A qui s'applique-t-il? Sur quelles épreuves? L'affaire est-elle terminée? Le règlement de la fédération internationale d'athlétisme (IAAF) qui oblige notamment les athlètes hyperandrogènes à faire baisser leur taux de testostérone, dénoncé par la Sud-africaine Caster Semenya et qui doit s'appliquer à partir du 8 mai, charrie son lot d'interrogations.
- Est-ce la fin de saison pour les athlètes concernées? -
Presque. Le règlement de l'IAAF veut que les athlètes visées aient abaissé leur taux de testostérone sous le plancher de 5 nmol/L de sang sur une durée de six mois avant de pouvoir concourir.
Face au calendrier serré, l'IAAF consent une exception et laisse la porte ouverte pour les Mondiaux de Doha (27 septembre - 6 octobre) aux athlètes que se seront pliées à son règlement d'ici le 8 mai.
Cependant, les athlètes qui n'auraient pas anticipé la décision du TAS et commencé leur médication six mois avant la première épreuve visée, ne pourront participer à aucune autre compétition d'envergure cette saison, et devraient préparer les Mondiaux dans des conditions difficiles.
L'exception pour les Mondiaux "ne s'applique pas aux autres compétitions internationales. Donc si elles n'ont pas été sous la limite pendant six mois, elles ne seront pas éligibles pour les autres étapes de la Ligue de diamant" après Doha, a confirmé l'IAAF à l'AFP.
Les compétitions internationales sur lesquelles le règlement s'applique comptent presque tous les rendez-vous d'envergure: Mondiaux, championnats continentaux, Jeux olympiques, Ligue de diamant, Challenge mondial (meeting de 2e division), et même d'autres meetings ne rentrant pas dans ces catégories mais suffisamment dotés.
Seuls les championnats nationaux ne sont pas concernés, mais dans le cas de Caster Semenya ils ont déjà eu lieu en avril.
- Quelles athlètes sont visées? -
Le règlement précise que pour être concernée, une athlète doit présenter l'une des sept différences du développement sexuel (DSD) listée par l'IAAF: toutes les athlètes intersexuées ne sont donc pas concernées, notamment celles qui comptent deux chromosomes X. Les athlètes visées comptent un chromosome X et un Y.
Pour être concernée, une athlète doit également avoir un taux de testostérone supérieur ou égal à 5 nmol/L de sang et être sensible aux "androgènes" pour tirer un avantage physiologique de ce taux de testostérone élevé.
- Sur quelles épreuves? -
Le règlement s'applique aux courses allant du 400 m au mile (1.609 m). Il concerne donc également les spécialistes des épreuves combinées, l'heptathlon se terminant par un 800 m.
Le TAS a noté dans sa décision mercredi un "manque de preuves" sur l'avantage des athlètes hyperandrogènes sur les épreuves du 1.500 m et du mile. L'IAAF a pourtant confirmé qu'elle appliquerait son règlement dès le 8 mai sur ces deux distances également.
- Toutes les athlètes vont-elles être testées? -
Non. Comme l'indique le règlement, l'IAAF compte sur les athlètes qui pensent pouvoir être concernées pour avertir le "manager médical" de la fédération internationale.
Ce même manager médical a le droit d'ouvrir une enquête sur une athlète, mais il doit le faire "de bonne foi pour des motifs raisonnables fondés sur des informations issues de sources fiables". Autrement dit, par sur l'apparence physique.
Ces "sources fiables" peuvent être l'athlète elle-même, une fédération, mais aussi des données issues d'échantillons destinés à l'antidopage.
- L'affaire est-elle terminée? -
Non. Caster Semenya peut encore faire appel de la décision du TAS devant le Tribunal fédéral suisse à Lausanne, qui ne jugerait cependant que sur la forme, et pas sur le fond.
"Nous envisageons toutes les options", a indiqué à l'AFP Gregory Nott, l'un des avocats de Mme Semenya.
"Peut-être d'autres athlètes vont-elles à leur tour faire appel, on ne peut pas exclure d'autres possibles nouveaux cas", avait déclaré mercredi Matthieu Reeb, secrétaire général du TAS.