Abasourdie et affligée, la Pologne dit adieu au maire de Gdansk

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La Pologne dit adieu samedi au maire de Gdansk assassiné, tout en se demandant si le discours de haine très présent en politique a influencé son meurtrier, un criminel apparemment déséquilibré.

Dès jeudi après-midi, des dizaines de milliers de personnes sont allées au Centre européen de Solidarité (ECS) pour rendre un hommage ultime à Pawel Adamowicz, mort lundi à l'hôpital après avoir été poignardé en public la veille, au cours d'une fête pour la clôture d'une opération caritative.

Obligés de faire la queue pendant deux à trois heures, les gens défilaient en silence, émus, devant son cercueil, recouvert du drapeau rouge de Gdansk et bordé de fleurs blanches, placé dans le hall principal d'ECS.

Des milliers de personnes ont également signé les registres de condoléances disposés à la mairie et au Centre européen de Solidarité.

Très populaire à Gdansk, Pawel Adamowicz, 53 ans, dirigeait avec succès cette ancienne ville hanséatique depuis 20 ans. Lors des dernières élections municipales à l'automne 2018, il a obtenu le soutien d'environ 65% des habitants.

Pour de nombreux Polonais, le véritable responsable de sa mort reste non le criminel, apparemment déséquilibré qui l'a poignardé en l'accusant d'être indirectement responsable de son long séjour en prison, mais le discours de haine qui polarise la classe politique et la société polonaise.

"C'est la haine qui a tué Pawel, une haine folle, bien organisée, une haine dirigée contre un homme qui, avec des milliers d'habitants de Gdansk, construisait cette grande, libre et fière cité", a déclaré lors d'un discours au Parlement Grzegorz Schetyna, président de la Plate-forme civique (PO, opposition), parti dont M. Adamowicz avait été membre dans le passé.

Une vive hostilité permanente entre le parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) et l'opposition centriste emmenée par la PO a transformé au cours des dernières années le débat publique en Pologne en un échange d'accusations mutuelles, d'invectives, de menaces, trouvant son prolongement, encore plus large et plus cru, sur internet. La passivité de l'Etat face au discours de haine est aujourd'hui largement dénoncée par les médias.

Ceux-ci invoquent des ressemblances entre le crime de Gdansk et l'assassinat en 1922 par un nationaliste fanatique, dans climat de haine, de Gabriel Narutowcz, premier président de la République de Pologne.

- Au son des cloches -

Ce n'est qu'après la mort d'Adamowicz que la police a interpellé plusieurs internautes qui menaçaient de mort d'autres personnalités politiques, le plus souvent des libéraux.

Dans l'après-midi de vendredi, le cercueil de Pawel Adamowicz a pris le chemin de la basilique Notre-Dame, dans le centre historique de Gdansk, son dernier lieu de repos.

L'imposant cortège accompagnant le cercueil est passé, au son des cloches dans les églises et de fanfares, par plusieurs endroits importants pour Adamowicz, sa maison d'enfance, son école, son lycée, endroits où, jeune, il militait dans l'opposition démocratique anti-communiste.

Des dizaines de milliers de personnes, le visage grave, se sont massées tout au long du parcours.

La messe de funérailles doit commencer samedi à midi dans la Basilique Notre-Dame, le plus grand édifice religieux en brique en Europe, construit aux XIV-XVIes siècles.

Quelque 3.500 personnes, dont le président polonais Andrzej Duda, le Premier ministre Mateusz Morawiecki et l'ancien président polonais et prix Nobel de la Paix Lech Walesa, doivent participer aux cérémonies officielles organisées par la municipalité. Aucun discours, aucun accent politique n'est prévu.

Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, ami de longue date de M. Adamowicz, a pris part aux cérémonies dès vendredi soir, ainsi qu'une centaine de maires de villes polonaises et étrangères, dont Brême et Hambourg.

Des écrans géants ont été disposés autour de la basilique pour permettre à la foule de suivre la cérémonie. Une équipe de six psychologues doit aider sur place les participants les plus affectés.

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Dans tout le pays, un deuil national de 24 heures entre vendredi après-midi et samedi a été décrété par le président Duda, alors que dans plusieurs villes des commémorations sont prévues, avec la retransmission de cérémonies sur des écrans géants.

Les sapeurs-pompiers de Pologne ont été appelés a activer leurs sirènes samedi à midi, en signe d'hommage au maire assassiné.

La ville de Varsovie a déclaré Adamowicz citoyen d'honneur à titre posthume.

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