Aux Comores, l'opposition accuse le sortant Azali de "coup d'Etat" électoral

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Le premier tour de l'élection présidentielle s'est achevé dans la confusion dimanche soir aux Comores, après la décision de l'opposition de dénoncer pour cause de fraude généralisée la victoire très probable du chef de l'Etat sortant Azali Assoumani.

Trois heures avant la clôture du scrutin, les douze adversaires du président-candidat se sont réunis pour en contester par avance les résultats.

"Nous, candidats, déclarons illégitime le gouvernement actuel ayant à sa tête le colonel Azali. Nous, candidats, contestons la mascarade de ces élections", a déclaré à l'issue de la réunion l'un d'eux, le colonel Soilihi Mohamed, dit "Campagnard".

"Nous (...) appelons le peuple à résister et à se mobiliser contre l'ignominie", a-t-il poursuivi depuis la cour d'une maison de Moroni cernée par les forces de l'ordre.

Epaulés d'une trentaine de partisans, sept des candidats ont marché sur l'Assemblée nationale, qui abrite le centre de dépouillement national, avec l'intention d'y "empêcher l'arrivée des urnes".

La gendarmerie a dispersé les manifestants sans même devoir tirer une grenade lacrymogènes et renvoyé, après de longues palabres, les candidats dans leurs foyers.

"C'est pathétique", a réagi auprès de l'AFP le directeur de campagne du président, Houmed Msaidie. "Ils ont créé un climat de psychose pour décrédibiliser le processus électoral mais il s'est déroulé normalement", a-t-il poursuivi, agacé, "s'il y a eu des fraudes, ils n'ont qu'à saisir les instances compétentes".

Tout au long d'une campagne qu'il a écrasée des moyens de l'Etat, M. Azali, 60 ans, a répété qu'il comptait bien l'emporter dès le premier tour sur ses douze rivaux, nourrissant de forts soupçons de fraude.

- 'Fraudes massives' -

Dès l'ouverture dimanche matin des 731 bureaux de vote de cet archipel pauvre de l'océan Indien, l'opposition a fait état de graves irrégularités dans les îles d'Anjouan, en majorité hostile au président, et de Mohéli.

Selon des témoignages recueillis par l'AFP, des échauffourées ont été signalées dans des dizaines de villages anjouanais après la découverte d'urnes remplies et l'interdiction faite à des assesseurs issus de partis de l'opposition d'exercer leurs fonctions.

Ces incidents ont fait plusieurs blessés, selon ces sources.

"Dans les trois quarts des bureaux d'Anjouan, le scrutin ne s'est pas déroulé normalement", a assuré à l'AFP Salim Soulaïmane, coordinateur de la Plateforme citoyenne, un collectif de la société civile.

"La gendarmerie est intervenue dans la matinée pour fermer les bureaux de vote et s'est saisie des urnes", a-t-il ajouté, déplorant des "fraudes massives".

Un responsable de la Commission électorale (Ceni) a déclaré à l'AFP qu'une dizaine de bureaux de vote anjouanais avaient été saccagés.

Interrogé par la presse alors qu'il venait de déposer son bulletin dans l'urne sur l'île de la Grande-Comore, Azali Assoumani a confirmé quelques incidents.

Tout sourire, le chef de l'Etat sortant s'est une fois de plus déclaré "confiant, plus que confiant même" dans sa capacité à rafler la mise dès le premier tour.

A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, l'ancien colonel putschiste a engagé sa grande entreprise de maintien au pouvoir en faisant adopter, il y a un an, une réforme constitutionnelle par référendum.

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Ce texte a étendu de un à deux mandats de cinq ans la durée de la présidence attribuée par rotation à un natif de chacune des trois îles de l'archipel (Grande-Comore, Mohéli, Anjouan).

Dans la foulée, le chef de l'Etat a convoqué les électeurs pour la présidentielle anticipée de dimanche.

- Dérive autoritaire -

Par la grâce du nouveau calendrier électoral, Azali Assoumani pourrait rester, en cas de victoire, au pouvoir jusqu'en 2029.

L'opposition a crié au scandale. Ce nouveau système, dit-elle, a remis en cause le fragile équilibre institutionnel instauré en 2001 pour mettre fin aux crises séparatistes et aux coups d'Etat à répétition qui agitaient l'archipel depuis son indépendance en 1975.

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Mais rien n'y a fait. Au contraire, le président a fait taire les critiques à grands coups d'arrestations. Son ennemi juré, l'ancien président Ahmed Abdallah Sambi, est détenu pour corruption et plusieurs dirigeants de partis condamnés pour tentatives de coup d'Etat.

Incapable de s'unir, prise de court par l'accélération du calendrier électoral, décimée par la répression, l'opposition a abordé le scrutin très affaiblie.

A longueur de réunions publiques, elle a dénoncé la dérive autoritaire du régime, sa corruption et son incapacité à réduire la pauvreté extrême des 800.000 habitants du pays.

Assailli de critiques, le ministre de l'Intérieur Mohamed Daoudou avait promis la "transparence totale" du scrutin.

Il a toutefois interdit le déploiement de plus de 800 observateurs de la société civile au motif que certains d'entre eux seraient "partisans".

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Selon l'entourage présidentiel, l'issue du scrutin devrait être connue dès lundi.

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