Modi et Khan politiquement gagnants après la récente crise au Cachemire

Modi et Khan politiquement gagnants après la récente crise au Cachemire
Tous droits réservés 
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Narendra Modi, en campagne électorale, a joué la carte offensive, Imran Khan celle de la paix: les Premiers ministres de l'Inde et du Pakistan ressortent politiquement tous deux gagnants d'une crise entre les deux puissances nucléaires qui a effrayé le monde, selon des analystes.

Alors que les tirs de mortiers semblaient décroître depuis dimanche au Cachemire, région montagneuse qu'Inde et Pakistan se disputent depuis leur partition en 1947, la popularité de M. Khan est en plein essor.

Plus de 415.000 personnes avaient signé lundi à 08H30 GMT l'une des deux pétitions sur Change.org réclamant sa nomination pour le prix Nobel de la paix "pour ses efforts de paix", sur fond de guerre de propagande entre les deux voisins.

Mercredi, il avait appelé l'Inde au "dialogue" après que l'armée pakistanaise eut affirmé avoir abattu deux avions indiens, New Delhi déclarant de son côté avoir détruit un chasseur pakistanais - ce qu'a nié Islamabad.

Le lendemain, il annonçait la libération d'un pilote indien capturé au Cachemire pakistanais, la présentant comme "un geste de paix". Le lieutenant-colonel Abhinandan Varthaman, moustache fournie et oeil tuméfié, a finalement été remis à son pays vendredi soir.

La stratégie d'Imran Khan a fait consensus dans la classe politique du pays. Le quotidien pakistanais The News évoquait samedi une "bonhomie rare au Parlement entre gouvernement et opposition".

Sur les réseaux sociaux, même les plus féroces contempteurs du Premier ministre ont salué son action. Libérer le pilote indien "a été la première décision correcte de sa carrière", a ironisé sur Twitter Gul Bukhari, une éditorialiste opposée au gouvernement.

Modi "ressemble à un minuscule leader belliciste, tandis que (Khan) a l'air d'un homme d'Etat", estime l'analyste pakistanais Mosharaf Zaidi, qui qualifie d'"incroyablement courageuse" la décision de relâcher le pilote.

"Cela aurait été très simple pour lui de prendre une posture agressive. Les gens l'auraient applaudi", acquiesce Fahd Husain, le directeur exécutif du quotidien pakistanais The Express Tribune, qui s'est dit "très agréablement surpris" par l'attitude de l'ex-champion de cricket, pourtant souvent critiqué pour son inconstance depuis son arrivée au pouvoir l'été dernier.

Imran Khan a réussi à présenter le Pakistan comme un Etat "plus mature, plus pacifique" que l'Inde, ce qui est "une grande victoire politique", observe Huma Yusuf, du Wilson center, un centre de recherche basé à Washington.

- "Tact" -

Mais si la crise indo-pakistanaise a été "gérée avec tact", la relation entre les deux pays "a empiré", regrette-t-elle. "Le défi de relancer le dialogue demeure."

D'autant qu'en Inde, la position ferme de Narendra Modi, dans un contexte de campagne électorale où il paraissait sous pression, semble lui avoir redonné du crédit.

Après un attentat au Cachemire indien le 14 février, revendiqué par un groupe extrémiste basé au Pakistan, qui avait tué plus de 40 paramilitaires, le nationaliste Modi avait affirmé que sa "nouvelle Inde" donnerait "une réponse fulgurante" au voisin musulman.

Les frappes de l'aviation indienne en territoire pakistanais mardi dernier, qui selon New Delhi ont permis d'"éliminer un très grand nombre de terroristes", devaient être considérées en ce sens.

Mais malgré leur apparent échec - seule une zone forestière a été touchée sans faire de victime, ont constaté l'AFP et d'autres médias - et la capture embarrassante du pilote le lendemain, la stratégie de Modi a accru son soutien populaire.

Le parti du Congrès (opposition), qui apparaissait de plus en plus confiant durant la compagne électorale, n'a pas critiqué les bombardements au Pakistan, mais seulement le fait de n'avoir pas été informé.

Omar Abdullah, un ancien ministre en chef du Cachemire indien, généralement critique de Modi, a loué sur Twitter "la frappe bien à l'intérieur du Pakistan", "extrêmement embarrassante" pour Islamabad.

PUBLICITÉ

La presse indienne a également rivalisé de patriotisme. "Si l'Inde ne s'était pas vengée (...), j'aurais été en colère et honteuse", a notamment écrit dimanche Tavleen Singh, une journaliste renommée, dans un éditorial pour le quotidien Indian Express.

De nombreux sondeurs affirment que les bombardements ont donné à Modi le coup de pouce dont il avait besoin avant les élections.

Pour le politologue Yashwant Deshmukh, son parti le BJP pourrait gagner 5% d'électeurs grâce à la ferveur nationaliste qui s'empare du pays.

Et "Modi a la capacité de maintenir la frénésie nationaliste (...) pendant un certain temps", note dans un éditorial T. K. Arun, le rédacteur en chef du quotidien Economic Times.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Explosions en Iran dans la nuit : l'armée israélienne ne commente pas à ce stade

Des avoirs russes gelés pour acheter des armes à l'Ukraine ?

Le gouvernement de Belgrade organise des exercices militaires à la frontière avec le Kosovo