Deschamps à l'AFP: "Pas de passe-droits pour les champions du monde"

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Comment gérer un vestiaire et motiver les troupes après le Mondial ? Les champions du monde n'ont ni "passe-droits", ni "garanties", assure le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps, dans un entretien accordé à l'AFP. Mais la France a un "statut" et suscite une "attente" toujours plus importante.

Q: Vous avez connu une année post-Coupe du monde en tant que joueur. Quels sont les écueils à éviter ?

R: "Forcément ça change parce qu'il y a un statut. Quand on est sur le toit du monde les exigences sont toujours là, l'attente est toujours importante. Tout dépend de la génération. Pour les jeunes, ça (le titre mondial) n'a pas trop d'incidence parce qu'ils sont au début de leur carrière, c'est plutôt un booster, quelque chose de galvanisant, qui les incite encore à aller chercher... Pour les trentenaires, c'est l'effet un peu contraire, c'est une forme d'aboutissement, de finalité. Il leur reste moins d'années et ils le savent. Il faut digérer. Il y a des questions, que moi ou d'autres avons pu nous poser quand ça nous est arrivé".

Q: Est-il difficile de faire l'amalgame entre les champions du monde et les autres ?

R: "Ce n'est pas du tout mon raisonnement. Je n'ai pas deux groupes: les 23 champions du monde et les autres. Avec mon staff, nous suivons toujours une cinquantaine de joueurs. Il n'y a pas de gratitude comme on a pu le dire ou de passe-droits. (Les champions du monde) ont un vécu commun, mais ce n'est pas pour ça qu'ils ont des garanties".

Q: Ce n'est pas compliqué de rentrer dans le vestiaire pour un petit nouveau ?

R: "Non... Après, pour ceux qui espéraient être (au Mondial) et n'y étaient pas, forcément c'est une déception que je ne pourrais pas leur enlever, gommer. Mais non, il n'y a pas de difficultés, parce que le groupe est ouvert. Il n'y a eu aucun souci avec ceux que j'ai appelés depuis le titre de champion du monde, mes quatre ou cinq nouveaux ou ceux qui revenaient. (Le groupe) n'est pas cloisonné. Et ils (les champions du monde et les autres) se connaissent tous, ils jouent les uns contre les autres, ils sont passés par les sélections de jeunes et les centres de formation".

Q: Existe-t-il une infime chance que les Bleus ne se qualifient pas pour l'Euro ?

R: "Je n'y pense même pas. Je ne fonctionne pas comme ça. Je suis focalisé, je fais tout pour qu'on atteigne cet objectif qui est très important".

Q: Votre groupe paraît très facile....

R: "Oui, on a un groupe très facile (ironique), on ne va même pas jouer les matches... Certaines fois, on a eu des groupes très faciles en Coupe du monde ou en Championnat d'Europe et on est rentré plus vite que prévu à la maison. Donc pas d'excès de confiance. Et du respect par rapport à nos adversaires. Évidemment que ça dépendra beaucoup de nous, mais le haut niveau, c'est ça aussi, c'est une remise en cause. Les exigences ne vont pas être inférieures. Faisons le job pour atteindre cet objectif de se qualifier".

Q: Est-il parfois plus compliqué de jouer une équipe comme la Moldavie, a priori inférieure ?

R: "C'est différent au niveau de la tête, de la concentration. Je ne vais pas dire motivation mais concentration. En face de nous, les joueurs ont envie de faire un résultat face à l'équipe de France, et parce qu'on est champions du monde en plus. Il faut mettre tout ce qu'on a mis pour arriver où l'on est arrivé. Si c'est le cas, ça devrait passer".

Q: Avec Kylian Mbappé et Antoine Griezmann, vous avez deux stars en attaque. Redoutez-vous une forme de rivalité, comme on pouvait le craindre pour le Ballon d'Or ?

R: "Eux ne l'ont pas vécu comme ça. Après, que la situation ait été présentée de la sorte dans ce qui a pu se dire ou s'écrire, oui. Mais ils sont suffisamment intelligents l'un et l'autre, et on peut y associer d'autres joueurs. Tous les joueurs sont importants, mais ils sont tous importants à travers un collectif. Il n'y a pas un côté malsain ou de rivalité, ni en dehors et encore moins sur le terrain".

Q: Le leadership de Paul Pogba pendant le Mondial vous a-t-il étonné ? Voyez-vous en lui un possible capitaine à l'avenir ?

R: "Il fait partie des cadres même s'il est un peu à mi-carrière, 25, 26 ans. Il a gagné en maturité, il est venu très tôt, il était là à la Coupe du monde en 2014, il était là à l'Euro-2016. Il a assumé son rôle de leadership, expressif, dans le groupe, parce qu'il faisait ce qu'il fallait sur le terrain. Peut-être que pour vous c'était une révélation. L'image qu'on avait de Paul n'était pas la réalité, même s'il a un peu son côté excentrique, c'est toujours quelqu'un qui s'inscrit dans un collectif et ça s'est fait naturellement. Ce n'est pas que lui, il y en avait d'autres. Mais c'est vrai que son leadership durant cette Coupe du monde a été important, je ne veux pas lui enlever ou le diminuer. Il y a besoin de ça".

Q: Vous n'avez pas été surpris ?

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R: "Moi surpris, non. Après, ça vient aussi du fait d'avoir normalisé sa relation avec la presse, et le regard des médias en général (...) J'ai eu des discussions avec lui, comme avec tous les joueurs. Il avait certainement de bonnes raisons, mais aussi de mauvaises raisons (de ne pas s'exprimer). Normaliser cette relation a été une bonne chose et lui a amené un peu plus de tranquillité. On a toujours attendu beaucoup, beaucoup de lui, toujours plus, peut-être trop par moments. Il est capable de tout faire, mais il ne peut pas tout faire. A un moment les deux chemins se sont croisés pour qu'il soit efficace, pas toujours dans la créativité parce qu'il est aussi performant dans un rôle plus ingrat. Quand l'équipe a besoin de ça, il doit être capable d'y répondre".

Q: Faut-il s'inquiéter des performances de Benjamin Pavard, en grande difficulté avec Stuttgart ?

R: "Vous êtes beaucoup à vous inquiéter pour lui, mais je ne sais pas pourquoi. Son club est en difficulté, mais il est responsable pour 1/25e ou 1/30e de l'effectif. Il joue dans une position qui est différente aussi, encore différente d'avant la Coupe du monde. Là, il est carrément dans l'axe. J'ai confiance en lui par rapport à ce qu'il est capable de faire, même si c'est à un poste différent de celui où il évolue dans son club. Il ne faut pas oublier que c'est un joueur qui a été recruté relativement cher par un grand club allemand (le Bayern Munich)".

Q: N'a-t-il pas "sur-performé" pendant le Mondial ?

R: "Non, il n'y a pas de hasard au haut niveau. Après, qu'il y ait une décompression pour lui aussi... Il a eu un pépin physique et il a été arrêté avant la trêve pendant un mois et demi. Beaucoup de champions du monde ont eu des vacances écourtées, peu de préparation. Benjamin se retrouve dans une année où le club est en difficulté. Il est pointé du doigt parce qu'il est champion du monde aussi. Je sais ce qu'il est capable de faire et ce qu'il a dans la tête, donc je n'ai pas d'inquiétude par rapport à Benjamin".

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Q: Qu'est-ce qui vous plaît le plus au poste de sélectionneur, si on le compare au métier d'entraîneur ?

R: "Un peu tout. Je travaille déjà avec les meilleurs joueurs français, je n'ai pas les contraintes du quotidien qui sont parfois lourdes, voire très lourdes (...) J'ai la grande liberté de choisir. En club ce n'est pas toujours le cas. Vous avez des joueurs qui sont là le premier jour de la préparation, et s'ils veulent rester ils peuvent rester jusqu'à la fin de l'année. Des fois ce n'est pas toujours évident. Mais voilà, il y a cette adrénaline là du très haut niveau, à laquelle je suis habitué. Après, je ne vous cache pas que quand on est entraîneur de club, dans le tambour de la machine à laver, la vie sociale est très limitée".

Q: Seriez-vous prêt à faire le chemin inverse ?

R: "Je ne me pose pas la question. Je me sens très bien là. Je ne me pose jamais de question sur mon lendemain, même dans les moments les plus difficiles. Je sais qu'il peut être différent, je sais que j'en aurai un mais je sais qu'il sera de toute façon bien, quoi qu'il arrive".

Propos recueillis par Jérémy TALBOT et Adrien de CALAN

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