Sri Lanka: après les attentats, la majorité bouddhiste sur ses gardes

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Sous le regard impassible de soldats lourdement armés, les fidèles pénètrent au compte-goutte dans le temple Gangaramaya de Colombo, l'un des plus éminents du Sri Lanka où les récents attentats jihadistes inquiètent la majorité bouddhiste.

Si les kamikazes du 21 avril ont visé uniquement des églises chrétiennes en pleine messe de Pâques et des hôtels de luxe, les bouddhistes, qui représentent 70% des 21 millions d'habitants de l'île d'Asie du Sud, ne se sentent pas en sécurité pour autant.

Responsable d'usine travaillant au Royaume-Uni, Nilman Ekanayake ne manque jamais d'aller se recueillir à Gangaramaya, site fréquenté par les puissants du Sri Lanka, à chaque fois qu'il revient en vacances dans son pays. "Je ne l'ai jamais vu si vide", constate-t-il en remettant ses chaussures à la sortie.

"Les gens ont peur, c'est naturel. (Les jihadistes) s'en sont pris à une église, un lieu de culte, un temple bouddhiste c'est un autre lieu de culte", dit à l'AFP le jeune homme de 29 ans.

À l'intérieur, le complexe du temple est loin des foules habituelles. Un couple fait le tour d'un stupa, bâtons d'encens à la main. Un homme âgé verse de l'eau sur les racines noueuses d'un arbre sacré. Un moine bavarde avec un officier de police.

Au Sri Lanka post-attentats, informations vraies et fausses fusent, se mêlent et attisent la paranoïa ambiante.

Pour justifier leurs craintes, plusieurs pratiquants évoquent ainsi des rumeurs - non-corroborées - d'épées et de couteaux découverts dans des mosquées, ou d'une robe blanche de femme - couleur peu habituelle pour des musulmanes - trouvée dans une cache jihadiste et destinée selon eux à un attentat contre un lieu bouddhiste.

"Les services de renseignements disent que la prochaine attaque sera contre un temple bouddhiste", affirme Pallegama Rathanhsara, un moine du temple.

- Karma –

Pour les moines extrémistes bouddhistes du Sri Lanka, qui entretiennent des liens étroits avec leurs célèbres homologues birmans, ces attentats revendiqués par l'organisation État islamique (EI) et qui ont fait 253 morts confirment le discours qu'ils tiennent depuis des années sur la minorité musulmane, qui constitue 10% de la population du pays.

"90% de la responsabilité (des attentats) est imputable au clergé musulman", déclare à l'AFP Withanandeniye Nanda, un haut responsable du groupe radical bouddhiste Bodu Bala Sena (BBS). "Ce qu'il se passe dans leur société est secret (…) Si les forces de sécurité en avaient été informées dès le début, ce problème ne serait pas devenu aussi grave."

Le leader du BBS, l'emblématique moine extrémiste Galagodaatte Gnanasara, purge depuis l'année dernière une peine de six mois de prison pour outrage au tribunal. Il est poursuivi pour incitation à la haine dans d'autres affaires en attente de jugement.

"Nous avons senti les dangers. Nous les avons vus. Nous avons prévenu que ça pouvait arriver. Mais, au lieu des prendre nos avertissements au sérieux, (les autorités) ont essayé de se débarrasser de nous", lance Withanandeniye Nanda.

"S'ils avaient fait attention à nos mises en garde, cette tragédie aurait pu être évitée."

Au temple Gangaramaya, une psalmodie de mantras s'élève alors que le jour se couche. Des habitants de la capitale arrivent avec des fleurs de lotus encore fraîches comme offrandes.

"Le bouddhisme a toujours été une religion pacifique", déclare Sanjeewa Abeysinghe, un responsable financier venu avec sa femme et ses deux enfants. "Le bouddhisme n'est pas une religion comme, disons, les musulmans."

Nilman Ekanayake, le Sri-Lankais résidant au Royaume-Uni, s'efforce lui de rester positif "En tant que bouddhistes nous croyons au karma : si vous faites des choses mauvaises, des choses mauvaises vont vous arriver."

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