Propulsé au coeur du dossier Brexit, Corbyn joue les équilibristes

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Souvent épinglé pour sa confusion, voire son manque d'engagement, dans le dossier du Brexit, le travailliste Jeremy Corbyn a fini par se rendre indispensable, une position non dénuée de risque pour le chef du principal parti d'opposition au Royaume-Uni.

C'est un trait de caractère qu'il faut reconnaitre à Jeremy Corbyn: sa capacité à surgir là où ne l'attend pas. Comme lorsqu'il était parvenu à s'emparer des rênes du Labour, en 2015, à la stupéfaction de nombreux cadres du parti qui n'auraient pas misé leur chemise sur ce vétéran de la politique à la barbe blanche, apôtre d'une gauche aux antipodes du courant social-démocrate de Tony Blair.

S'il se retrouve aujourd'hui au coeur des discussions pour sortir de l'impasse sur le Brexit, Jeremy Corbyn, 69 ans, le doit paradoxalement à son adversaire numéro un, la Première ministre conservatrice Theresa May.

Après trois rejets successifs de son Traité de retrait de l'UE par les députés britanniques, la dirigeante a dû faire le constat qu'elle ne parviendrait pas à rallier les eurosceptiques les plus radicaux de son parti.

Soucieuse d'éviter un "no deal", à savoir une sortie de l'UE sans accord, potentiellement catastrophique pour l'économie, Mme May s'est donc tournée vers l'autre côté de l'échiquier politique, tendant la main à celui avec qui elle s'écharpe chaque semaine au parlement.

- Corbyn "au pouvoir"? -

Jeremy Corbyn, après avoir semblé parfois traîner des pieds sur ce dossier, sur lequel il est sans doute moins à l'aise que sur les questions de politique intérieure, se retrouve donc désormais à une place centrale.

"Jeremy Corbyn n'est peut-être pas officiellement au pouvoir mais dans les faits, il l'est", avance Alastair Campbell, ancien conseiller de Tony Blair, dans une tribune publiée dans le quotidien The Telegraph.

"A cause de Theresa May, de sa faiblesse, des divisions et de l'incompétence de son gouvernement, il a désormais plus de pouvoir que tout autre chef de l'opposition de l'époque contemporaine".

Theresa May et Jeremy Corbyn se sont rencontrés mercredi dans le cadre de pourparlers destinés à identifier un compromis sur le Brexit susceptible de recueillir une majorité au Parlement.

Les discussions ont été jugées "constructives" par les deux camps, malgré leurs positions diamétralement opposées: Theresa May souhaite une sortie du marché unique et de l'union douanière, quand Jeremy Corbyn veut un Brexit plus doux, avec union douanière étroite et maintien dans le marché unique.

Engagés dans cette délicate alliance contre-nature, tous deux pourraient toutefois finir par trouver un terrain d'entente, estime Anand Menon, professeur de politique européenne au King's College de Londres, interrogé par l'AFP.

"Aucun des deux ne veut d'un (nouveau) référendum (sur l'UE). Ni d'un long report (du Brexit)", développe-t-il. "Et ils ne sont pas non plus particulièrement enthousiastes à l'idée d'organiser des élections européennes", case par laquelle devraient passer les Britanniques en cas de report du divorce au-delà du 22 mai.

- Echec contagieux -

Plus tôt le Brexit sera bouclé, mieux ce sera pour Corbyn, insiste Anand Menon: "C'est une question qui le met mal à l'aise. Qui fait ressortir les tensions au sein de son parti".

Car Jeremy Corbyn est un eurosceptique convaincu à la tête d'un parti globalement pro-UE, mais dont une partie de l'électorat soutient le Brexit.

Si elle peut lui permettre de jouer un rôle potentiellement clef dans la mise en oeuvre du Brexit, la voie empruntée par le chef de l'opposition n'est pas sans risque: un échec de Theresa May pourrait aussi être "son échec", note Steven Fielding, de l'Université de Nottingham.

Jeremy Corbyn pourrait aussi s'aliéner une partie de ses partisans mécontents de le voir s'acoquiner avec l'ennemi, et devenir potentiellement la cheville ouvrière de sa réussite, si Theresa May finit par faire adopter son accord de Brexit à l'issue du dialogue qu'ils ont initié.

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Pour toutes ces raisons, le chef du Labour pourrait très bien décider de claquer la porte de ces pourparlers, en disant: "J'ai essayé", estime Steven Fielding.

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