avons porté des coups sérieux à l'EI en Syrie", a-t-il lancé.

L'EI a vu son "califat" autoproclamé se réduire comme peau de chagrin face à de multiples offensives, après une montée en puissance fulgurante en 2014. Mais l'organisation conserve quelques réduits et reste redoutable en raison de sa capacité à mener des attentats meurtriers à travers le monde.

France, Royaume-Uni et Allemagne, alliés des Etats-Unis dans la lutte contre l'EI et cibles régulières de ses attaques, n'ont pas caché leur inquiétude après l'annonce du retrait américain, qui a provoqué une levée de boucliers dans la propre famille politique de Donald Trump.

- "De plus en plus seul" -

Pour la présidence française, cette "décision massue" démontre que le président américain est "de plus en plus seul sur la scène internationale et à prendre ses décisions".

PUBLICITÉ

"L'EI a reculé mais la menace n'est pas terminée", a résumé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, craignant que cela ne "nuise" à la lutte antijihadistes.

La Turquie et l'Iran, autres acteurs clés en Syrie, se sont aussi concertés jeudi sur l'impact de ce retrait lors d'une rencontre de leurs présidents Recep Tayyip Erdogan et Hassan Rohani à Ankara.

Conséquence directe de la décision du 45e président des Etats-Unis: les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), en première ligne contre l'EI, pourraient s'en détourner si le président Erdogan lance, comme il menace de le faire, une nouvelle offensive contre elle.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Ukraine : au moins un mort et 19 blessés à Kharkiv

L’info du jour | 28 mars - Matin

L'enquête sur l'effondrement du pont de Baltimore s'accélère