Syrie: après avoir rallié l'EI à 15 ans, elle veut rentrer en Allemagne

Syrie: après avoir rallié l'EI à 15 ans, elle veut rentrer en Allemagne
Par AFP
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Léonora avait 15 ans quand elle a quitté l'Allemagne pour la Syrie, où elle a rencontré son mari, jihadiste du groupe Etat islamique (EI). Fuyant aujourd'hui l'ultime bastion de l'EI dans l'est syrien, elle veut rentrer dans son pays avec ses enfants.

"J'étais un peu naïve. Ça faisait seulement deux mois que je m'étais convertie à l'Islam", raconte la jeune fille à la peau pâle, son bébé dans les bras.

Léonora a aujourd'hui 19 ans, mais on pourrait lui en donner trente. Après quatre années passées dans des régions contrôlées par l'EI, elle vient de fuir l'ultime carré jihadiste dans la province de Deir Ezzor, où les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) mènent toujours l'offensive.

Comme elle, des milliers de personnes ont quitté les derniers territoires aux mains de l'EI. Elles sont accueillies par les FDS, qui imposent fouilles et interrogatoires poussés, pour identifier les jihadistes ou leurs familles parmi la masse de civils.

La jeune femme a relevé le voile noir du niqab dissimulant son visage. Ses cheveux sont couverts par un foulard beige à pois blanc. De temps en temps, elle sourit.

Débarquée en mars 2015 dans la Syrie en guerre avec sa meilleure amie, elle s'est mariée trois jours après son arrivée.

"Je restais à la maison, pour faire la cuisine et nettoyer", assure cette mère de deux enfants, qui dit avoir été trompée par la propagande de l'EI sur les réseaux sociaux.

A ses côtés se tient une autre épouse de son mari. Le jihadiste allemand Martin Lemke a été arrêté jeudi par les FDS avec une partie de sa famille.

- "Tout allait bien" -

A leur sortie du réduit de l'EI, les hommes sont mis à part. Ils sont assis et des combattants des FDS les surveillent.

Plusieurs centaines de jihadistes étrangers sont aujourd'hui détenus par les forces kurdes, qui luttent contre l'EI avec le soutien d'une coalition internationale emmenée par Washington.

Les hommes sont en prison, tandis que les femmes restent, avec leur progéniture, sous la surveillance des FDS dans des camps de déplacés du nord syrien.

Ce dossier est un véritable casse-tête pour l'administration semi-autonome kurde, qui refuse de juger les étrangers et réclame leur renvoi vers leur pays d'origine. Mais les gouvernements occidentaux sont réticents.

De nombreux étrangers seraient toujours retranchés dans les quatre kilomètres carrés que les jihadistes défendent avec acharnement près de la frontière irakienne.

Léonora assure avoir principalement vécu à Raqa, l'ex-"capitale" de facto des jihadistes dans le nord de la Syrie, conquise en octobre 2017 par les FDS.

"Au début, tout allait bien, quand ils avaient les grandes villes et beaucoup d'argent", se souvient-elle.

"Quand ils ont perdu Raqa, on a commencé à changer de maison chaque semaine. Ils perdaient une ville chaque semaine", poursuit la jeune femme.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 avec la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI a vu son "califat" autoproclamé s'écrouler sous le coup de multiples offensives.

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Près du village de Baghouz, repris en partie aux jihadistes par les FDS, des dizaines de femmes en niqab, principalement des Irakiennes, sont assises avec leurs enfants, des sacs et parfois des poussettes, attendant leur transfert vers les camps de déplacés.

- "Mon ancienne vie" -

Plus de 36.000 personnes ont fui ces zones de l'est de la Syrie depuis début décembre, principalement des familles de l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi elles, plus de 3.200 jihadistes, d'après la même source.

Léonora assure que son mari --arrivé selon elle en novembre 2014 en Syrie accompagné de sa première femme, Julie M., une Française-- n'était pas un combattant, mais juste un informaticien. "Il réparait les ordinateurs et les portables", ajoute-t-elle.

Pourtant, selon des informations de la presse allemande, M. Lemke aurait notamment fait partie de la Hisba, la police religieuse de l'EI, avant de rejoindre les "Amniyat", les redoutables services des "renseignements" des jihadistes.

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Il aurait également eu des contacts réguliers avec l'ancien porte-parole de l'EI, Abou Mohammed al-Adnani, une personnalité influente du groupe tuée dans un raid aérien en 2016, d'après la même source.

Léonora affirme avoir essayé de fuir à plusieurs reprises. Une fois, elle a même été arrêtée par l'EI et jetée dans un cachot, assure-t-elle.

Aujourd'hui, elle dit ne plus se faire d'illusions sur le compte des jihadistes. "Ils ont laissé les femmes toutes seules, sans nourriture, ils s'en fichent de nous", lâche-t-elle avec colère.

Elle espère désormais pouvoir retourner dans son pays. "Je veux rentrer en Allemagne auprès de ma famille. Je veux retrouver mon ancienne vie. Maintenant je sais que c'était une erreur".

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