Le Nigeria, géant de l'Afrique, au défi des urnes

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Organisation titanesque, tensions sécuritaires, achat des voix,... les élections de samedi au Nigeria s'annoncent être un véritable défi pour ce pays de 190 millions d'habitants, qui s'était présenté en 2015 comme un exemple démocratique en Afrique.

Le 14 février, fête de la Saint Valentin qui marquait le dernier jour de la campagne pour la présidentielle et les législatives, l'émotion était forte.

Tandis qu'une foule en délire attendait Muhammadu Buhari, le président sortant en lice pour un second mandat, chez lui à Daura, dans le nord-ouest, son rival, Atiku Abubakar, se livrait à une dernière déclaration d'amour à ses milliers supporters, dans son Etat d'Adamawa (nord-est).

"Je vous aime!", a lancé le candidat de l'opposition (Parti Populaire Démocratique, PDP) dans son dernier meeting à Yola, devant un soleil couchant dissipé dans l'Harmattan.

Il faut dire que l'ancien vice-président (1999-2007) avait attendu ce moment depuis bien longtemps. Après quatre tentatives, cet homme d'affaire richissime de 72 ans sera peut-être élu samedi président du Nigeria, première économie d'Afrique et premier exportateur de pétrole du continent.

Encore faudra-t-il convaincre les 84 millions d'inscrits et le scrutin s'annonce très serré. Les résultats devraient être annoncés dans les 48 heures suivant le scrutin, mais le procédé de comptage des voix est complexe et peut prendre du temps.

Le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats de la fédération auxquels s'ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja, au risque de devoir engager un second tour la semaine suivante.

- 'Dieu a déjà choisi' -

L'APC détient une avance démographique, mais l'opposition pourrait tirer profit d'un bilan médiocre du chef de l'Etat, 76 ans, marqué par la récession économique (2016-2017) et une forte recrudescence de l'insécurité dans de nombreuses régions du pays.

"En 2015, on pensait que Buhari ferait de bonnes choses, mais nous avons été déçus", raconte à l'AFP Dosu Akanji, assure Yola, casquette "Atiku" vissée sur la tête.

"Chaque matin, je prie pour que Dieu nous apporte Atiku", confie Tonnoyi Gowono, commerçante de 37 ans, soulignant que l'investisseur milliardaire est bien "meilleur en affaires" que l'ancien général de l'armée Buhari.

Au Nigeria, l'un des pays les plus religieux au monde, on s'en remet de toute façon au Tout-Puissant.

"Dieu a déjà choisi le vainqueur. Nous le confirmerons seulement avec nos votes", assure la jeune couturière Ahmad Ado Hassa, à Kano (nord-ouest).

Dans l'immense capitale historique de l'islam au Nigeria, les premiers camions de la Commission nationale électorale indépendante (INEC) sont arrivés jeudi matin remplis de bulletins, d'urnes, de lecteurs de cartes électorales électroniques.

"Tout est prêt", se réjouissait Mohammed Garba Lawan, porte-parole local.

Rien que dans l'Etat de Kano, 51.000 personnes seront déployées pour organiser le scrutin dans plus de 8.000 bureaux de vote, où sont appelés à se rendre quelque 5 millions d'électeurs.

- Incendie -

Dans le sud du pays aussi, à Aba (capitale de l'Etat d'Abia), on se prépare à voter.

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Des centaines de manifestants de l'Ipob (mouvement des peuples autochtones du Biafra) ont défilé dans la semaine appelant les populations à défier le pouvoir central, mais leur leader, Nnamdi Kanu, a finalement crée la surprise en retirant vendredi sa menace de boycott.

Début février, le bureau de l'INEC à Aba, a été incendié, avec plus de 3.000 cartes d'électeurs, et des check-points militaires et de police parsèment encore toutes les routes de la région, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mais la plus grande menace qui plane sur ce scrutin est l'achat des voix par les partis politiques pour gagner un soutien massif de la population.

- 'Notre argent' -

En ces temps de ralentissement de l'économie, dans un pays où 87 millions de personnes vivent sous le seuil de l'extrême pauvreté, "vous savez bien ce que les gens sont capables de faire en échange d'un sac de riz", rapporte un agent de police d'Aba.

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"Notre devoir est de nous assurer qu'ils puissent choisir leur candidat librement, sans pression et sans avoir à montrer pour qui ils ont voté, en prenant une photo avec leur portable, par exemple", a-t-il ajouté.

L'achat de voix est une pratique courante au Nigeria, et s'effectue en échange de quelques milliers de nairas (2 à 5 euros tout au plus).

"Tous les policiens le font", regrette un agent de l'INEC à Yola. "Ils ne se dénonceront pas du coup. Sauf après la proclamation des résultats: celui qui perd va se plaindre des agissements de l'autre".

Mais Mlle Hassa, la couturière de Kano, n'a en rien perdu son pragmatisme. En plus de ses prières, elle n'est jamais contre un petit billet.

"S'ils m'offrent de l'argent, je vais le prendre", assure-t-elle.

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"Ce n'est pas un crime, parce que de toute façon c'est notre argent. Ils ne font que nous le rendre".

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