Bolsonaro arme les Brésiliens au nom de la "légitime défense"

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Par AFP
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Promesse de campagne tenue: pour contenter les "gens bien" qui l'ont élu, le président d'extrême droite du Brésil Jair Bolsonaro a assoupli mardi les règles de la détention d'armes à feu, au risque d'augmenter la violence dans l'un des pays les plus dangereux au monde.

"Pour assurer le droit à la légitime défense, moi, en tant que président, je vais utiliser cette arme", a déclaré le chef de l'Etat, désignant le stylo avec lequel il a signé un des décrets les plus attendus de son début de mandat.

Une source ministérielle a précisé à l'AFP que ce décret -- qui porte exclusivement sur la détention d'armes à domicile -- était immédiatement entré en vigueur.

Le président aura en revanche besoin de l'aval du Parlement s'il veut toucher au port d'arme. Mardi, il a rappelé qu'il avait fermement l'intention de le faire, avec l'appui de parlementaires du lobby pro-armes présents lors de la signature du décret.

"C'est avec une grande satisfaction que j'ai signé ce décret (...) pour que les gens bien puissent, dans un premier temps, être en paix chez eux", a-t-il affirmé.

Ce décret assouplit le "Statut du désarmement" de 2003, qui dressait de nombreuses barrières administratives à la détention d'armes.

Le président a expliqué mardi avoir pris cette décision en raison d'un référendum organisé par la gauche en 2005, par lequel près de 64% des Brésiliens avaient rejeté une loi qui prévoyait, entre autres, l'interdiction totale de la commercialisation d'armes au Brésil.

- Critères moins "subjectifs" -

Avec le nouveau décret, les candidats à la détention d'une arme à feu ne devront plus justifier d'un besoin "subjectif" de se défendre, en faisant par exemple état de menaces spécifiques.

"Le grand problème de la loi précédente était le fait de devoir prouver la nécessité (de la détention d'une arme), selon des critères à la limite du subjectif", a expliqué M. Bolsonaro.

Avec le nouveau décret, cette nécessité devient "effective" dans les Etats du Brésil où le taux d'homicide est supérieur à 10 pour 100.000 habitants, autant dire tout l'immense territoire brésilien.

"C'est exactement ça. Dans tout le pays, tout citoyen a le droit de faire une demande de détention d'armes", a confirmé le chef de gouvernement Onyx Lorenzoni à la chaîne Globonews.

Le taux d'homicide au Brésil est de 30,8 pour 100.000 habitants, trois fois supérieur à celui de 10 pour 100.000 considéré par l'ONU comme le seuil de violence endémique.

Chaque citoyen pourra détenir jusqu'à quatre armes, et bien plus encore dans le cas des multi-propriétaires terriens des zones rurales. Un geste de Jair Bolsonaro à l'égard de ses soutiens, souvent aux prises avec des révoltes de paysans sans terre ou des populations indigènes.

Certaines restrictions sont inchangées: il faut toujours être âgé de 25 ans au moins, avoir un casier judiciaire vierge, une occupation légale et avoir passé une évaluation psychologique et technique.

- Faire peur aux "bandits" -

Ex-capitaine de l'armée, Jair Bolsonaro, 63 ans, avait promis pendant sa campagne électorale de faciliter l'auto-défense des "gens bien". Dans tous ses meetings, il mimait un pistolet avec ses doigts, un geste reproduit par l'assistance, y compris les enfants.

"Plus la population est armée, moins il y a de violence. Pourquoi? Parce que, partout dans le monde, les bandits ont peur des gens armés", a assuré Onyx Lorenzoni.

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Loin de faire l'unanimité dans la population, cet argument est contesté par des ONG, ainsi que par des spécialistes de questions de sécurité.

"Tout le monde sait que plus d'armes en circulation signifie plus de morts et plus de violence. Et le nombre de victimes va probablement augmenter du côté des citoyens lambda qui n'ont pas l'habitude de manier des armes à feu", a expliqué à l'AFP Silva Ramos, du Centre de recherches sur la sécurité et la citoyenneté (Cesec).

"C'est très inquiétant, parce que le citoyen devient responsable de sa propre sécurité. C'est comme si Bolsonaro disait: 'achète ton arme, maintenant, sinon ne te plains pas auprès de moi si les homicides ont augmenté'", ajoute-t-elle.

Un sondage fin décembre de l'institut Datafolha montrait que 61% des Brésiliens étaient opposés à la détention d'armes par la population, contre 55% au moment de la précédente enquête de ce type, en octobre.

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