Freestyle et Snowboard ne nourrissent pas leurs champions

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Alors que le rideau se baisse sur les Mondiaux de freestyle et de snowboard à Park City, de nombreux athlètes se penchent déjà sur la suite de la saison avec, pour beaucoup, une question récurrente: comment financer les prochains mois de compétition?

Sixième de l'épreuve de bosses et meilleure Américaine de la discipline, Jaelin Kauf a failli tout abandonner il y a deux ans lors d'une étape de Coupe du monde.

"C'était à Deer Valley (dans l'Utah, NDLR). Je n'avais pas atteint la finale et ça m'avait mis un coup au moral. J'étais déprimée, alors je me suis demandé si ça valait le coup de continuer", se souvient la skieuse de 23 ans.

Les interrogations de Kauf sur la suite de sa carrière n'étaient pas seulement liées à ses performances sportives, mais avant tout à son avenir financier.

"Le freestyle n'est pas un sport lucratif. C'est compliqué de gagner sa vie ou même de se payer chaque année la tournée internationale avec les voyages, les entraînements, la compétition", explique la numéro trois mondiale des bosses.

Confidentielles, souvent méconnues, les différentes épreuves du ski freestyle et du snowboard ne permettent qu'à une poignée d’athlètes de vivre pleinement de leur sport. Des têtes d'affiche, comme la championne olympique et championne du monde de snowboard halfpipe Chloe Kim, dont les résultats exceptionnels suscitent un engouement médiatique, qui attire de prestigieux sponsors (Nike, Toyota, Samsung entre autres) et de juteux contrats publicitaires.

- Petits boulots et jobs d'été -

Mais dans la plupart des cas, les seuls revenus sportifs, même en tenant compte des partenariats avec les stations de ski ou les équipementiers, ne suffisent pas à assurer une pérennité financière.

Si les dotations ont augmenté ces dernières années avec un prix de 25.000 francs suisses (22.000 euros) pour une victoire en Coupe du monde, les montants restent sensiblement inférieurs à ceux du ski alpin ou du ski nordique.

Pour s'en sortir, de nombreux sportifs doivent s'en remettre au système D.

Avant d'intégrer l'équipe A des Etats-Unis, qui prend en charge l'essentiel de ses frais de compétition, Kauf a ainsi multiplié petits boulots et jobs d'été, du ménage au nettoyage de tables dans des restaurants.

En début de carrière, le soutien des proches s'avère également primordial.

"Tant qu'ils sont pris en charge par les clubs et qu'ils ne vont pas à l'étranger, les jeunes s'en sortent sans trop de soucis", détaille Fabien Bertrand, responsable du freestyle à la Fédération française de ski.

"Mais à partir du moment où ils sont sur la scène internationale, ça peut vite les décourager. Ça peut leur coûter 7.000, voire 10.000 euros la saison. Ils doivent prendre leurs valises et trouver des financements. La famille joue un rôle crucial dans ce processus", relève Bertrand.

Au sein de plusieurs fédérations nationales, comme la France, l'Autriche ou la Suisse, les jeunes talents ont par ailleurs la possibilité de décrocher un contrat avec l'armée ou les douanes leur garantissant un salaire mensuel et une stabilité financière.

- "Les temps sont durs" -

"Ça me permet de me consacrer à mon sport", se satisfait Bastien Midol, leader du classement général de la Coupe du monde en skicross et caporal de l'armée de terre.

En plus des primes versées en cas de bon résultat, chaque édition des Jeux olympiques offre l'occasion à ces sportifs de l'ombre de se faire connaître du grand public grâce à une forte exposition médiatique.

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"Dans ces moments-là, avoir une personnalité est un avantage", estime Joe Fitzgerald, coordinateur du ski freestyle à la Fédération Internationale de Ski (FIS). "Si vous êtes un excellent skieur mais que vous n'êtes pas intéressant, ça ne va pas jouer en votre faveur".

Mais une fois la ferveur olympique passée, les disciplines du freestyle et du snowboard retombent dans un relatif anonymat, qui peut s'avérer lourd de conséquences.

"Les temps sont durs", s'alarme le double champion olympique de snowboardcross Pierre Vaultier qui, à 31 ans et après avoir tout gagné, assure le leadership auprès de la relève.

"Je le vois au quotidien avec les jeunes de mon équipe. A leur âge, ils peuvent se permettre de subvenir à leurs besoins de manière limitée et avec peu de moyens. Mais bientôt, ce sera l'heure du choix. Sans reconnaissance, ce choix peut vite basculer du côté de l'arrêt de carrière", déplore-t-il.

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