Brésil: 2.000 indigènes s'installent dans le centre de Brasilia

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Quelque 2.000 représentants de tribus indigènes du Brésil ont commencé à s'installer mercredi en plein coeur de Brasilia pour leur mobilisation annuelle, bien décidés à faire valoir haut et fort leurs droits face à un gouvernement Bolsonaro ouvertement hostile.

Jusqu'à vendredi, ils doivent camper devant les centres emblématiques du pouvoir de la capitale brésilienne, participant à ce "Camp de la terre libre" ("Acampamento Terra Livre") qui rassemble chaque année plusieurs centaines d'indigènes depuis 2004.

Les forces de l'ordre étaient particulièrement nombreuses mercredi dans le centre de Brasilia, où des cordons de sécurité ont été mis en place dans la crainte de troubles, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Des indigènes en tenue traditionnelle, corps tatoués et masques de plumes multicolores, chantaient. Sur des bannières on pouvait lire: "Nos terres sont sacrées. Pas d'extractions minières sur nos territoires", ou "Nous exigeons les démarcations de nos terres".

"Nous sommes venus ici pour une cause importante", a expliqué Camila Silveiro, étudiante indigène de 22 ans. "Cela a été très difficile pour nous de conquérir nos droits et ils diminuent peu à peu. Nous sommes ici pour demander davantage de respect".

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique Sergio Moro a ordonné la mobilisation de la Force nationale sur l'Esplanade des ministères et de la Place des Trois pouvoirs où sont situés le gouvernement, le Congrès et la Cour suprême.

Il a pris cette mesure après une demande du général Augusto Heleno, chef du cabinet de la Sécurité institutionnelle, soucieux "d'empêcher les actes de violence de la part des manifestants".

"Notre camp se tient depuis plus de 15 ans de manière pacifique, dans le but de donner de la visibilité à nos luttes quotidiennes", s'est offusquée la Coordination des peuples indigènes du Brésil (APIB) dans un communiqué.

"Si le général Augusto Heleno prétend empêcher les actes de violence, qu'il s'occupe des grands propriétaires terriens qui envahissent nos territoires et tuent nos familles", a ajouté l'APIB.

- Pas les bienvenus -

"2019 a commencé dans un contexte très lourd", selon l'appel au rassemblement de l'APIB, qui attend au total quelque 5.000 représentants indigènes de tout le pays.

"Comme toujours, nous continuerons de résister", a affirmé à l'AFP la coordinatrice de l'APIB, Sonia Guajajara.

Le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui a pris ses fonctions le 1er janvier, a envoyé au début du mois un message aux indigènes leur signifiant qu'ils n'étaient pas les bienvenus à Brasilia.

"Nous souhaitons le meilleur aux indigènes du Brésil, qui sont autant des êtres humains que n'importe qui d'autre ici (...), mais cette fiesta va devoir cesser sous notre gouvernement", a lancé l'ex-capitaine, critiquant de supposées utilisations de fonds publics.

"Dix mille indigènes sont attendus ici à Brasilia", a-t-il dit sur Facebook, "et qui va payer la facture pour ces 10.000 indiens qui vont venir? Vous !".

Une allégation réfutée par l'APIB, qui a assuré que le rassemblement était financé sur ses propres ressources.

La liste des doléances des populations autochtones ne cesse de s'allonger depuis l'élection de Jair Bolsonaro.

Dès son entrée en fonction, il a retiré à la Funai, organisme public chargé des questions indigènes, ses attributions en matière de démarcation des terres et d'octroi de licences environnementales, au profit d'un ministère de l'Agriculture totalement acquis à la cause de l'agro-négoce.

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- "Animaux dans un zoo" -

Selon de nombreuses ONG et associations, les invasions de terres indigènes se sont multipliées sous le gouvernement Bolsonaro.

Quelque 800.000 indigènes et 305 ethnies vivent au Brésil, pays-continent de 209 millions d'habitants.

La Constitution leur accorde le droit d'usage exclusif de leurs terres mais leur délimitation est de plus en plus menacée par l'expansion de l'agriculture, les extractions minières et la déforestation illégale.

"Pourquoi laisser les indigènes isolés dans leurs réserves, comme des animaux dans un zoo?", avait lancé Jair Bolsonaro, peu après son élection.

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"Comme nous, ils veulent évoluer, avoir des médecins, des dentistes, l'accès à internet et prendre l'avion".

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