Un an et demi après avoir chuté de cinq divisions, Bastia (National 3) retrouve un avant-goût de l'élite avec un 8e de finale de Coupe de France contre Caen (L1), mardi (21h00). Le point sur l'état du Petit Poucet.
. La résurrection
Ejecté du monde professionnel à l'été 2017 pour une dette abyssale avoisinant les 30 millions d'euros, le SCB avait dû déposer le bilan et changer de nom, devenant le Sporting Club Bastiais (et plus Bastia).
Le phénix bastiais est relevé par deux hommes, Claude Ferrandi et Pierre-Noël Luiggi, deux entrepreneurs locaux. La société Oscaro (pièces automobiles) appartenant à Luiggi était déjà le sponsor officiel du club en Ligue 1.
Ils ont mis la main à la poche jusqu'à établir un budget pharaonique pour leur division, environ 2 millions d'euros. L'objectif est le retour au sein du monde professionnel d'ici cinq ans.
. La reconquête
Le SCB a déjà perdu une saison en ratant de peu l'accession en National 2 en mai dernier, devancé par le club marseillais d'Endoume.
"Sans une vraie préparation et un projet béton on ne peut pas réussir, soupire le président Ferrandi, interrogé par l'AFP. L'an passé nous avons travaillé dans l'urgence pour aligner une équipe et cela s'est ressenti à des moments clés."
Au 17 août 2017, Bastia est reparti avec... trois joueurs, alors que le championnat avait débuté. Le club a obtenu des dérogations pour commencer en retard et a "activé le système D pour aligner une équipe performante. Malheureusement cela n'a pas suffi", poursuit le président.
. La formation toujours vaillante
Mais l'équipe dirigeante n'a pas tout perdu cette première saison. "Nous avons pu poser de vraies bases pour la reconstruction du Sporting", explique Ferrandi.
L'équipe mélange des jeunes issus d'une formation toujours active, comme le meilleur buteur Naoufal Mesbah ou le défenseur Jérémi Santini, tous deux natifs de Bastia, et des anciens, comme le capitaine Gilles Cioni, resté par amour du club malgré la chute.
Cette fois la première étape de la reconquête est bien avancée pour le leader incontesté du groupe D de National 3, avec neuf points d'avance sur son dauphin, l'AS Cannes du président Johan Micoud.
. Un nouveau modèle économique
Pour remonter, la nouvelle équipe dirigeante planche sur un modèle original, un projet de création d'une Société Coopérative d'Intérêts Collectifs (SCIC), où tout le monde, des sociétés privées ou publiques en passant par les collectivités et les personnes, pourront investir.
"Il s'agit d'un modèle économique unique dans le monde du football, indique le patron bastiais. Cette société devra nous servir à lever des fonds, et les souscriptions seront lancées dans le courant de l'année. C'est une façon pour nous d'éviter que le club n'appartienne qu'à une seule et unique personne. Le Sporting est à tout le monde".
Des supporters ont même créé un collectif de "socios", l'an passé, afin d'aider le club dans sa renaissance: ils ont récolté plus de 250.000 euros de dons. Deux représentants de ces socios sont d'ailleurs entrés au conseil d'administration du club.
. Toujours 3.000 fidèles
Le Lion de Furiani n'est pas mort, il le fera entendre mardi soir. Les supporters n'ont pas abandonné leur équipe. Ils sont encore 3.000 abonnés cette année. Ils étaient plus de 4.500 la saison dernière.
Le club enregistre une moyenne de 4.000 fans à domicile, et a conservé des installations professionnelles, à commencer par son mythique stade Armand-Cesari.
Bastia a aussi son centre d'entraînement de l'époque de la Ligue 1, ainsi que des services marketing, communication et web grâce à l'apport de nombreux bénévoles. "Pour être prêt pour notre grand retour dans quelques années au niveau professionnel, on se devait de rester attractif et compétent", résume Ferrandi. Il est heureux que Bastia renoue au moins un peu avec son passé, mais "seule l'accession compte".