Venezuela: Guaido défie Maduro avec l'aide humanitaire internationale

Juan Guaido s'adresse à la presse à Caracas, le 5 février 2019
Juan Guaido s'adresse à la presse à Caracas, le 5 février 2019 Tous droits réservés Juan BARRETO
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L'opposant Juan Guaido, reconnu président du Venezuela par une quarantaine de pays, tente d'organiser l'arrivée d'une aide humanitaire internationale, défiant le chef de l'Etat Nicolas Maduro qui y voit le prélude d'une intervention militaire.

A Caracas, le Parlement, présidé par M. Guaido et qui est la seule institution vénézuélienne contrôlée par l'opposition, a approuvé mardi un plan stratégique pour la distribution de vivres et de médicaments depuis la Colombie et le Brésil.

Un député d'opposition, Miguel Pizarro, chef de la commission parlementaire sur l'aide humanitaire, a déclaré que l'attention allait se concentrer sur la façon de faire franchir la frontière à cette aide internationale.

La Croix-Rouge vénézuélienne s'est dite prête à distribuer de l'aide humanitaire, mais une fois qu'elle sera entrée au Venezuela.

"Il y a entre 250.000 et 300.000 Vénézuéliens qui risquent de mourir", a affirmé M. Guaido.

- "Ligne rouge" -

Le député Pizarro a prévenu que l'armée vénézuélienne franchirait une "ligne rouge" si elle empêchait l'entrée d'aide humanitaire au Venezuela.

Dans la soirée, un autre député de l'opposition, Franklin Duarte, a déclaré à l'AFP que des militaires vénézuéliens avaient bloqué l'accès à un pont situé sur la frontière avec la Colombie.

Une équipe de l'AFP sur place a constaté que le passage sur le pont de Tienditas, qui relie les localités de Cucuta (Colombie) et d'Urena (Venezuela), était empêché par un camion-citerne et par un grand conteneur. "Des effectifs de l'armée ont bloqué le passage", a affirmé M. Duarte.

Le Canada a promis lundi une aide de 40 millions de dollars destinée au peuple vénézuélien, s'ajoutant aux 20 millions de dollars d'aide annoncés par Washington, qui par ailleurs n'écarte pas une intervention militaire. L'Union européenne a débloqué mardi une aide de 5 millions d'euros (7,5 millions de dollars).

"Ici au Venezuela, personne ne va entrer, pas un soldat envahisseur", a répliqué M. Maduro, qui est soutenu par la Russie, la Chine, la Turquie, Cuba et l'Iran.

"Ils veulent envoyer deux petits camions avec quatre marmites. Le Venezuela n'a pas besoin de demander l'aumône. S'ils veulent aider, qu'ils mettent fin au blocus et aux sanctions", a ajouté le président socialiste, assurant qu'il ne permettrait pas qu'on "humilie" le Venezuela avec un "show d'aide humanitaire".

- "Plans putschistes" -

M. Maduro accuse Washington – avec qui il a rompu les relations diplomatiques – d'utiliser Juan Guaido comme un "pantin" pour le chasser du pouvoir et mettre la main sur les énormes réserves de pétrole du Venezuela. Il reproche aux Européens de soutenir ces "plans putschistes" américains.

"Nous soutenons le peuple du Venezuela dans sa noble quête de liberté", a déclaré mardi le président Donald Trump lors de son discours annuel sur l'état de l'Union.

Fort de la reconnaissance d'une vingtaine de pays de l'UE, outre celle des Etats-Unis, du Canada et d'une douzaine de capitales latino-américaines, M. Guaido va demander la protection des comptes bancaires et actifs vénézuéliens à l'étranger.

A partir du 28 avril, les Etats-Unis vont interdire aux autres pays et institutions étrangères d'utiliser le système financier américain pour acheter le pétrole vénézuélien.

Les habitants du Venezuela, autrefois le pays le plus riche d'Amérique latine, sont confrontés à de graves pénuries de vivres et de médicaments, ainsi qu'à une inflation galopante. Depuis 2015, quelque 2,3 millions d'entre eux se sont exilés, sur une population totale de 31 millions d'habitants.

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Onze des quatorze pays du Groupe de Lima, qui réunit des pays d'Amérique latine et des Caraïbes et le Canada, ont appelé lundi à Ottawa à un changement de gouvernement "sans usage de la force" au Venezuela et ont exhorté l'armée à se ranger derrière Juan Guaido. Le président Maduro a jugé l'intervention du Groupe de Lima "répugnante et risible".

- "Faux dialogue" -

Sur le plan institutionnel, le Parlement a adopté mardi une loi fixant à douze mois la durée maximale d'un éventuel gouvernement de transition qui serait présidé par Juan Guaido. Cette période débuterait lorsque cesserait ce que cette assemblée contrôlée par l'opposition considère comme "l'usurpation" du pouvoir par Nicolas Maduro.

Cherchant une sortie pacifique à la crise, un groupe de contact formé par l'UE et quatre pays d'Amérique latine (Bolivie, Costa Rica, Equateur et Uruguay) tiendra une première réunion jeudi à Montevideo avec le soutien de Nicolas Maduro. Le Mexique, qui ne fait par partie du groupe de contact, prendra part à la réunion.

Juan Guaido a refusé de participer à ce qu'il a appelé un "faux dialogue".

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Le pape François, dont M. Maduro a sollicité l'intervention dans la crise vénézuélienne, a souligné qu'une éventuelle médiation du Vatican nécessitait l'accord des deux parties. "Je verrai ce qui peut être fait", a dit le pape dans l'avion qui le ramenait à Rome après une visite aux Emirats arabes unis.

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