Sarajevo veut ranimer la flamme olympique

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Beaucoup pensent que l'ultime moment de bonheur collectif en Yougoslavie s'est joué là, lors des Jeux olympiques d'Hiver de 1984: Sarajevo veut ranimer la flamme en accueillant à partir de samedi le festival olympique de la jeunesse.

Pour Bibija Kerla et Tomislav Lopatic, ces Jeux, tenus sept ans avant l'éclatement sanglant de la Yougoslavie, restent un moment de "fraternité" et de "fierté nationale". Sans remporter de médailles, ces deux enfants de Bosnie y ont participé, comme patineuse de vitesse et biathlète. Ils étaient yougoslaves. Elle est bosniaque, il est serbe de Bosnie.

"C'était le dernier moment dans cet Etat commun où tout le monde aimait encore son drapeau, son blason (..) Cette région n'est pas prête de revoir un tel élan, une telle envie", soupire Tomislav Lopatic, 55 ans, quadruple champion de Yougoslavie, aujourd'hui entraîneur de la sélection bosnienne de biathlon. Pour ce festival olympique, il gère les pistes.

Les JO avaient été un échec sportif pour Bibija Kerla, 59 ans. Mais elle se souvient de la fierté générale quand le Slovène Jure Franko, médaillé d'argent en slalom géant, avait été le seul yougoslave sur un podium. Elle assure chantonner aujourd'hui encore "Hej Sloveni !" ("Hé, les Slaves!"), l'hymne yougoslave. Et sent les larmes lui monter aux yeux en se souvenant du "plus grand applaudissement de sa vie", malgré sa chute sur la piste de Zetra.

Sept ans plus tard, la Yougoslavie volait en éclats, avec les déclarations d'indépendance slovène et croate en 1991, puis la guerre intercommunautaire de Bosnie, qui fera quelque 100.000 morts.

- Un logo, quelques ruines -

Des Jeux de 1984, il ne reste guère à Sarajevo qu'un logo au sol d'une place de la capitale bosnienne, autrefois érigée en symbole d'un multicommunautarisme apaisé. Et une nostalgie d'un passé révolu.

Le siège de près de quatre ans de cette ville martyre de la guerre de 1992-95 a provoqué la mort de quelque 11.000 personnes, civils et combattants.

Il a aussi accouché d'une ville divisée entre un secteur serbe orthodoxe à l'est (65.000 habitants), et un centre en immense majorité bosniaque musulman (340.000 habitants).

Comme un symbole de ces divisions, le bitume de la route qui serpente au milieu des pinèdes jusqu'au mont Trebevic n'a été refait à neuf que sur les tronçons situés dans la zone bosniaque.

Elle conduit jusqu'aux pistes de bobsleigh et de luge olympiques, en ruines: elles étaient sur la ligne de front et les terrains autour restent infestés de mines. Sur le mont Igman, le tremplin qui a consacré le Finlandais Matti Nykänen empereur du saut à skis, est un géant délabré.

Mais l'esprit olympique se réveillerait-il? A l'occasion du Festival olympique de la Jeunesse européenne (Foje), du 9 au 16 février, les deux administrations ont joint leurs efforts, fait rarissime dans une Bosnie divisée où les communautés se toisent plus qu'elles ne se côtoient.

Avec un slogan commun: "Deux villes, un rêve". Les maires, le Bosniaque Abdulah Skaka, 35 ans, et le Serbe Nenad Vukovic, 40 ans, tiennent des conférences de presse pour dire leur volonté de "faire revivre l'esprit olympique" de 1984.

- 'Oublier la politique' -

Un esprit dont ils sont trop jeunes pour se souvenir. Mais "nous voulons créer une nouvelle mémoire, des dynamiques positives qui serviront de base pour des temps meilleurs", résume Abdulah Skaka.

Edin Numankadic est le fondateur du musée olympique de Sarajevo. Menaçant de tomber en ruines jusqu'à peu, la bâtisse qui l'abrite est en cours de rénovation. En préservant cet héritage, il ne protège pas qu'une collection d'objets sauvés des bombardements en avril 1992: il perpétue un rare souvenir heureux dans une histoire tragique.

Au XXe siècle, "on se souvient de l'attentat de Sarajevo marquant le début de la Première guerre mondiale, on se souvient du siège, et enfin de l'Olimpijada (les Jeux olympiques). L'Olimpijada est un événement exceptionnellement positif, à l'échelle mondiale. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de préserver la mémoire de ces Jeux", dit-il.

"Je fais confiance à cette jeune génération, j'espère qu'ils vivront normalement les valeurs universelles où les différences sont une richesse, pas un défaut", poursuit Edin Numankadic.

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L'ancienne patineuse Bibija Kerla a aussi un rêve: "J'aimerais qu'au moins pendant ces dix jours (...), nous puissions oublier la politique et que nous nous rapprochions les uns des autres".

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