Un an après, un silence assourdissant sur les sites des JO de Pyeongchang

Palais des Glaces de Gangneung, en Corée du Sud, le 24 janvier 2019
Palais des Glaces de Gangneung, en Corée du Sud, le 24 janvier 2019 Tous droits réservés Jung Yeon-je
Tous droits réservés Jung Yeon-je
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Les meilleurs skieurs, patineurs ou lugeurs de la planète s'y sont défiés il y a un an. Mais la plupart des stades des JO de Pyeongchang sont aujourd'hui désespérément vides, alimentant le débat en Corée du Sud sur leur avenir et leur entretien.

Pour accueillir les jeux Olympiques, Séoul a construit six sites, un stade olympique et rénové six autres installations, pour un total de 800 millions de dollars (700 millions d'euros).

A l'exception de quelques personnes âgées, on ne croise plus grand monde au Parc olympique de Gangneung. Un silence assourdissant règne dans son Palais des Glaces, qui ne compte plus un centimètre carré de blanc.

Le Centre de glisse de Pyeongchang, où se sont notamment déroulées les épreuves de luge et de bobsleigh, est fermé à double tour.

La piste de ski alpin est une langue de terre pelée, où des manifestants demandent qu'elle soit transformée en station de ski et non pas remise dans son état naturel comme promis.

Le pays a également consacré plus de 10 milliards de dollars (8,7 milliards d'euros) à de grands travaux d'infrastructure, dont une ligne à grande vitesse entre Séoul et Gangneung, dans l'est du pays.

L'idée était de relancer une des régions les plus pauvres et les moins peuplées du pays.

Mais les espoirs d'un boum touristique ont fait long feu, en raison notamment de l'intérêt limité des Sud-Coréens pour les sports d'hiver.

Le devenir des enceintes sportives des jeux d'hiver est un casse-tête constant tant il est difficile de les "recycler" sur le long terme.

- Trahison -

Le Comité international olympique peine ainsi à trouver des candidats à leur organisation. Après une série de forfaits, seules Milan et Stockholm postulent pour ceux de 2026.

Séoul n'avait qu'un nombre d'options limitées pour accueillir les épreuves de descente. Le Mont Gariwang, à Jeongseon, était une des rares montagnes suffisamment hautes pour proposer les 800 mètres de dénivelé requis par la Fédération internationale de ski.

Elle est dans une zone forestière protégée mais les organisateurs avaient obtenu une dérogation du ministère des Forêts, au grand dam des écologistes, promettant de restaurer les zones boisées.

Jeongseon fut jadis une importante cité minière, mais sa dernière mine de charbon a fermé en 2004. Certains habitants verraient d'un bon oeil que la promesse soit jetée aux orties et que le site devienne une attraction touristique.

A en croire Choi Moon-soon, gouverneur de la province de Gangwon, la reforestation coûterait aussi cher que le développement initial du site.

"Je m'attendais à ce que les JO aient pour conséquence d'attirer beaucoup de touristes et de stimuler l'économie locale", explique à l'AFP Kim Chang-young, 52 ans, qui manifeste régulièrement pour le réaménagement du site.

Il se sent "trahi" car "presque aucun touriste" ne vient. Signe évocateur: un hôtel qui a ouvert l'an dernier proposait en janvier une réduction de 83% sur ses chambres.

A Yongpyong, la plus grande station de la région, qui a accueilli en 2018 les épreuves de slalom, il y a eu en décembre et janvier moins de touristes qu'il y a deux ans.

PUBLICITÉ

Le Centre olympique de glisse -où le Sud-Coréen Yun Sung-bin est pourtant devenu le premier athlète asiatique titré au skeleton- est fermé depuis mars.

Son entretien étant estimé à 1,25 milliard de wons (près d'un million d'euros), les autorités provinciales ont choisi de le fermer, par mesure d'économie.

- Incompréhensible -

Ce Centre de glisse, d'un coût de 100 millions de dollars, est le seul du genre en Corée du Sud. Les équipes nationales de bobsleigh et de skeleton sont contraintes d'aller s'entraîner au Canada.

L'Ovale de Gangneung, bâtiment futuriste à 110 millions de dollars qui a accueilli le patinage de vitesse est également vide, sans rien de prévu.

PUBLICITÉ

Comme promis, le Stade Olympique qui n'aura servi qu'aux cérémonies d'ouverture et de clôture des JO et des jeux Paralympiques a été démantelé, avec la création prévue d'un musée des Jeux.

Les projecteurs ont été rallumés sur certains sites comme le Centre de hockey de Gangneung qui a accueilli en décembre un tournoi national de trois jours et abrite cette semaine deux compétitions internationales.

Mais en l'absence de ligue professionnelle de hockey sur glace en Corée du Sud, difficile de voir comment la structure de 95 millions de dollars pourrait continuer d'être utilisée.

Des concerts ont bien été organisés au Palais des glaces de Gangneung. Mais deux fois seulement.

Le gouvernement rendra en juin un rapport sur le Centre de glisse, l'Ovale et le centre de hockey, entre coûts d'entretien et prise en charge, selon un responsable du ministère des sports.

PUBLICITÉ

En attendant, nombre de Sud-Coréens sont consternés par ce gâchis.

"Le gouvernement aurait dû avoir un plan à long terme sur l'utilisation des sites olympiques", fulmine Han Hyung-seob, 37 ans, venu en famille en vacances à Pyeongchang.

"Après avoir investi autant, que l'on laisse ces sites à l'abandon parce que leur entretien coûte trop cher dépasse l'entendement."

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Riner, Malonga et Tolofua en finale au Grand Slam d'Antalya

Grand Chelem de Judo d'Antalya : un podium dominé par la Corée du Sud et l'Autriche

Grand Chelem de Judo d'Antalya : Hifumi et Uta Abe dominent le podium