Dans la région grecque de Macédoine, l'accord avec Skopje ne passe pas

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"Comment est-ce qu'un autre pays peut être nommé Macédoine? C'est comme si quelqu'un s'accaparait notre âme, notre histoire, notre culture", s'insurge Eleni, une marchande de souvenirs sur le site archéologique de Vergina, dans le nord de la Grèce.

Le parlement grec s'apprête à se prononcer jeudi soir sur le nouveau nom de la Macédoine voisine, "La République de Macédoine du Nord". Mais cela passe mal en Macédoine grecque où l'on se réclame du royaume antique d'Alexandre le Grand.

"Nos politiques ont réussi à faire croire que la Macédoine n'est pas en Grèce", s'indigne encore Eleni, dont l'échoppe se tient à proximité de la nécropole des rois macédoniens où affluent des touristes venus de toute l'Europe.

Quand des clients demandent le drapeau de Macédoine, "je leur montre le drapeau grec, ils pensent que je fais erreur et me demandent le drapeau jaune et rouge" du pays voisin, s'agace-t-elle.

Les anciens rois de Macédoine, parmi lesquels Philippe II, le père d'Alexandre le Grand, ont été enterrés à Vergina.

L'accueil est plutôt froid face aux touristes venus de Skopje. "Puisqu'ils disent parler le macédonien, nous leur demandons de nous lire les inscriptions sur les tombes (en grec ancien)", confie avec ironie un employé du site.

Et "s'ils ont un guide avec eux, on envoie quelqu'un pour savoir ce qu'il leur dit sur les fouilles archéologiques", ajoute-t-il, soupçonneux.

Le changement de nom de la Macédoine figure dans l'accord gréco-macédonien du 17 juin, négocié sous les auspices des Nations unies.

Le parlement macédonien a déjà approuvé ce changement de nom et les députés grecs se prononcent à leur tour jeudi soir.

Cette affaire empoisonne les relations entre les deux pays depuis près de trente ans et a bloqué l'adhésion de Skopje à l'UE et à l'Otan, en raison du veto grec.

- "Continuer notre combat" -

Dans le village de Vergina, flottent de nombreux drapeaux grecs portant aussi le symbole du Royaume de Macédoine, le soleil de Vergina. Au mégaphone, un homme appelle les habitants à participer à un ultime rassemblement "pour la Macédoine".

"Même si l'accord est voté jeudi soir, nous allons continuer notre combat. Nous ne pouvons pas accepter que l'on usurpe le nom de Macédoine", déclare, en colère, Vaggelis Mavridis, un habitant de Vergina.

A Veroia, quelques kilomètres plus loin, un rassemblement contre l'accord gréco-macédonien de Prespes était organisé mardi. Mais sur les 66.000 habitants de la commune, seul un millier a manifesté, malgré la fermeture des écoles, des magasins et des banques pour permettre au plus grand nombre de participer. Des représentants de l’Église ainsi que des membres du parti néo-nazi Aube dorée étaient présents.

Dimanche, à Athènes, la manifestation devant le parlement a été ponctuée de heurts violents entre les forces de l'ordre et les manifestants. Le gouvernement a accusé l'extrême droite d'être à l'origine des incidents, le parti néonazi Aube dorée ayant appelé "tous les Grecs" à manifester.

"Nous ne sommes ni fascistes ni nationalistes", a lancé un pope orthodoxe du nord de la Grèce de la tribune à Veroia.

"En avant le peuple, le nationalisme", a scandé un groupe du parti néonazi Aube dorée à l'issue du discours.

"Il faut faire un référendum, la majorité des Grecs ne veulent pas cet accord", estime de son côté, Nikos Kalaïtzidis, un employé de 37 ans.

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Dans le nord de la Grèce, la plupart des manifestants disent craindre que l'accord n'"ouvre la voie à des tentatives irrédentistes de la part du pays voisin".

D'autres ont peur de l'ingérence des puissances étrangères: "Madame Merkel et Monsieur Trump nous ont mis la pression" pour signer cet accord, soutient Lazaros Kyrizoglou, maire d'une commune de la région de Thessalonique.

Jeudi après-midi, à Athènes, de nouveaux rassemblements sont prévus à l'appel du parti communiste et du "comité pour la grécité de la Macédoine".

D'après un sondage publié dimanche dans l'hebdomadaire Proto Thema, près de 70% des Grecs sont contre cet accord.

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