Au Kazakhstan, ambitions paralympiques et dure réalité pour les handicapés

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Par AFP
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Dans un gymnase d'Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, les frêles épaules d'Alina Solodukhina commencent à faiblir sous les 60 kilos de fonte que soulève cette championne paralympique, dont le pays reste à la traîne de l'intégration des handicapés.

La jeune femme, qui ne mesure que 1,25 mètre, a commencé à pratiquer l'haltérophilie en 2017 et a déjà remporté une médaille de bronze aux Jeux paralympiques d'Asie, l'an passé en Indonésie.

Ex-république soviétique d'Asie centrale, son pays se verrait bien en puissance du sport paralympique et organisera cet été les championnats du monde de force athlétique.

A 25 ans, Alina Solodukhina y consacre "toute (sa) concentration": l'événement peut lui permettre de se qualifier pour les Jeux paralympiques de Tokyo, en 2020. Mais elle aimerait aussi en profiter pour attirer l'attention sur les difficultés considérables que rencontrent les handicapés du pays malgré les ambitions affichées par ses autorités.

"Ma condition ne m'empêche pas de faire ce que je veux. Mais pour les personnes en chaise roulante, la vie est beaucoup plus difficile", explique-t-elle à l'AFP après un entraînement.

- Approche soviétique -

Le Kazakhstan a ratifié en 2015 la Convention relative aux droits des personnes handicapées et assure tout faire pour améliorer les conditions de vie et l'intégration de ces 600.000 personnes considérées en situation de handicap, dans ce pays de 18 millions d'habitants.

Mais l'approche soviétique du handicap, qui consistait souvent à isoler du reste de la société, peine à disparaître dans ce pays indépendant depuis 1991.

"Ne serait-ce que sortir de la maison est difficile", explique Jaslan Souleimenov, un militant kazakh se déplaçant en fauteuil roulant.

M. Souleimenov, qui réside dans la capitale --récemment rebaptisée Nour-Soultan, le prénom de l'ancien président Nazarbaïev--, assure être confronté à de nombreux obstacles.

En 2009, il a été condamné pour extrémisme sur la base d'accusations qu'il conteste. Il a passé huit ans derrière les barreaux où il assure avoir été victime de torture et de mauvais traitements.

Les conditions de détention étaient particulièrement "terribles" pour les prisonniers handicapés, ajoute-t-il. C'est ce qui l'a incité à militer, une fois libéré.

Dans la capitale, la situation n'est guère encourageante: beaucoup de rues sont inaccessibles, sans parler des transports en commun où rien n'est fait pour les handicapés.

Impossible pour lui, par exemple, de rentrer en fauteuil roulant dans un ascenseur situé près des locaux d'une association où il intervient. Après plusieurs essais infructueux, il est contraint de demander l'aide d'un passant qui l'installe sur une chaise prêtée par l'association.

Quitter le bâtiment, sa mission suivante, requiert une manœuvre de cinq minutes sur la glace qui tapisse les trottoirs de la ville au printemps.

L'an passé, les autorités ont fièrement inauguré un centre d'entraînement pour athlètes handicapés à l'extérieur de la capitale, mais rien que s'y rendre est compliqué. "C'est de l'autre côté de la rivière. S'y rendre est compliqué pour moi", explique M. Souleimenov.

- Du progrès "maintenant" -

Le Kazakhstan, un pays riche en hydrocarbures, mise sur le sport pour améliorer son image internationale et en 2016, l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev a ordonné que les médaillés des Jeux paralympiques reçoivent la même récompense financière que ceux des JO.

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A 250.000 dollars la médaille d'or, ces primes peuvent changer la vie des sportifs. Mais l'allocation mensuelle aux personnes en situation de handicap, à peine supérieure à 100 euros, est minime.

En mars, l'ONG Human Rights Watch a critiqué le Kazakhstan dans un rapport sur l'intégration des élèves en situation de handicap. "Seul une faible proportion d'enfants (...) a droit à une éducation de qualité dans une école traditionnelle", dénonce l'ONG.

"Les enfants en situation de handicap vivant dans des institutions psycho-neurologiques reçoivent très peu, ou pas du tout d'éducation", ajoute-t-elle.

La situation est similaire dans l'éducation supérieure, où les universités restent "inadaptées" aux étudiants handicapés. Idem dans le monde du travail: quasiment aucun adulte handicapé ne travaille, assure Véniamine Alaïev, qui dirige la Commission des Droits des personnes handicapées, une ONG locale.

"Nous avons un dialogue avec le gouvernement mais ce n'est pas assez", poursuit M. Alaïev, également conseiller du maire d'Almaty. "Nous ne voulons pas du progrès 'bientôt', ce qui pourrait être dans 50 ans. Nous le voulons maintenant".

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