En quelques secondes tout chavire: la grande peur de Le Cléac'h sur la Route du Rhum

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Le danger, la peur, l'incompréhension, puis la délivrance: le navigateur Armel Le Cléac'h a vécu des émotions fortes lors du chavirage de son multicoque dernière génération Maxi Banque Populaire IX le 6 novembre dernier.

Silencieux depuis cet accident dans lequel le bateau de 32 m a été détruit, le navigateur a livré dans un entretien à l'AFP le récit du chavirage survenu au large des Açores dans du mauvais temps, deux jours après le départ de la Route du Rhum, course transatlantique en solitaire.

"Au petit matin (mardi), je suis 2e au classement. Les conditions sont un peu engagées, je suis un peu fatigué, je n'ai pas trop dormi, je sais qu'il va falloir tenir toute la journée, la mer va être forte. Fin de matinée, je suis dans mon cockpit, assis entre les winch, voilure réduite".

Et puis, soudain, le bateau penche. Il manque un flotteur.

"Là, en quelques secondes, le bateau s'arrête, gîte. En un dixième de seconde, je vois que le bateau est en train de se péter et se retrouver à la verticale, je me rends compte que le bateau est en train de chavirer".

Le Cléac'h se retrouve alors suspendu à un cordage.

"A ce moment-là, il ne faut pas lâcher, le mât a mis 2 minutes pour casser, le bateau dérive fortement avec le vent, si je lâche et que je tombe dans l'eau, je ne pourrais pas revenir sur le bateau. Ca finit par casser et là, je me prends tout sur la gueule", se souvient-il.

Le vainqueur du Vendée Globe 2017 est blessé aux côtes.

"Tu t'accroches là où tu peux, tu ne sais pas si tu vas être coincé, il y a énormément d'adrénaline".

"Je n'ai jamais vécu d'accident important, même en voiture, et oui, pendant un quart de seconde, tu te dis: +Je vais mourir+. Tu ne sais pas comment ça va se finir. C'est la panique, pendant quelques secondes. T'es pris dans une sorte de spirale, t'as de la flotte, des morceaux de carbone".

- Sauvé par des pêcheurs -

Le Cléac'h réussit à entrer dans la coque principale pour se mettre à l'abri et déclenche sa balise de détresse.

"J'avais très mal aux côtes, ça pouvait être une perforation du poumon, c'est là où il y a eu du stress".

"Il y avait de l'eau qui entrait mais le bateau ne coulait pas. Comme il y avait beaucoup de mer, les morceaux cassés venaient taper contre la coque. C'était assez violent. Dans ma tête j'étais prêt à évacuer très vite si une grosse vague venait déferler", se remémore-t-il.

Un bateau de pêche portugais a été dérouté. Commence alors une longue attente.

"De toute façon, t'as pas le choix", dit-il après un temps de réflexion. "Tu fais avec. J'ai essayé de dormir. J'avais des rations de survie, donc je mange, et je bois beaucoup. Tu te forces à faire ce qu'on t'a dit".

"Une fois que tu es dans le bateau, tu te dis: +Mais qu'est-ce qu'il s'est passé+? Tu revois rapidement les images, tu vois le bateau à l'envers, tu essaies de voir si t'as pas fait une connerie", raconte Le Cléac'h, dont le bateau avait déjà chaviré en avril alors qu'il se rendait à Nice pour prendre le départ d'une régate.

"Autant en avril, tu sais que tu as une part de responsabilité mais là tu te dis: +C'est pas possible, c'est fou, ce truc qui t'arrive, avec ce que t'as vécu déjà+. Pourquoi, pourquoi nous, pourquoi moi, pourquoi là alors qu'on n'a pas attaqué?"

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Dans la nuit de mardi, il monte pour la première fois de sa vie dans un radeau de survie et dans une manœuvre délicate, grimpe à bord du petit bateau portugais. "Là tu te dis: +ça y est, c'est bon je suis sauvé+".

Le Cléac'h passera deux jours et demi avec des pêcheurs d'espadon avant d'accoster à Vigo puis de rejoindre Lorient où toute son équipe l'attendait.

Plus de deux mois après l'accident, Le Cléac'h n'a pas fait de cauchemar. Et il a envie d'y retourner. Ce qui lui reste en mémoire? "L'incompréhension. Dans le bateau, me retrouver là... C'est ça qui était fort".

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