2018, année-clé pour la régulation des armes à feu aux Etats-Unis

Un stand d'armes Remington, le 10 avril 2015 à Nashville
Un stand d'armes Remington, le 10 avril 2015 à Nashville Tous droits réservés KAREN BLEIER
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Les partisans d'une plus grande régulation des armes à feu aux Etats-Unis l'assurent: l'année 2018 marque un tournant dans leur combat avec l'adoption de règles restrictives dans de nombreux Etats, à commencer par l'emblématique Floride.

Même si beaucoup reste à faire, ces militants se réjouissent aussi de l'élection en novembre de nombreux parlementaires ou gouverneurs favorables à leur cause.

"En 2018, nous avons renversé la vapeur", s'est félicitée Shannon Watts, fondatrice de l'organisation "Moms demand action", dans une tribune publiée par le Huffington Post.

Cette année, "nous avons vécu un mouvement tectonique", a renchéri l'organisation Giffords, fondée par une ancienne parlementaire rescapée d'une fusillade, en décomptant 67 nouvelles lois restrictives adoptées dans 27 Etats, républicains comme démocrates.

Certaines règles relèvent l'âge légal pour l'achat d'armes à feu, d'autres renforcent le contrôle des antécédents des acquéreurs. Ailleurs, elles permettent de confisquer les armes d'auteurs de violences conjugales ou de personnes signalées dangereuses.

Certains Etats ont bien voté des lois allant dans le sens contraire, en autorisant notamment le port d'armes dans les écoles ou les lieux de cultes (Dakota du Sud), mais "le lobby des armes a réussi à imposer moins de textes en 2018 que les années précédentes", estime le groupe Giffords.

Au niveau fédéral, en revanche, une seule mesure a été adoptée: l'administration a interdit début décembre les "bump stocks", des dispositifs qui permettent de tirer en rafale. Et l'administration n'entend pas toucher aux fusils d'assaut.

- "Gunshine" -

Aux Etats-Unis, le port d'armes est un droit garanti par la Constitution et 30% des adultes déclarent posséder au moins une arme à feu.

Ce deuxième amendement, qui trouve ses sources dans l'histoire conquérante des pionniers venus d'Europe, n'est pas contesté. Mais 57% des Américains réclament aujourd'hui des règles plus strictes pour minimiser le nombre de morts et de blessés par balles. Ils étaient 52% il y a un an.

Les armes à feu ont causé plus de 36.000 morts en 2018, toutes causes confondues. Et la tuerie dans un lycée de Parkland en Floride, qui a fait 17 morts le 14 février, a fait l'effet d'un électrochoc.

Un million et demi d'Américains sont alors descendus dans les rues pour demander un encadrement renforcé du port d'armes et le plaidoyer d'adolescents traumatisés a ému tout le pays.

Face à ces pressions, même la Floride, dont le surnom officiel "Sunshine State" est souvent déformé en "Gunshine State" --jeu de mot entre les rayons du Soleil et le brillant des armes-- en raison de sa souplesse en matière de vente d'armes, a entamé de timides réformes.

Le républicain Rick Scott, alors gouverneur, a signé en mars une loi relevant notamment à 21 ans l'âge légal pour acheter une arme à feu, et généralisant le délai de trois jours entre l'achat d'une arme et sa livraison.

Candidat avec succès au Sénat des Etats-Unis en novembre, il n'a pas été noté par le puissant lobby pro-armes, la National Riffle Association (NRA), qui lui avait lors de précédents scrutins décerné un A+.

- NRA dépassée -

Depuis des années, ce lobby déverse des millions de dollars lors des campagnes électorales pour assurer la victoire de ses candidats qui, une fois au Congrès, torpillent toute tentative de régulation.

Mais, autre fait notable pour cette année, les organisations militant pour un renforcement des règles ont dépensé davantage que la NRA.

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Le puissant lobby n'a dépensé que dix millions de dollars pour les élections de mi-mandat contre 27 millions en 2014, selon son site internet. A l'inverse, l'ancien maire de New York et milliardaire Michael Bloomberg a ouvert les cordons de sa bourse via son organisation "Everytown for gun safety".

Et cet investissement a payé: 83% des 66 candidats qu'il a soutenus ont gagné.

Parmi les victoires marquantes figure celle de Lucy McBath, dont le fils a été abattu en 2012 dans une station-service, et qui a remporté un siège à la Chambre des représentants face à une candidate républicaine notée A par la NRA.

Le 3 janvier, les nouveaux élus vont faire leur rentrée. Les démocrates qui ont repris le contrôle de la Chambre des représentants ont promis d'introduire dans les 100 premiers jours un projet de loi pour renforcer la vérification des antécédents des acheteurs.

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