En Algérie, les étudiants refusent le bonus de vacances "empoisonné" des autorités

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"Comment accepter de partir en vacances au moment où l'Algérie a décidé de prendre son destin en main?", s'exclame Shéhérazade Zerroukhat, professeure de mathématiques dans une université d'Alger, où étudiants et enseignants se sont rassemblés pour refuser les congés supplémentaires imposés par les autorités.

Samedi, le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé que les vacances universitaires, qui devaient commencer le 21 mars, débuteraient finalement dès dimanche et seraient allongées d'une dizaine de jours.

Un "cadeau empoisonné" selon une association d'étudiants, mobilisés comme le reste du pays dans le mouvement de contestation inédit contre la candidature à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

L'objectif des autorités, selon les étudiants et enseignants, est de vider les campus en ébullition voire, pour certains, en grève. Une "manœuvre vouée à l'échec", selon Shéhérazade Zerroukhat.

Aux côtés de 2.000 de ses collègues et élèves, elle est arrivée dimanche matin, jour de semaine en Algérie, à l'USTHB (Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumedienne), bien décidée à occuper le campus le plus peuplé du pays.

- "L'apport des étudiants"-

Dimanche, l'administration de l'université, qui accueille 40.000 étudiants à une dizaine de kilomètres du centre de la capitale, a fait fermer les 28 amphithéâtres et les bâtiments qui abritent les salles de travaux dirigés.

"Cela na va pas nous empêcher de venir tous les jours et de rester mobilisés", assure Imène Brahimi, 23 ans, étudiante en troisième année de licence d'algèbre, tandis que, derrière elle, ses camarades scandent "Algérie libre et démocratique".

"Ils ont avancé les vacances et allongé leur durée pour éviter la grève dans les facultés et freiner la mobilisation populaire contre le 5e mandat", fulmine Lydia Neubri, dont la chevelure blonde est nouée par un foulard aux couleurs du drapeau algérien - vert et blanc, frappé d'une étoile et d'un croissant de couleur rouge.

Cette étudiante en deuxième année de géologie croit dur comme fer que le changement réclamé par les millions d'Algériens qui manifestent depuis le 22 février ne peut être obtenu sans "l'apport des étudiants".

Egalement en troisième année d'algèbre, Sara Bennacer acquiesce: "si le pouvoir est allé jusqu'à changer à la dernière minute le calendrier des vacances, c'est qu'il a peur de nous".

- Colère et humour -

Etudiants et enseignants occupaient dimanche plusieurs universités du pays, refusant de se plier à la décision des autorités.

Nombre d'entre eux étaient déjà en grève depuis plusieurs jours et d'autres devaient encore les rejoindre.

En plus de l'avancement et de l'allongement des vacances, les autorités avaient annoncé la fermeture des cités universitaires durant les congés, ce qui aurait obligé de nombreux étudiants ayant pris part aux manifestations à rentrer chez eux.

Selon des chiffres officiels, l'Algérie compte plus de 1,7 million d'étudiants dont près de 630.000 sont hébergés dans ces résidences.

Face au tollé provoqué par cette annonce, les autorités ont reculé.

Les étudiants eux, n'ont pas l'intention de renoncer et ont décidé de mettre a profit ces congés pour exprimer leurs revendications.

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La colère n'empêchant pas l'humour, beaucoup de pancartes, comme celle de Feriel Mouchache, une étudiante de 18 ans en première année de sciences et technologie, tournaient en dérision leur situation et celle du président Abdelaziz Bouteflika, affaibli depuis 2013 par les séquelles d'un AVC.

"Au lieu de mettre en congé le président, le pouvoir nous accorde des vacances forcées".

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