L'Inde rejoint le club des destructeurs de satellites dans l'espace

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L'Inde a rejoint mercredi le club très fermé des nations capables d'abattre par un tir de missile un satellite dans l'espace, a annoncé son Premier ministre Narendra Modi, assurant néanmoins ne pas vouloir "créer une atmosphère de guerre".

Une agence de recherche militaire indienne, la DRDO, a procédé mercredi à la destruction d'un satellite indien en orbite terrestre basse par un missile lancé depuis une île au large de l'État d'Odisha (est), devenant le quatrième pays au monde à parvenir à cette prouesse technologique. Cette "mission Shakti" ("Force" en hindi) a duré trois minutes.

"Il y a peu, nos scientifiques ont abattu un satellite en orbite basse à une distance de 300 kilomètres", a déclaré M. Modi lors d'une allocution télévisée à la nation, qui intervient à deux semaines du début des élections législatives dans le géant d'Asie du Sud.

"Notre but est d'établir la paix et pas de créer une atmosphère de guerre. Ceci n'est dirigé contre aucun pays", a affirmé le dirigeant nationaliste hindou dans ce discours surprise, actuellement en campagne pour briguer un second mandat de cinq ans.

"C'est un moment de fierté pour l'Inde", a-t-il lancé, estimant que son pays de 1,25 milliard d'habitants rejoignait ainsi les "superpuissances de l'espace". Seuls les États-Unis, la Russie et la Chine ont déjà fait la démonstration d'une technologie similaire.

Avant l'Inde, la Chine était le dernier arrivant dans ce club, ayant procédé à un tel tir pour la première fois en 2007.

La destruction de satellite par missile présente l'inconvénient de projeter des milliers débris filant à toute vitesse autour de la Terre, notent les experts, posant un danger aux autres objets spatiaux.

"L'exercice a été réalisé en atmosphère basse pour assurer qu'il n'y aurait pas de débris spatiaux. Quels que soient les débris générés, ils vont se désintégrer et retomber sur terre sous quelques semaines", a affirmé le ministère des affaires étrangères indien.

- Message militaire -

La militarisation de l'espace est un sujet d'inquiétude dans un monde moderne où les satellites sont vitaux aux télécommunications, servent à suivre les événements météorologiques ou à des fins de renseignement militaire.

"L'Inde n'a aucune attention de se lancer dans une course aux armements dans l'espace", a assuré New Delhi. "Nous avons toujours soutenu que l'espace doit être utilisé uniquement à des fins pacifiques."

Ce test ne devrait cependant pas passer inaperçu des grands rivaux de l'Inde dans la région, le frère ennemi pakistanais - avec lequel les tensions sont très vives ces dernières semaines - et le géant chinois, selon les experts.

Ce tir "n'est pas tant sur la destruction de satellites qu'une démonstration de la capacité à frapper en haute altitude, une compétence clé pour s'améliorer dans nombre de domaines - dont la défense contre des missiles balistiques à capacité nucléaire", a déclaré à l'AFP Ankit Panda de la Fédération des scientifiques américains.

"C'est ainsi que le message sera perçu à Islamabad", a-t-il ajouté.

Le Pakistan a réagi en comparant le gouvernement indien à Don Quichotte chargeant pathétiquement des moulins à vents, croyant affronter des ennemis, dans le célèbre roman de Cervantès: "chaque nation a la responsabilité d'éviter les actions qui peuvent mener à la militarisation" de l'espace, a fustigé son ministère des affaires étrangères dans un communiqué.

L'annonce du gouvernement indien survient alors que Narendra Modi espère remporter les élections qui débuteront le 11 avril et pour lesquelles 900 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Les résultats seront annoncés le 23 mai.

Si le monde politique indien a salué cette avancée technologique et félicité les agences gouvernementales derrière le projet, les adversaires de M. Modi l'ont accusé de s'en servir comme propagande électorale à quelques jours du vote et se sont interrogés sur son timing.

"Aujourd'hui, Narendra Modi s'est offert une heure de télévision gratuite et a détourné l'attention de la nation des sujets au sol - le chômage, la crise agraire et la sécurité des femmes - en montrant le ciel du doigt", a dénoncé sur Twitter Akilesh Yadav, un influent responsable politique du grand État d'Uttar Pradesh (nord).

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Le programme spatial indien s'est fait remarquer ces dernières années par son alliage d'ambition et de frugalité, avec des coûts opérationnels bien inférieurs à ceux de ses homologues. Il a placé en 2014 une sonde en orbite autour de Mars pour environ un dixième du budget dépensé par la Nasa américaine pour une mission similaire.

New Delhi compte d'ici à 2022 envoyer un équipage de trois astronautes dans l'espace, ce qui serait sa première mission habitée.

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