Sri Lanka: le fantôme du chef jihadiste Zahran Hashim hante sa ville

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Des années avant que l'extrémiste Zahran Hashim ne devienne le visage des attentats jihadistes de Pâques au Sri Lanka, l'homme suscitait déjà l'inquiétude dans sa paisible ville côtière de Kattankudy.

Le chef du groupe islamiste National Thowheeth Jama'ath (NTJ), mouvement jihadiste local accusé par Colombo d'avoir perpétré les attentats qui ont visé des églises et des hôtels de luxe, faisait partie des kamikazes qui se sont fait exploser dimanche matin en causant un carnage.

Zahran Hashim est mort en menant l'attaque suicide contre l'hôtel Shangri-La de la capitale Colombo avec un second kamikaze, a annoncé vendredi le président Maithripala Sirisena. Il était âgé d'une quarantaine d'années et originaire de la région orientale de Batticaloa, ville toute proche de Kattankudy où l'un des kamikazes a frappé dimanche une église évangélique en pleine messe de Pâques.

Le prêcheur radical barbu au visage rond figure en position centrale dans la vidéo de revendication des attaques publiée par l'organisation jihadiste État islamique (EI). On l'y voit mener sept autres hommes aux visages dissimulés par des foulards noirs prêter allégeance au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi.

À Kattankudy, localité à majorité musulmane, des forces de sécurité lourdement armées sont déployées devant la mosquée principale, dont les responsables religieux disent avoir donné l'alarme à propos d'Hashim voilà des années.

Le premier signe est venu de son expulsion de l'école coranique, à l'adolescence. "C'était la première fois qu'un étudiant était expulsé pour son intégrisme", se remémore Mohammed Buhary Mohammed Fahim, aujourd'hui l'un des responsables du séminaire Jamiathul Falah, qui était à l'époque élève quelques classes en dessous de Zahran Hashim.

- Intelligent et populaire -

"Lorsqu'il est arrivé ici à l'âge de 12 ans, il était clairement très intelligent, très studieux, et posait beaucoup de questions. Il était très populaire et sociable", décrit-il à l'AFP.

Mais le jeune homme a changé en grandissant, Fahim blâmant pour cette métamorphose l'exposition à des livres et CD prêchant une vision fondamentaliste de l'islam. "Il est sorti de la route (...) Nous enseignons un islam modéré ici mais il était un extrémiste", dit-il.

Des parents se sont plaints quand Hashim a cherché à influencer ses camarades. L'école lui a alors demandé de partir.

Quelques années plus tard, il est revenu à Kattankudy, a formé le NTJ et s'est associé à d'anciens camarades de classe pour construire une mosquée où il pouvait prêcher et partager ses sermons incendiaires.

"Il était un bon orateur (...) Il prenait et choisissait des mots du Coran et les déformait et les utilisait à mauvais escient", confie à l'AFP un responsable d'une mosquée locale qui a requis l'anonymat, terrifié de représailles de la part des partisans de Zahran Hashim.

"Ce sont des gens très violents. S'ils savent qui je suis, ils peuvent m'abattre dans la rue."

Le prêcheur a attiré l'attention de la police il y a trois ans lorsqu'il a brandi une épée durant des heurts avec une autre organisation musulmane, raconte le responsable de mosquée. Mais alors que l'étau se refermait sur lui, il a pris le maquis avec des partisans dans ce qui semble être une faction dissidente du NTJ.

- 'Aucun lien' -

D'après Hilmy Ahamed, vice-président du Conseil musulman du Sri Lanka, Hashim avait déplacé sa base dans le sud de l'Inde voisine. "Toutes ses vidéos sont mises en ligne depuis l'Inde. Il utilise des bateaux de contrebandiers pour faire des allers-retours avec l'Inde du Sud", explique-t-il à l'AFP.

Peu avant les attaques de Pâques, l'Inde avait transmis des renseignements précis au Sri Lanka sur le risques d'attentats suicides, après avoir mis la main lors de raids sur des contenus "menaçants" liés à l'EI. D'après la presse indienne, Zahran Hashim figurait sur des vidéos découvertes par New Delhi.

À la mosquée très largement désertée du NTJ à Kattankudy, les fidèles démentent être restés en relation avec le leader radical.

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"À cause de Zahran, la mosquée a mauvaise réputation maintenant. Nous n'avons eu aucun contact avec lui depuis deux ans (...) Nous n'avons aucun lien avec lui, il n'est pas membre du NTJ" affirme le responsable religieux Mohammed Yoousuf Mohammed Thoufeek, que la police a interrogé plusieurs fois depuis les attentats.

"Lorsque les attaques se sont produites, même nous ne pouvions imaginer qu'il ferait quelque chose comme ça", confie le responsable de mosquée anonyme.

"La police a fait une grosse erreur. S'ils l'avaient arrêté dès le début, ils auraient pu empêcher ça. Tout ceci aurait pu être évité."

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