Colombie: dynamitage du Monaco, bunker d'Escobar à Medellin

Colombie: dynamitage du Monaco, bunker d'Escobar à Medellin
Par AFP
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L'immeuble Monaco, fortin de luxe de l'ancien baron de la drogue colombien Pablo Escobar à Medellin, a été détruit à coup d'explosifs vendredi par la mairie, qui entend aménager à sa place un parc dédié aux victimes du narco-terrorisme.

Une forte détonation a retenti à 11H53 locales (16H53 GMT). Trois secondes après, sous les yeux de 1.600 personnes dont des victimes d'Escobar, les huit étages du bunker du "capo" du Cartel de Medellin n'était plus que décombres. Un nuage de poussière blanche a masqué le ciel pendant quelques minutes, les pompiers activant des lances à eau pour la faire retomber.

Face un secteur de la société colombienne qui prônait sa conservation comme un lieu de mémoire de la sanglante guerre des cartels de la cocaïne, la municipalité a lancé une campagne arguant qu'il ne s'agit pas d'"effacer l'histoire", mais de "la transformer".

La démolition du Monaco "représente la défaite de la culture de l'illégalité (...). Cela signifie que l'histoire ne va pas s'écrire en fonction des bourreaux", a déclaré le président colombien Ivan Duque, devant le futur site du Parc Inflexion, qui devrait être terminé à la fin de l'année.

Symbole de l'extravagance d'Escobar, le Monaco, qui était déjà bien décrépit, sera remplacé par un espace de 5.000 m2 commémorant les milliers de personnes tuées durant la période la plus violente du "narco-terrorisme", dans les années 1980 et 90, quand les cartels de la drogue colombiens se menaient une guerre sans merci.

Sa destruction, un peu plus de 25 ans après la mort d'Escobar - abattu par la police en décembre 1993 sur un toit de la ville alors qu'il s'enfuyait - fait partie de la campagne de la municipalité pour narrer l'histoire qui n'apparaît pas dans les séries ou les parcours touristiques organisés sur les traces des "narcos".

- Etape des "narcotours" -

Encore récemment, des groupes visitaient chaque jour cet énorme immeuble blanc qu'avait fait construire Escobar dans les années 1980 au coeur d'El Poblado, l'un des quartiers les plus chics de Medellin. Avant d'être abandonné, le Monaco a abrité pendant plusieurs années des entités publiques, dont la police.

A la tête d'un véritable empire du crime, Pablo Escobar a été un temps l'un des hommes les plus riches du monde, selon Forbes.

Depuis l'an dernier, les touristes qui participent aux "narcotours" découvraient les murs de l'immeuble couverts d'affiches rappelant les autres "protagonistes" dont la mairie entend honorer la mémoire: policiers, journalistes, juges et particuliers assassinés sur ordre du baron de la cocaïne.

"Respectez notre douleur, honorez nos victimes (1983-1994) - 46.612 vies en moins", lisait-on sur l'une des pancartes, qui a disparu dans l'explosion de l'immeuble.

Le Monaco était aussi le symbole du premier attentat à la voiture piégée commis en Colombie, en 1988, lorsque le cartel de Cali avait ainsi attaqué Escobar, son principal concurrent. La détonation avait affecté l'ouïe de sa fille.

Cet attentat, qui avait blessé l'orgueil du mafieux, en endommageant aussi ses riches collections de voitures et d'oeuvres d'art, avait déclenché une sanglante guerre des cartels.

- "Robin des bois" -

Le maire de Medellin, Federico Gutierrez, estime aujourd'hui que le récit de ce passé doit se faire en faveur des victimes.

"La démolition est un pas, mais peut-être que les revendications et la voix des victimes sont ce qui peut le plus effrayer ce fantôme", ajoute Alonso Salazar, auteur du livre "La Parabole de Pablo" et ancien maire de la ville, à propos d'Escobar.

Egalement dans le cadre de cette campagne pour effacer les traces du "capo", la réplique de l'avion, à bord duquel il avait transporté sa première cargaison de cocaïne jusqu'aux Etats-Unis, a été retirée en janvier du portail de l'Hacienda Napoles.

Cette immense propriété du nord-ouest de la Colombie, où Escobar a habité et où il avait même installé un zoo, est aujourd'hui transformée en parc récréatif.

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Les 443 maisonnettes qu'il avait fait construire pour des familles qui vivaient dans une décharge de Medellin sont en revanche toujours debout. De telles générosités lui ont valu le surnom de "Robin des bois colombien".

En dépit de la chute d'Escobar et d'autres grands "narcos", la Colombie reste le principal producteur de cocaïne de la planète et les Etats-Unis le premier consommateur.

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