Le Venezuela plongé dans le noir, le régime dénonce une "guerre de l'électricité"

Le Venezuela plongé dans le noir, le régime dénonce une "guerre de l'électricité"
Tous droits réservés 
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Comme une plaie supplémentaire: une gigantesque panne électrique plongeait jeudi soir Caracas et la majeure partie du Venezuela dans le noir complet, attribuée par le gouvernement de Nicolas Maduro au "sabotage" de la principale centrale du pays.

"Nous avons de nouveau été visés par la guerre de l'électricité. Cette fois, ils ont attaqué la centrale hydroélectrique de Guri", la principale du pays dans le sud, a déclaré le ministre de l'Energie électrique, Motta Dominguez.

Sur Twitter, le président Maduro a accusé les Etats-Unis. "La guerre de l'électricité annoncée et dirigée par l'impérialisme américain contre notre peuple sera mise en échec. Rien ni personne ne pourra vaincre le peuple de Bolivar et de Chavez. Patriotes, unissez-vous!", a écrit M. Maduro.

Pour sa part, Juan Guaido, l'opposant autoproclamé président par intérim et reconnu par une cinquantaine de pays, a attribué la panne à l'incurie du gouvernement de M. Maduro, qu'il considère comme un "usurpateur".

"Plus de six heures sans lumière à Caracas, c'est un record. Chaos, inquiétude, indignation. Cette panne témoigne de l'inefficacité de l'usurpateur. La renaissance du circuit électrique et celle du Pays passent par la fin de l'usurpation", a tweeté M. Guaido.

Le courant a été brusquement coupé dans Caracas à 16h50 heure locale (20h50 GMT) et la panne durait toujours vers 03h40 GMT, affectant tous les quartiers de la capitale et les services comme le métro et les feux de circulation, a constaté l'AFP.

Les lignes téléphoniques et internet ont été également brusquement interrompues ainsi que la distribution de l'eau dans les immeubles, assurée par des pompes électriques.

Les coupures de courant sont habituelles au Venezuela, confrontée à une grave crise économique, voire chroniques dans l'ouest. Mais elles sont plus rares à Caracas, surtout de cette ampleur.

Hormis les bâtiments alimentés par générateur, la ville, considérée comme l'une des plus dangereuses au monde et régulièrement désertée après la tombée du jour, était totalement plongée dans l'obscurité.

- "Epuisés" -

Selon les habitants de Caracas, obligés pour la plupart de rentrer du travail à pied, provoquant des marées humaines sur les trottoirs, cette panne est l'une des plus importantes subies depuis plusieurs mois.

"On est fatigués, épuisés...", a confié à l'AFP Estefania Pacheco, vendeuse dans un quartier du centre et mère de deux enfants, obligée de parcourir à pied 12 km pour regagner son domicile dans l'est de Caracas.

Selon les informations de la presse locale, la panne affectait le Venezuela de part en part, avec des coupures signalées dans la moitié des Etats, de Zulia, Tachira, Merida et Lara dans l'ouest à Miranda, Vargas, Aragua et Carabobo au centre-nord, jusque Cojedes (centre), Monagas et Anzoategui (est), ainsi que l'Etat de Bolivar dans le sud.

"Ils ont saboté la centrale (hydroélectrique de) Guri... C'est une guerre de l'électricité menée contre l'Etat. Nous ne le permettrons pas! Nous sommes en train de travailler pour restaurer le service public", a affirmé sur Twitter la Compagnie nationale d'électricité (publique), Corpoelec.

Guri, dans l'Etat de Bolivar, est l'une des principales centrales électriques d'Amérique latine, avec celle d'Itaipu, entre le Brésil et le Paraguay.

"C'est un sabotage qui était prévu pour durer plusieurs jours, mais le courant sera rétabli dans les heures qui viennent", a affirmé le ministre de la Communication Jorge Rodriguez.

S'exprimant à la radio, près de quatre heures après le début de la panne, M. Rodriguez a dénoncé "une action criminelle". "Et à ces criminels, nous le disons: ils ne vont pas s'en sortir comme ça!", a-t-il lancé. Selon lui, il s'agit "d'un sabotage technique effectué directement sur le site de la centrale".

- Plan de sécurité -

PUBLICITÉ

Depuis un an, le président Maduro a demandé aux forces armées d'activer un plan spécial de sécurité pour protéger les installations électriques, mais les pannes continuent.

Des photos postées sur Twitter, jeudi soir, montrant des soldats gardant le site, mettent en doute leur efficacité.

Les experts accusent le gouvernement socialiste de ne pas avoir investi pour entretenir les infrastructures alors que la crise économique fait rage.

Dans les quartiers du nord-ouest de la ville, favorables à l'opposition, les résidents sont sortis aux fenêtres et en voiture pour entamer un bref concert de casseroles et de sifflets, un "cacerolazo" de contestation du gouvernement, alors que le pays est plongé dans une grave crise politique et économique.

Depuis le 23 janvier, le Venezuela compte deux présidents: Nicolas Maduro, qui a entamé un deuxième mandat contesté en raison des accusations de fraude qui pèsent sur sa réélection; et Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale, qui s'est à ce titre proclamé président par intérim et est reconnu par une cinquantaine de pays.

PUBLICITÉ

En outre, le PIB s'est effondré de 50% depuis 2014, avec une hyperinflation de 10 millions pour cent et un salaire minimum mensuel de 18.000 bolivars (6 dollars environ) qui permet tout juste d'acheter deux poulets.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Suède : deux lois pour faciliter le changement de genre

J. Borrell : "Au bord d'une guerre au Moyen-Orient qui aura des répercussions sur le reste du monde"

Législatives croates : victorieux, les conservateurs à la recherche d'une majorité