Les opposants syriens en plein désarroi après huit ans de guerre

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Près de huit ans après le début d'une guerre dévastatrice en Syrie, les opposants au régime assistent impuissants au retour en force de leur ennemi Bachar al-Assad, après avoir été lâchés par leurs soutiens internationaux.

Après la répression brutale des manifestations pro-démocratie déclenchées en mars 2011 dans le sillage du Printemps arabe, des civils avaient pris les armes et des militaires avaient déserté l'armée en grand nombre pour combattre le régime Assad.

Soutenus au début de leur "révolution" par les Occidentaux, la Turquie et des pays arabes notamment, rebelles et opposants ont été abandonnés au fil des ans par leurs "parrains" qui ont vu leurs intérêts évoluer et diverger, selon les experts.

Face à la machine de guerre du pouvoir, aidé de ses alliés indéfectibles russe, iranien et le Hezbollah libanais, les rebelles ont subi multiples revers, perdant depuis 2015 quasiment tous leurs fiefs. Ils sont aujourd'hui acculés dans la province d'Idleb (nord-ouest), où ils sont dominés par une alliance jihadiste, et dans des zones de la province voisine d'Alep.

"Aujourd'hui, je suis à la recherche d'une patrie", lâche dépité Chadi Matar, un opposant syrien réfugié en Turquie depuis 2017.

"Je ne peux pas rentrer en Syrie tant que le régime est en place. Et la plupart des pays qui disaient soutenir le peuple ont fermé leurs frontières aux Syriens", confie à l'AFP l'opposant de 27 ans, qui avait participé aux manifestations de 2011.

- "Criminel victorieux" -

Au pouvoir depuis près de 50 ans, le clan Assad a gouverné la Syrie d'une poigne de fer. La révolte a laissé entrevoir l'espoir d'un changement. Mais le régime, accusé durant les années de guerre d'attaques chimiques meurtrières, de tortures et d'arrestations arbitraires, a réussi à se maintenir grâce surtout à l'appui russe.

Il contrôle désormais près des deux-tiers du territoire et semble sur la bonne voie pour briser son isolement diplomatique régional, avec un retour des ambassades à Damas des Emirats arabes unis et de Bahreïn, et des contacts avec la Ligue arabe.

"Les pays du Golfe voient désormais leurs intérêts avec le régime et non plus avec l'opposition", dit le militant Bilal Bayouch, originaire de la province d'Idleb.

Plus de 360.000 morts, des millions de Syriens poussés à la fuite et des destructions colossales; la guerre a laissé le pays, toujours morcelé, quasiment en ruines et le champ de reconstruction est titanesque.

Quant à l'opposition politique en exil, sa voix peine à se faire entendre. Plusieurs séries de négociations indirectes avec le régime sous l'égide de l'ONU n'ont jamais abouti.

"Pendant que le peuple syrien meurt de froid dans les camps de réfugiés inondés par les pluies, certains de nos frères arabes font la course pour une ouverture en direction du criminel", a écrit sur son compte Twitter le négociateur en chef de l'opposition, Nasr Hariri.

Au début du conflit, plusieurs pays du Golfe comme l'Arabie saoudite ont activement soutenu la rébellion, fournissant financements et armement, mais leur aide s'est réduite comme peau de chagrin.

"Oui, Bachar le criminel peut être victorieux. Il peut gagner face à une communauté internationale complice et face à l'ONU", a concédé M. Hariri. "Mais il ne pourra jamais être victorieux face à la volonté du peuple syrien libre", s'entête-t-il.

- "Révolution orpheline" -

Avec la politique de l'administration américaine de Donald Trump qui veut retirer ses soldats de Syrie, la Russie et l'Iran et, dans une moindre mesure, la Turquie qui appuie toujours certains groupes rebelles, ont désormais la main haute sur le dossier syrien.

"L'opposition militaire n'a d'autre choix que de suivre ce qui se décide à l'international, pour préserver ce qu'il lui reste" comme secteurs sous son contrôle, explique l'expert Nawar Oliver, du centre Omran basé en Turquie.

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"L'opposition politique et militaire traverse actuellement sa pire phase", résume-t-il.

Pour les experts, le régime pourrait à terme reprendre les territoires contrôlés par les kurdes après une nouvelle alliance avec cette minorité. Il ne restera que la province d'Idleb et des zones à Alep.

"La révolution a tenu bon pendant huit ans, face à de grandes puissances qui combattaient sur le terrain", dit en allusion à l'Iran et la Russie Naji Moustafa, porte-parole d'une coalition rebelle soutenue par Ankara, le Front national de libération (FNL), présente à Idleb et Alep.

Cet ex-capitaine dans l'armée âgé de 38 ans a fait défection en 2012 pour combattre le régime. Il se dit déterminé à poursuivre la lutte même s'il est conscient des réalités sur le terrain.

"C'est une révolution orpheline, elle a été abandonnée par le monde entier".

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