Les spécialistes français du ski halfpipe Kévin Rolland et Thomas Krief participent samedi à la finale des Mondiaux de freestyle de Park City (Utah). Déjà bien avancés dans leur carrière, ils seront les derniers Bleus de l'élite mondiale, faute d'infrastructures et de moyens pour assurer une relève.
Star du halfpipe au palmarès impressionnant (triple vainqueur des X Games, champion du monde 2009), Kévin Rolland s'élance depuis 13 ans à haut niveau dans ce "demi-tube" de neige de plus de 7 m de haut pour enchaîner les figures ultraspectaculaires notées par des juges.
Un spectacle qui, faute d'infrastrucutures suffisantes, se fera sans les Bleus lorsque Rolland (29 ans) et son comparse Thomas Krief (25 ans) arrêteront leur carrière, à court ou moyen terme dans ce sport aux champions adolescents, qui figure au programme olympique depuis 2014.
"Un +pipe+ il faut le faire en neige de culture, parce que c'est une neige qui accroche bien, la neige naturelle se casse trop vite. En gros c'est 200.000 euros entre la production de la neige et le +shaper+ (celui qui va dessiner et construire le tube), plus le coût de la machine", explique à l'AFP le directeur de l'équipe de France de ski freestyle Fabien Bertrand.
Sachant que les "shapers" capables de travailler pour une infrastructure de haut niveau se comptent sur les doigts de la main et que s'ajoutent les frais d'entretien, les stations françaises se sont tournées vers les "snowparks" (skate park hivernal avec des enchaînements de sauts et de structures en métal), beaucoup plus simples à aménager.
Selon M. Bertrand les snowparks, théâtre des compétitions de slopestyle, également discipline olympique, ont l'avantage d'être ouvert aux skieurs de tous niveaux, "avec des bosses vertes, bleues, rouges, noires" contrairement aux impressionnants halfpipe.
- "C'est triste" -
Une analyse que réfute Kévin Rolland, qui a longtemps joué les pionniers avec sa bande sur le circuit mondial, finançant leurs saisons grâce à leurs revenus et à des partenaires privés, et se faisant connaître avec des vidéos spectaculaire et déjantées.
"Un halfpipe de 7 m, même les touristes peuvent s'amuser dedans, estime Rolland, médaillé de bronze aux Jeux de Sotchi en 2014. Le fait de juste rentrer dans un halfpipe ça procure des sensations et ce n'est pas forcément dangereux. Par rapport au slopestyle, où ils ne peuvent pas emprunter les mêmes sauts que les pros, les touristes peuvent rentrer dans un halfpipe des X Games, ils peuvent monter à la hauteur qu'ils veulent et évoluer doucement."
"C'est triste, c'est un manque culturel en France, dès que ca devient un peu compliqué en infrastructures pour les sports extrêmes, on ne cherche même pas à comprendre, soupire-t-il. C'est du travail, il faut une expertise, et on ne se donne pas les moyens".
"Je ne vois personne sortir du chapeau pour prendre le relais. Heureusement la discipline ne se porte pas si mal aux Etats-Unis, au Canada et en Chine".
Cette saison Rolland et Krief ont été rejoints par les slopestyleurs Tess Ledeux et Antoine Adelisse dans le French FreeSki, une nouvelle structure au budget partagé entre les riders et la Fédération française de ski (FFS).
La FFS soutient encore ses dernières têtes de gondole en halfpipe mais n'ira pas plus loin: les jeunes talents sont orientés vers le slopestyle, marquant la fin de l'aventure du halfpipe.