Le président du Guatemala se débarrasse d'une mission anticorruption de l'ONU trop curieuse

Le président du Guatemala Jimmy Morales, le 7 janvier 2019.
Le président du Guatemala Jimmy Morales, le 7 janvier 2019. Tous droits réservés NOÉ PÉREZ
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Par AFP
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Le président du Guatemala Jimmy Morales a fini par se débarrasser cette semaine de la mission anticorruption de l'ONU, qui a commencé à plier bagage mardi, accusée de s'intéresser de trop près aux comptes de sa campagne électorale.

En dépit des critiques internationales et des protestations sur le plan intérieur, la ministre guatémaltèque des Affaires étrangères Sandra Jovel a annoncé lundi à New York au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres que son pays mettait fin de manière unilatérale, "dans les 24 heures", à la mission de la Commission internationale contre la corruption et l'impunité au Guatemala (CICIG), accusée d'avoir outrepassé son mandat au détriment de la "souveraineté" nationale.

M. Guterres a protesté contre la décision du Guatemala, faisant valoir que la mission onusienne a été mise en place par un traité international datant de 2007.

Cependant, dès mardi, la mission a demandé à son personnel international "de quitter le pays jusqu'à nouvel ordre" pour des raisons de sécurité, a indiqué à la presse Matias Ponce, porte-parole de la CICIG.

L'ONU a confirmé sur Twitter la mise en oeuvre d'un plan d'urgence après la décision unilatérale du Guatemala de mettre fin au mandat de la Commission, qui devait se terminer le 3 septembre 2019.

Des images montrant des véhicules entrant dans le siège de la Commission dans la capitale, puis repartant avec du matériel et du mobilier de bureau ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Les milieux d'affaires guatémaltèques et les partis de droite ont apporté leur soutien au président Morales, jugeant eux aussi que la CICIG a outrepassé sa mission et que la décision d'y mettre fin est conforme à la Constitution du pays.

- "Rupture de l'ordre institutionnel" -

De leur côté, les organisations de défense des droits de l'homme, des populations indigènes et de l'Université ont demandé au gouvernement de revenir sur sa décision.

La femme politique maya Rigoberta Menchu, Prix Nobel de la paix 1992, a critiqué la décision "unilatérale" du président Morales, estimant qu'elle est "un signe de plus de la rupture progressive de l'ordre institutionnel et de l'Etat de droit". Elle a salué le travail de la CICIG contre la corruption et en vue de "renforcer le système judiciaire et la démocratie au Guatemala".

Le défenseur des droits Jordan Rodas a introduit un recours contre la décision devant la Cour constitutionnelle.

Quant à Erika Guevara-Rosas, la directrice d'Amnesty International pour le continent américain, elle a condamné ce "dernier coup porté à la lutte contre l'impunité, montrant l'absence inquiétante de volonté de parvenir à un système de justice indépendante qui garantisse les droits du peuple du Guatemala".

- Bras de fer -

Le bras de fer entre le président Morales et la mission onusienne se poursuit depuis un an et demi, après que la CICIG et le bureau du procureur eurent demandé à l'été 2017 la levée de l'immunité présidentielle pour enquêter sur les soupçons de financement électoral illicite pendant la campagne de 2015.

Les tensions entre le chef de l'Etat et la mission onusienne avaient en fait commencé dès 2016, lorsque le frère et le fils de Jimmy Morales avaient été accusés de fraude fiscale et de blanchiment d'argent.

Au cours d'une première sérieuse escarmouche, en août 2017, le dirigeant de droite a accusé le chef de la CICIG, l'ancien juge colombien Iván Velásquez, d'avoir outrepassé ses fonctions et a ordonné son expulsion. La mesure avait été bloquée par la Cour constitutionnelle, tout comme la décision similaire prise en septembre dernier... Mais, cette fois, le chef de la mission onusienne était en dehors du Guatemala et n'est pas revenu.

Le 18 décembre, ce pays a retiré l'immunité à 11 des enquêteurs de la mission et ordonné leur expulsion. Ils ont quitté le Guatemala, officiellement pour des vacances. L'un d'eux s'est présenté le 5 janvier à la frontière. Il est resté bloqué à l'aéroport jusqu'à ce que la Cour constitutionnelle décide le lendemain de l'autoriser à passer.

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