De pire en pire: à la peine cette saison et aux Mondiaux, Martin Fourcade a ruiné les chances de podium de la France sur le relais en manquant complètement son dernier tir debout (2 tours de pénalité), finissant très loin (6e) de la Norvège de Johannes Boe, sacré pour la 4e fois à Ostersund.
Après sa spectaculaire déconvenue de l'Individuel (39e), Fourcade avait donné rendez-vous pour cette épreuve par équipes qui lui tenait particulièrement à coeur et constituait sans doute son ultime occasion de briller et de repartir de Suède avec au moins une médaille. Mais il a été rattrapé par ses grosses limites actuelles, ajoutant une nouvelle grosse déception à une liste déjà longue cet hiver.
La 3e place tendait pourtant les bras aux Bleus (Antonin Guigonnat, Quentin Fillon-Maillet, Simon Desthieux, Martin Fourcade) jusqu'au dernier passage au tir du quintuple champion olympique, qui s'est avéré catastrophique. Avec 5 erreurs et deux tours de pénalité, Fourcade, choisi comme ultime relayeur comme à ses plus belles heures, a vécu l'enfer et plombé les espoirs de la France.
Un scénario cruel pour le leader tricolore, qui a régné en maître absolu sur la planète biathlon durant 7 saisons avant de connaître une soudaine baisse de régime à 30 ans. D'autant plus qu'avec quatre représentants dans le Top 10 de la Coupe du monde, les Bleus avaient une réelle carte à jouer sur ce relais. Fourcade n'a donc pas eu d'autres choix que d'assumer "100% de la responsabilité" de cet échec cuisant.
- Constat alarmant -
"Quand on se sent bien et que l'on est en réussite, c'est facile de surfer sur la vague, a expliqué le septuple vainqueur de la Coupe du monde (2012-2018). Pour moi en ce moment c'est compliqué et mentalement je n'ai pas su gérer mon tir debout. Quand on est en manque de confiance comme moi, ça arrive. Je n'ai pas su réagir, pas su m'adapter, pas su tenir la baraque. Il y a de la colère et de la tristesse pour mes coéquipiers et le staff."
Le constat était tout aussi alarmant du côté de l'encadrement.
"Il est dans le doute permanent concernant sa condition physique et ça finit par le faire douter au tir, a estimé Stéphane Bouthiaux, le patron de l'équipe de France. Il n'arrive pas à reprendre le dessus. Il n'a jamais connu de désillusion et il est dans une nouvelle situation qu'il doit appréhender et contrôler et pour l'instant il n'y arrive pas."
Malgré les coups durs qui s'accumulent, Fourcade n'envisage en tout cas pas d'abdiquer et se dit prêt à participer à la mass start de dimanche, dernière épreuve des Mondiaux, après avoir laissé planer le doute sur la question mercredi.
"Je n'ai pas envie de m'arrêter là-dessus, a déclaré le Pyrénéen. Sauf contre-ordre du staff, je serai au départ pour montrer un autre visage".
- Boe en route vers les records -
Pour Bouthiaux non plus, "il n'y a aucune raison de lui contre-indiquer" de prendre part à la mass start. "Physiquement, ça avait l'air de répondre pas trop mal aujourd'hui", a d'ailleurs relevé le technicien.
Pendant que Fourcade rumine son désarroi, le Norvégien Johannes Boe est lui en train de marquer de son empreinte les Championnats du monde avec une 4e médaille d'or après celles récoltées en relais mixte, sprint et en relais mixte simple.
Assuré de remporter le Gros Globe de cristal, Boe (25 ans) pourrait s'emparer d'un 5e titre en cas de succès lors de la mass start, un exploit inédit dans l'histoire. Il égalerait également le record de victoires sur une saison détenu depuis 2017 par Martin Fourcade (14).
Plus globalement, la Norvège, aussi couronnée chez les dames en relais, surclasse les autres nations en Suède avec 9 médailles dont 5 en or. Un résultat que la France regarde avec envie.