Plus durement affecté encore que ses coéquipiers nantais par le décès de son ami Emiliano Sala, Nicolas Pallois a traversé ces heures sombres sans flancher, clôturant d'un but contre Bordeaux l'une des périodes les plus difficiles de sa carrière.
Placement, orientation du corps, équilibre, puissance de la frappe qui a empêché Benoît Costil de repousser la tentative: tout était parfait dans sa reprise de volée qui a donné la victoire aux "Canaris" (1-0) dimanche dernier.
Un but que n'aurait pas renié "Emi", dont l'ombre planait encore sur cette confrontation entre le club qui a formé l'avant-centre argentin, tué dans un accident d'avion fin janvier, et celui où il a atteint sa plénitude.
Un but aussi particulier pour Pallois, qui s'était révélé aux Girondins avant de signer à Nantes en 2017.
"Voir un défenseur marquer sur une telle reprise me rend un peu triste… J'aurais préféré que ce soit un attaquant", a plaisanté l'entraîneur Vahid Halilhodzic après le match, avant d'ajouter, plus sérieusement: "Je suis content pour Nicolas Pallois. Il a vécu des moments difficiles".
- "Nico, c'est un guerrier" -
"Marquer contre Bordeaux, oui, ça me fait plaisir. Ce dernier mois a été un peu compliqué pour moi. Mais ce qui se passe en dehors, c'est dans ma tête", a pudiquement commenté le joueur de son côté.
S'épancher n'est pas le genre de la maison pour ce gaillard affable et réservé, contrairement à ce que pourrait laisser croire son gabarit (1,89 m pour 89 kg) et son crâne rasé.
Il aurait pourtant eu de quoi. Le souvenir de cette soirée fatale où il a emmené son ami à l'aéroport pour son dernier vol le hantera sans doute longtemps.
Mais Pallois ne s'est pas apitoyé, il ne s'est pas caché.
"Nico, c'est un guerrier. C'est un mec sur qui tu peux toujours compter que ce soit sur le terrain ou dehors", avait dit de lui le capitaine Valentin Rongier.
Il a accueilli la famille Sala lorsqu'elle est venue à Nantes, il a représenté le club aux obsèques, portant le cercueil.
Et surtout, sur le terrain, il a continué à répondre présent, montrant l'exemple à un groupe forcément déboussolé.
Quand, pour le match de Coupe de France contre Sannois-Saint-Gratien (National), le premier après la disparition de l'Argentin, il a fallu attribuer le maillot numéro 9, c'est à Pallois qu'il est revenu.
- Paire solide avec Vahid -
"J'ai essayé de faire la part des choses. Ça reste mon métier, il faut donner le maximum pour l'équipe et le groupe", a-t-il résumé après le match contre Bordeaux.
Le terrain représente une forme de thérapie pour celui qui expliquait début février: "quand je ne joue pas, je ne suis pas épanoui".
Il avait déjà traversé un début de saison délicat, ponctué d'un accrochage avec l'entraîneur Miguel Cardoso qui ne le faisait pas jouer. Puis "Coach Vahid" est arrivé et entre les deux hommes, ça a tout de suite collé.
Pallois a joué tous les matches de championnat en intégralité depuis la 12e journée.
"C’est quelqu'un qui connaît parfaitement le football (...) C'est un grand plaisir de travailler avec lui. C'est une chance de l'avoir au quotidien", a jugé le défenseur central.
"C'est un garçon solide, appliqué, discipliné. Il réalise des super matches depuis un moment", a répondu Halilhodzic.
Si en championnat Nantes n'a plus grand-chose à craindre ni à espérer, Pallois et les siens ont encore un quart de finale de Coupe de France mercredi contre Vitré (National 2), avec la perspective d'une demi-finale de gala contre le Paris SG derrière, pour apporter enfin un peu de rêve et de bonheur à cette saison éprouvante.