Elections en RDC: l'enjeu de la transparence, l'ombre des violences

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La République démocratique du Congo va célébrer le jour de l'An dans l'attente des premiers résultats de l'élection présidentielle à un tour intervenue dimanche avec des questions sur leur transparence et des risques d'une contestation violente.

En cette Saint-Sylvestre, la tension monte, à la hauteur de l'enjeu historique du scrutin: la succession du président Joseph Kabila, premier dirigeant congolais à renoncer au pouvoir sous la pression de la Constitution depuis l'indépendance en 1960.

Trois prétendants se disputent la victoire, le dauphin et candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) doit officiellement publier d'ici à dimanche les résultats provisoires de ces élections, présidentielle, législatives et provinciales.

Martin Fayulu est "largement en tête", "les tendances sont sans appel", a déclaré son directeur de campagne, Pierre Lumbi, affirmant s'appuyer sur "plus d'un tiers des bulletins de vote dépouillés", sans autre précision.

L'entourage de M. Tshisekedi a distillé à la presse des résultats le plaçant en tête avec plus de 50% des voix dans une vingtaine de bureaux de vote à Kinshasa, sa place forte du Kasaï et dans le Sud-Kivu, bastion de son directeur de campagne, Vital Kamerhe.

- Garder son calme -

La coalition autour du candidat du pouvoir, Ramazani Shadary, s'est déclarée "sereine" et a invité "la population congolaise à garder son calme et à attendre les résultats provisoires".

C'est dans ce contexte qu'internet a été "suspendu" lundi à la mi-journée pour une "période indéterminée" sur "instruction du gouvernement", ont indiqué un fournisseur et un opérateur de téléphonie mobile.

Le camp de M. Fayulu a accusé l'"Agence nationale de renseignements" d'avoir coupé internet pour endiguer la diffusion d'une "vague" de procès-verbaux "qui confirment la victoire écrasante" de l'opposant.

"Par sécurité" face à de possibles violences post-électorales, la rentrée scolaires après les vacances de Noël a été repoussée du 7 au 21 janvier dans les écoles belges et françaises en RDC, selon un message de l'ambassade de France parvenu à l'AFP.

La Conférence des évêques (Cenco) a relevé dès lundi matin des anomalies dans le comptage des voix, sur la base d'un rapport partiel de ses 40.000 observateurs.

"3.626 (rapports) indiquent que le nombre des bulletins dans l'urne était égal aux données électroniques de la machine à voter", a déclaré le secrétaire général de la Cenco, citant "4.161 rapports sur le dépouillement".

Par défaut, cela signifie que ce n'était pas le cas dans 535 bureaux, soit 12,8% des rapports.

De Kinshasa à Goma, 2.000 km plus à l'est, de Kisangani à Lubumbashi, les premiers résultats étaient affichés dans chaque centre de vote où le comptage des voix s'est parfois poursuivi jusqu'au matin.

La participation ne dépassait pas 50% dans deux bureaux du centre Saint-Georges de Kinshasa et un bureau de vote de l'école Zanner à Goma, où l'opposant Fayulu arrivait largement en tête.

- Tensions au Kasaï -

"Il y a eu plusieurs cas" d'observateurs obligés de quitter les bureaux de vote dans les 26 provinces, a indiqué lundi un porte-parole de l'ONG Symocel, l'autre grande mission d'observation électorale congolaise avec celle des évêques.

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"Nous avons même eu des cas où nos observateurs ont été molestés et violentés, à Mbuji-Mayi" (Kasaï, centre), selon ce porte-parole, Luc Lutala.

A Mbuji Mayi, le parti historique d'opposition UDPS de Félix Tshisekedi a accusé le gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji d'avoir voulu remplir les urnes en faveur du camp du pouvoir.

"Je l'ai appelé et je l'ai prévenu que nous n'accepterons pas les résultats qu'il essaie de se faire fabriquer", a déclaré à l'AFP le président fédéral de l'UDPS, Denis Kalombo.

De son côté, le porte-parole du gouverneur, Vincent Ngoyi, accuse les militants de l'UDPS d'avoir tenté de s'emparer des machines à voter.

Le porte-parole de la Symocel a par ailleurs confirmé la mort de quatre personnes dans les opérations électorales au Sud-Kivu : "Il y a aussi des blessés".

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"Un agent électoral essayait de tricher, de faire voter les gens pour le compte du candidat au pouvoir, ce qui aurait déclenché une réaction du public. La police est intervenue. De là, il y a eu ce bilan là", a-t-il dit.

Privés dimanche d'élections, les habitants de Beni, dans l'est ont compté lundi les milliers de voix issues du scrutin symbolique qu'ils ont organisé pour protester contre leur mise à l'écart.

Les élections ont été annulées dans la bourgade du Nord-Kivu officiellement en raison d'Ebola et des tueries de civils attribués aux milices ADF.

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